Lorena Boix Alonso, la directrice de cabinet adjointe de la Commissaire Européenne à la culture, Neelie Kroes, vient de publier une longue et riche interview sur le site du forum d'Avignon. Mme Alonso ne transige pas sur une seule chose : les créateurs doivent pouvoir être rémunérés et la propriété intellectuelle sert ou devrait servir à cela.
Le 26/09/2011 à 16:57 par Clément Solym
Publié le :
26/09/2011 à 16:57
Outre cela, Mme Alonso se révèle très ouverte à toutes les propositions de modèles économiques imaginables, et volontaire pour accompagner les changements.
Le forum d'Avignon rassemble plus de 400 acteurs du monde de la création et de la culture qui réfléchissent ensemble à l'avenir de leur secteur, toute l'année, à Avignon. S'il faut préciser que les vues de Mme Alonso ne sont pas celles de la Commission, il est aussi évident que son avis compte dans les décisions prises.
La création, un secteur prometteur mais très polémique
Mme Alonso constate que l'utilisation légale ou non de contenus sous licences va croissant en Europe, et que cela est globalement créateur de richesse. Le secteur créatif représente 3% de l'emploi européen et est un des secteurs les plus porteurs d'Europe.
Une période tumultueuse
L'avenir de l'Europe dépend donc en bonne partie des décisions qui seront prises dans ce domaine. Mais les positions sont tranchées, et il semble très difficile d'éliminer les aspects passionnels du débat pour Mme Alonso.
Pour elle, il faut trouver un équilibre, ou des équilibres, entre le coût pour l'utilisateur final de passer par une offre légale, et la facilité d'accéder aux contenus et de les utiliser. Il faut en même temps appliquer avec fermeté le respect du droit d'auteur pour que les ayants-droits aient confiance dans le réseau.
Se méfiant des « positions très radicales » de part et d'autre, Mme Alonso semble penser que la libre circulation totale des œuvres ou leur contrôle total sont aussi néfastes pour tout le monde l'un que l'autre, car le Net apporte des « opportunités pour les ayants droits et des risques pour les internautes » autant que l'inverse, et ce quelque soit l'équilibre adopté.
Où la loi a beaucoup de mal à suivre le rythme
Ceci dit, « toutes les infractions sur Internet sont difficiles à contrecarrer. » Non seulement pour des raisons techniques, mais aussi parce que, éthiquement, « l'application de la loi implique souvent une restriction de la protection de la vie privée ».
Éviter la forêt pétrifiée de Lionel Le Falher
La culture de la gratuité dans laquelle baignent les consommateurs les rend de plus inconscients, dans le cas de la contrefaçon, des répercussions de leurs actes, légalement comme économiquement parlant, et les incitent à accorder peu de valeur marchande aux œuvres de l'esprit.
Si les gouvernements européens s'attaquent généralement au problème, il leur est difficile d'agir, car « le piratage va beaucoup plus vite que la législation ». Les consommateurs semblent plutôt volatiles sur Internet. La Kulturflatrate allemande ou la licence globale française sont des solutions envisageables, de même que le sont les idées développées par Ian Hargreaves et ses collaborateurs en Angleterre. La directrice de cabinet regrette que « d’autres problèmes comme l’abus d’enfant ou le trafic humain sur Internet [ ne soient pas ] traités avec la même force politique. »
Le mot de la fin ?
Pour l'instant, la Commission n'a pas de solution miracle contre le piratage. Elle essaye de valoriser le patrimoine européen en s'attaquant aux œuvres orphelines et épuisées (notre actualitté).
Elle publie aussi régulièrement des livres blancs et verts. Le dernier publié concerne l'audiovisuel et le prochain s'intéresse au patrimoine cinématographique européen. Les avis sur les premières conclusions pour ce dernier peuvent être donnés jusqu'à jeudi.
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