Lewis Carroll, ou plutôt Charles Dodgson de son vrai nom, n’a pas fait de l’écriture sa seule passion. Avec des penchants pour la poésie, il était également mathématicien et photographe. Sans en faire son véritable métier, l’écrivain a en effet pratiqué la photographie pendant 25 ans, privilégiant avant tout les portraits. C’est d’ailleurs pour l'une de ses modèles que Charles Dodgson aurait composé les Aventures d'Alice au pays des merveilles.
Le 24/08/2015 à 14:25 par Julie Torterolo
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24/08/2015 à 14:25
Alice Lidell photographiée par Charles Dodgson
À l’âge de 24 ans, alors professeur de mathématique à Oxford en Angleterre, Charles Dodgson — qui prendra plus tard Lewis Carroll comme nom de plume — décide d’acheter un appareil photo. Il possède très vite son propre studio de développement de photos. Dès ses débuts en 1856, Charles Dodgson affiche une préférence pour les portraits, particulièrement ceux qui mettent en scène des jeunes filles.
Il prend alors l’habitude de raconter des histoires à ses modèles. Alice Lidell, fille du doyen du Collège de Christ Church, est ainsi la toute première fillette du monde à entendre l'histoire d’Alice aux pays des Merveilles, inventée par Charles Dodgson alors qu'il la photographiait.
Mais son penchant pour les portraits d’enfants, qu’il a fait poser nus à plusieurs reprises, conduit certains critiques à le soupçonner de pédophilie.
Des accusations récemment réfutées par Edward Wakeling, ancien président de la Lewis Carroll Society, fondée en 1968 afin de promouvoir la vie et les œuvres de Charles Dodgson et encourager la recherche à son sujet. Wakeling semble savoir de quoi il parle, puisqu'il s'est lancé, il y a plus de 20 ans, dans le projet de récolter les photographies de l’auteur afin de les compiler dans un livre. Il n’a trouvé que 30 photographies de nus, soit 1 % de la production totale de Charles Dodgson.
« L’autorisation avait été donnée par les parents, et, dans certains cas, ce sont les parents qui en avaient fait la demande. Dodgson a donné les négatifs aux parents et a conservé un tirage unique pour lui-même, dont il a demandé à ses exécuteurs testamentaires leur destruction à sa mort... Le nombre total de familles impliquées ne dépassait pas huit. Dans son esprit, [Dodgson] voyait la nudité d’un enfant comme étant quelque chose de sacré, une innocente beauté dans un esprit de révérence. Il n’était d’ailleurs pas le seul à avoir ce point de vue ; nombreux Victoriens partageaient cette opinion. Les enfants étaient vus comme angéliques. De plus, le taux de mortalité infantile étant élevée, cela a poussé de nombreux parents à vouloir une image permanente de leur enfant », explique Edward Wakeling.
Les photographies de Charles Dodgson compilées dans un ouvrage
Après des années de recherche minutieuse, Edward Wakeling a publié, le mois dernier, un ouvrage intitulé The Photographs of Lewis Carroll : A Catalogue Raisonné (Les photographies de Lewis Carroll : Un Catalogue Raisonné) aux éditions University of Texas. Son ouvrage compile près de 1000 photographies, étayées d’explications, lieux et dates.
Walkeling a également découvert que Lewis Caroll avait photographié un grand nombre de célébrités de l’époque telles que le poète lauréat Alfred Lord Tennyson , les artistes Dante Gabriel Rossetti, John Everett Millais et William Holman Hunt, et même des personnalités appartenant à la royauté : Frederick, le prince héritier du Danemark, et Leopold d’Albany, membre de la famille royale britannique.
« Il y a une légère contradiction avec le caractère de Dodgson. Comme écrivain sous le nom de Lewis Carroll, il n’a pas aimé être traité comme une célébrité et il a très bien préservé sa vie privée. Pourtant, d’autre part, il aimait rencontrer des célébrités, en particulier s’il admirait leur travail, comme Tennyson », analyse Edward Wakeling.
Une exposition, dédiée à l'art pour la photographie de Lewis Carroll, intitulée L’Autre côté de la lentille : Lewis Carroll et l’art de la photographie pendant le 19e siècle, organisée entre autres par Edward Wakeling, aura également lieu le 30 septembre prochain au Christ Church College d’Oxford.
(via The Independant)
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