Si le Royaume-Uni a aujourd'hui une position ambiguë vis-à-vis de l'extermination des blaireaux, c'est que ces mammifères appartenant à la famille des mustélidés seraient en partie responsables de la propagation de la tuberculose bovine. Mais la figure du blaireau est aussi très présente dans l'histoire littéraire britannique.
Le 25/04/2012 à 12:56 par Clément Solym
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25/04/2012 à 12:56
Or, note Alison Flood du Guardian, la représentation du blaireau dans la littérature britannique est suffisamment diversifiée pour illustrer la position du public sur la chasse au blaireau dans cette affaire. Nombreux sont ceux qui s'y opposent, parce que leur responsabilité dans la propagation de la tuberculose bovine serait encore à prouver, jugeant que les études menées pour la déterminer restent trop partiales.
Blaireau amical dans son environnement bucolique,
Le Vent dans les Saules, Kenneth Grahame.
Selon le docteur Angela Cassidy, l'attitude complexe des Britanniques à l'animal est ancrée dans leur histoire, et notamment dans diverses productions littéraires. Elle remonte pour cela à des écrits datant du XIe siècle, un poème anglo-saxon montrant le blaireau comme un être valeureux, défendant sa famille contre les attaques. La figure du blaireau apparaît ainsi régulièrement.
Le Vent dans les Saules reste une belle image de blaireau à la réputation sympathique. Le Blaireau de Kenneth Grahame ressemble à la figure du XIe siècle en certains points, il est amical et loyal. Mais dans les aventures de Beatrix Potter, le blaireau est un animal dangereux, capturant sans vergogne de jeunes lapereaux pour son déjeuner.
« Au début du 20e siècle, des descriptions du 'bon blaireau' ont prédominé, mais plus récemment, le 'mauvais blaireau' porteur de vermines et de maladies a refait surface. On remarque que les deux facettes ont investi le langage de la guerre pour soutenir leurs arguments, avec l'utilisation d'une rhétorique assez violente dans le débat public », estime Angela Cassidy. « Peut-être que si nous reconnaissions que la tuberculose bovine observée actuellement est en partie dépendante de la relation de l'homme au blaireau, et que les deux versions du 'bon' et du 'mauvais' blaireau sont exagérées, cela pourrait aider à mettre en place des politiques adaptées ».
Les sources françaises ont elles aussi mentionné l'animal assez tôt, en témoigne le magnifique bestiaire contenu dans le Livre de chasse de Gaston Phébus, ouvrage richement illustré où l'on trouve une description du blaireau.
« Du blaireau et de toute sa natureLe blaireau ou taisson [...] demeure volontiers dans la terre ou, s'il en sort, ce n'est guère loin de ses fosses. Il vit de toutes vermines et charognes et de tous fruits et d'autres choses, comme le renard, mais il n'ose pas tant s'aventurer de jour, car il ne sait ni ne peut fuir. Il vit plus de sommeil que d'autre chose. Ils font leurs petits une fois l'an, comme les renards et, comme eux, dans les fosses. Quand on les chasse, ils se défendent fort et ont la morsure venimeuse comme le renard. »
L'ouvrage date de la fin du XIVe siècle, et fut dicté par le comte de Foix Gaston Phébus. Il illustre l'amour de ce dernier pour l'exercice de la vénerie, qu'il considère comme un exercice... rédempteur.
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