Quand un géant de l'édition annonce qu'il va en finir avec son activité, cela perturbe la grande famille. Ainsi, le Colombien Norma, particulièrement bien implanté en Amérique latine avec 13 maisons filles, annonce qu'à compter de fin 2012, il cessera ses parutions, dans les domaines de fiction et non-fiction...
Le 22/09/2011 à 15:51 par Clément Solym
Publié le :
22/09/2011 à 15:51
Parmi les auteurs de la maison, on trouve des noms célèbres pour les amateurs de livres publiés aux éditions Métailié Óscar Collazos, Roberto Ampuero ou encore Santiago Gamboa (en photo), mais également un certain Gabriel Garcia Marquez... En tout, près de 80 auteurs de Colombie, et plus de 280 de toute l'Amérique du Sud.
Recadrer l'activité
« Depuis trois ans, nous étions dans un processus de réhabilitation et de recentrage dans les sociétés du groupe », explique Gladys Helena Regalado, présidente de Carvajal Educación, groupe auquel appartient Norma. Et de constater que dans le domaine de l'éducation, Norma a de sérieux atouts. Norma serait ainsi la maison qui offre le plus d'ouvrages, et à plus de 151 millions d'élèves dans tous les pays où elle est implantée, souligne-t-elle.
En parallèle, l'éditeur ne peut que constater que la Colombie est un pays où l'on consomme 1,6 livre par an, par habitant, par rapport à l'Espagne qui est à 7 ou l'Allemagne, à 15... Et la compétition avec les éditeurs étrangers est complexe, parce que la production est importante, et la quantité de livres traduits fixe une concurrence difficile à soutenir.
Les nouvelles technologies ont certainement changé le paysage de l'édition, considère la maison. Le travail d'édition de Norma se poursuivra uniquement dans les secteurs scolaires et jeunesses.
Tristesse collective
« Ce sont de très mauvaises nouvelles pour le monde de la littérature, de voir disparaître un éditeur qui a été aussi important, ce sont des terribles nouvelles », explique Santiago Gamboa. Dotée d'un catalogue littéraire volumineux, Norma avait aidé à faire connaître de nombreux auteurs. L'agent littéraire William Schavelzon estime que ce sont « des jours de deuil pour le monde de l'édition en Amérique latine et en Espagne ».
La Cámara del Libro a pris acte de cette décision, « compréhensible d'un point de vue stratégique » et pour résoudre la période de crise dans laquelle se trouve le pays. Et puisque la société se concentrera sur un secteur de niche dans lequel elle est efficace, le vide qu'elle va laisser sera rempli par le reste de l'industrie...
Contactée par ActuaLitté, Anne-Marie Métailié considère cet arrêt comme « triste. C'est vraiment dramatique, parce que l'éditeur jouissait d'un grand prestige ». Pour les auteurs également, cette situation sera douloureuse : si les écrivains connus et reconnus pourront retrouver un éditeur dans le pays, il sera particulièrement difficile pour un jeune auteur qui débute de se faire entendre.
D'autre part, il faut savoir que Norma n'a jamais possédé les droits sur les oeuvres de ses auteurs. Tout transite par les agents, nous précise Anne-Marie Métailié, qui gèrent les relations avec les maisons.
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