Quand les plus importants vendeurs de livres en France décident de faire plume commune, au lieu de chambre à part, cela marque les esprits. Ils sont une quarantaine à interpeller le gouvernement, sur la question du régime fiscal et de leur avenir social.
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Quand Guillaume Musso, Tatiana de Rosnay, Marc Levy ou Pénélope Bagieu, Bernard Werber et Aurélie Valogne cosignent une tribune, on peut estimer que la situation est grave. Foin de leurs maisons, de leurs groupes éditoriaux ou plus encore des enjeux de la rentrée littéraire, ces quarante-trois, qui figurent parmi les meilleures ventes de romans en France, tentent d’alerter sur la situation.
Ce 16 juin encore, Joann Sfar — qui figure parmi les signataires — reprenait un exercice de pédagogie indispensable, pour expliquer la détresse dans laquelle même les gros vendeurs vont se retrouver.
Fort de leurs millions d’exemplaires vendus, les écrivains prennent donc la parole pour s’exprimer au nom de ceux que l’on n’entendra pas :
Parce que nous avons des lecteurs sans lesquels nous ne serions pas là,
parce que nous avons des libraires qui nous aiment et nous défendent,
Parce qu’il existe des salons où notre nom sur une couverture devient un visage et une voix,
Parce que nous avons de la chance d’être des femmes et des hommes dont la passion est devenue leur métier,
Parce que nous vivons de notre regard qui contemple le monde, de nos mots qui l’exaltent ou le changent,
Parce que nous, nous vivons encore de notre main qui écrit ou illustre,
Parce qu’aujourd’hui si nous voulions débuter, nous n’existerions pas,
Parce que nous ne voulons pas être les derniers.
peut-on lire dans Le Parisien qui diffuse leur lettre ouverte à l’attention du chef de l’Etat et de son premier ministre. Attendu qu’il n’y a aucune autre solution aujourd’hui, les écrivains vont au bout de leur démarche.
Et de poursuivre, en évoquant tout le passé littéraire que notre pays est légitimement en droit de revendiquer – et dont ils sont eux-mêmes les nouveaux acteurs :
Nous demandons à la France de Montaigne et à la République de Zola de ne pas précipiter dans la précarité et le silence toutes celles et ceux qui font la littérature de ce pays.
Pour eux, des cotisations sans cesse plus élevées, mais une protection sociale menacée,
Pour eux, aucun statut.
Au 1er janvier 2019, le régime déjà fragile des auteurs sera complètement anéanti. C’est l’annonce d’une catastrophe sociale sans précédent pour tous les auteurs du livre.
Et de conclure, en rappelant à chacun ses responsabilités et le rôle qu’il a à jouer dans le cadre de cette hausse des frais pour les artistes auteurs :
Monsieur le Président de la République, Madame la Ministre des Solidarités et de la Santé, Madame la ministre de la Culture, prendrez-vous le risque que la France, sous votre mandat, devienne à jamais un pays sans auteur ?
Voici la liste des signataires : Agnès Abecassis, Isabelle Alonso, Laureline Amanieux, Christophe Arleston, Pénélope Bagieu, Enki Bilal Boulet, Emmanuelle de Boysson, Maxime Chattam, Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Harold Cobert, Laetitia Colombani, Christelle Dabos, Alain Damasio, Frédérique Deghelt, Grégoire Delacourt, Dominique Dyens, Sophie Fontanel, Lorraine Fouchet, Emilie Freche, Éric Giacometti, Stéphanie Hochet, Stephanie Janicot, Brigitte Kernel, Antoine Laurain, Agnès Ledig, Erik L’Homme, Marc Lévy, Marion Montaigne, Guillaume Musso, Jessica Nelson, Gaëlle Nohant, Véronique Olmi, Véronique Ovaldé, Jacques Ravenne, Tatiana de Rosnay, Colombe Schneck, Joann Sfar, Amanda Sthers, Franck Thilliez, Emilie de Turckheim, Aurélie Valogne et Bernard Werber.
5 Commentaires
FP-Blaise
18/06/2018 à 13:19
Simple problème technique : supprimer le "$" qui s'est glissé au bout du lien du sous-titre "Les auteurs réclament des sanctions...", sinon impossible d'ouvrir ce lien.
Bien cordialement.
Team ActuaLitté
18/06/2018 à 14:20
C'est corrigé, merci beaucoup !
Premel JM
18/06/2018 à 20:32
Je comprends leurs revendications et les partage, mais je dois vous signaler que j'achète quatre livres par semaine que je lis bien entendu et aucun de ces auteurs ne figurent dans mes choix, après avoir lu quelques lignes chez mon libraire de ces auteurs pourtant figures de proue dans les gondoles de super marché et ailleurs qui ont signé la pétition, je me demande comment les éditeurs ont pu en faire des célébrités. Je pense que notre Président a vu là une aubaine pour les ponctionner on ne peut pas dire que l'engeance à qui s'adressent les auteurs soit sensible à la culture mais au profit oui!
jean87
24/06/2018 à 11:28
pour N. gary tout est bon pour cracher sur Macron. Même de devenir le porte-voix des quelques auteurs à succès ( à fric ?) qui font les milliards des monstres de l'édition. Bravo !
Nicolas Gary
24/06/2018 à 11:31
Bonjour Jean87 (j'insiste : 87 pour l'année de naissance ?)
Pour la première fois dans l'industrie du livre, les best-sellers décident d'un mouvement de solidarité, pour prendre la parole et alerter d'une situation qui va concerner toute la profession.
Le président est en responsabilité : il faudra donc les prendre, ses responsabilités, et assumer d'être celui qui mènera cette réforme à son terme. Avec les conséquences que cela aura.