Invité pour le Festival de la littérature des Émirats arabes unis, qui se tiendra à Dubaï, l’historien Anthony Beevor a décidé de boycotter la manifestation. Et exhorte ses confrères à agir de même. En cause, le sort de l’universitaire Matthew Hedges, condamné à 25 années de prison pour espionnage. Farfelu et inadmissible.
Pour l’écrivain, très remonté contre le pays dans son ensemble, le procès de Mattheuw Hedges, âgé de 31 ans, est un scandale. Le condamné a d’ailleurs nié en force toutes les accusations, assurant qu’il se trouvait dans le pays non pour espionner pour le compte de la Couronne, mais pour effectuer une thèse.
Problème : cette dernière porte sur la stratégie de sécurité des EAU – et les juges affirment qu’en fin de compte, l’universitaire aurait fini par avouer. Si l’ambassadeur, Sulaiman Almazroui, affirme que son gouvernement étudie la possibilité d’une grâce, il souligne que sa justice reste toutefois indépendante.
Mais pour Beevor, cette parodie judiciaire implique et appelle une réaction immédiate : on ne peut pas cautionner ce qu’il est arrivé à ce citoyen britannique, quand on est soi-même sujet de Sa Majesté. Par solidarité, l’historien invite tout auteur partageant ce sentiment d’injustice à boycotter la manifestation.
De leur côté, ni l’English PEN ni la Society of Authors n’encouragent véritablement leurs membres à se précipiter sur cette solution. Nicola Solomon, directrice de la SoA indique qu’elle soutient la décision d’Anthony Beevor, ainsi que celle des autres auteurs qui ont choisi de ne pas prendre part à cette manifestation.
« Cependant, nous soutiendrons également les auteurs qui maintiennent leur décision d’y prendre part. Nombre d’entre eux plaideraient en faveur de la nécessité d’un engagement et d’un dialogue continu pour les mêmes raisons que d’autres décideraient de se désengager. »
Beevor a rapidement été rejoint par plusieurs écrivains, comme la romancière Sabine Durrant, ainsi que le journaliste Frank Gardner.
« Je crois que les auteurs ne devraient pas s’y rendre », estime l’historien. « Je n’ai rien contre le festival, mais je pense qu’ils ne devraient pas même envisager de voyager vers les EAU dans ces circonstances. J’exhorte également le public à ne pas aller à Dubaï pour les vacances, car je considère que cela reviendrait à approuver un régime répressif. Et toutes leurs prétentions à se présenter comme modernes et ouverts sont totalement contredites par cet acte précis. »
Antony Beevor vient de publier aux éditions Calmann-Levy Arnhem : la dernière victoire allemande, traduit par Guillaume Marlière.
via Guardian
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