Han Song serait-il visionnaire ? Beaucoup d'auteurs de science-fiction, tels Asimov ou Huxley, ont été qualifiés de tel, et Han Song avait déjà imaginé en 2000 la chute des Twin Towers, dans son ouvrage 2066 : Red Star Over America. Le genre SF surprend ainsi à anticiper des concepts, des machines ou plus encore des situations sociétales que le commun des mortels n'aurait pu même suspecter.
Le 29/03/2012 à 14:35 par Clément Solym
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29/03/2012 à 14:35
2066 : Red Star Over America se situe dans un monde entièrement dominé par la puissance chinoise. Si cela devait devenir réel, ce ne serait pas vraiment une surprise. Napoléon 1er l'avait déjà prédit, puis Alain Peyrefitte analysé, dans son ouvrage Quand la Chine s'éveillera… Le monde tremblera (citant l'empereur). Et puis, nous en avons déjà tous pris les mesures de la superpuissance économique chinoise, en particulier depuis la chute de Lehman Brother en 2008, cet événement semblant marquer dans la conscience collective le début de la fin de l'apogée de l'Occident. Prétendre que la Chine mène actuellement une politique internationale tournée vers un ordre unipolaire reste toutefois une idée discutable.
Revenons-en à Han Song. Ce qui est intéressant dans son ouvrage, écrit un an avant le 9/11, c'est qu'il y prédit la destruction des tours du World Trade Center par des terroristes. Puis, les eaux de la ville de New York montent, les Twin Towers s'effondrent et les États-Unis plongent dans le chaos, pour laisser place au règne de l'Empire du Milieu, tentaculaire et imparable.
« Je suis allée aux États-Unis présenter mes idées, mais les Américains ont jugé que le portrait d'une Chine superpuissante était exagéré. Que les États-Unis ne pouvaient pas être détruits. Ils se sont moqués de moi. Ils ne me croyaient pas », explique l'auteur au LA Times.
Avec un scénario pareil, nul ne pourrait douter que le livre ne serait pas banni du Salon du livre de Londres cette année, qui a pour invitée d'honneur la susceptible Chine, censeur des libres penseurs (notre actualitté). Et pourtant, le livre a été censuré en Chine.
La science-fiction a été pendant longtemps un genre très redouté par le parti communiste (qui s'est sûrement inspiré de 1984 et du Meilleur des mondes pour développer son modèle politique). Mais la sci-fi fait son « come-back » dans le pays. De plus en plus de sites dédiés ouvrent sur la toile, et les magazines consacrés au genre se vendent à présent comme des petits pains, tant que les autorités chinoises ne sont pas critiquées.
Car Han Song ne se gêne pas pour dénoncer les travers du régime. Dans un autre roman (My Homeland does not dream, Mon pays ne rêve pas), il raconte l'histoire d'un gouvernement qui drogue son peuple pour le réduire en esclavage et atteindre ses objectifs économiques démentiels.Si par drogue on comprend consommation à gogo à l'est et répressions sévères au centre et à l'ouest, le tout saupoudré de muselage de la presse et de propagande à outrance, alors oui, il se pourrait bien que ce soit de la Chine dont il s'agit...
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