Depuis plusieurs mois, les amateurs de jeux vidéo, et particulièrement des œuvres du passé qui ont marqué l'histoire vidéoludique, s'inquiétaient. Des dispositions de la loi sur le droit d'auteur menaçaient la conservation et l'accès au patrimoine du jeu vidéo, mais la bibliothèque du Congrès, en accord avec le Copyright Office, a défini certaines exceptions permettant une préservation sous certaines conditions.

Les bibliothécaires de l'établissement patrimonial américain se sont penchés sur le Digital Millennium Copyright Act (DMCA), en collaboration avec le Copyright Office, afin d'en tirer quelques exceptions au droit d'auteur et autoriser la conservation des logiciels et autres jeux vidéo.
En 2015, la bibliothèque du Congrès avait déjà défini les conditions dans lesquelles les services d'archives pouvaient conserver un jeu en solo : les archivistes avaient alors le droit d'utiliser une solution technique pour « casser » les protections numériques liées à un jeu. Cette autorisation devait expirer cette année, mais l'examen mené par la bibliothèque du Congrès et le Copyright Office améliore la licéité des actions réalisées dans une perspective patrimoniale.
Les exceptions identifiées, cette fois, sont plus larges et plus sécurisantes pour les professionnels. Pour ces derniers, il suffit que l'institution dispose d'un exemplaire du jeu acquis légalement afin qu'elle puisse en contourner les dispositifs de sécurité et en proposer l'accès entre ses murs, mais aussi à distance.
« Il existe encore de nombreux problèmes juridiques liés à la conservation des jeux vidéo, mais ces règles effacent une partie de ces obstacles, ce qui est vraiment important et facilitera la tâche des institutions pour la préservation des jeux vidéo », souligne Kendra Albert, spécialiste du droit à la Harvard Law School, auprès de Motherboard.
La situation reste toutefois complexe pour les jeux multijoueurs, qui nécessitent souvent un logiciel qui fonctionne sur la console ou l'ordinateur du joueur et un autre hébergé sur les serveurs de la société à l'origine du jeu. Pour ce type d'œuvres, la tâche des archivistes relève encore du parcours du combattant.
En effet, il serait nécessaire de se procurer les logiciels mis en place par les développeurs des jeux, difficilement accessibles. Et la plupart des serveurs qui abritaient les codes de ces jeux multijoueurs ont été formatés ou débranchés, tout simplement, ce qui met en péril la conservation de nombreux jeux en réseau pour les générations futures.
À ce titre, l'émulation de serveur, pour recréer les conditions propices au lancement de ces jeux multijoueurs, n'a pas été considérée comme légale par les exceptions au DMCA. Des archivistes et professeurs de droit s'interrogent sur l'avenir que l'on réserve à des centaines d'œuvres que les studios de jeu vidéo eux-mêmes ne conservent pas...
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