Exclusif ActuaLitté : Voilà quelques jours, la chronique du livre Bugsy Pinsky contre le complot juif, de Y.B. et Abner Assoun paraît dans notre magazine. Circonspect et finalement convaincu, votre serviteur se fend d'une remarque toute personnelle :
Cela ne devait pas prêter plus à conséquence jusqu'à ce que les auteurs contactent la rédaction. « Vous avez mis le doigt dessus. » Flatterie ? Pas du tout. « Nous avons été complètement oubliés par la critique, mais c'est autant dû au contenu du livre qu'à son histoire », expliquent les auteurs. Pardon ? « On s'explique... »Parce que s’il y a une thèse dans ce livre, c’est que l’imbécillité et le sectarisme sont les vraies plaies du monde. Un étrange chant de tolérance vibre, auquel les médias ou les invités de plateaux télé n’habituent pas le grand public que nous sommes. Et pourtant, un chant qui résonne étrangement juste.
Petite genèse de l'oeuvre...

Une censure de la part de Grasset ? Pas du tout. « Nous dénonçons un complot, mais pas celui du titre. En fait, c'est exactement ce que vous avez écrit. C'est un livre qui dérange, parce que l'on n'est pas habitué à cette liberté de ton et qu'il ne s'achève pas sur une position affirmée. Nous parlons d'une situation qui est plus vaste. »
Reprenons : Bugsy Pinsky raconte l'histoire d'un juif qui se convertit à l'islam, pour sauver sa peau en prison. Avec une certaine dose de confusion, le lecteur se balade dans ce qui se révèle comme « une fable antisémite contre l'antisémitisme ». Position difficile à tenir, et qui aurait coincé plusieurs rédactions - de presse ou même à la télé. « Nous devions avoir Ruquier, et finalement, c'est la réaction de Zemmour qui a empêché que cela se fasse. Pareil pour Taddei, ça a été annulé. Parce que les gens ne savent pas comment prendre position et que le texte ne leur mâche pas le steak. Il oblige à réfléchir. »
Ni victimes ni aigris : on constate
Mais que l'on se rassure : les deux auteurs ne crient pas au complot. « Nous ne sommes pas du tout aigris. On ne parle de manière très apaisée et sans chercher de polémique. Nous avons fait un constat, en qualité d'observateur. C'est tout. »
Y.B. est un habitué de la chose : quand il sort en août 2003 Allah superstar, il sait qu'il provoque et chercher des poux. « Mais le livre était bien plus consensuel. Provocateur, certes, mais il ne disait pas autant la complexité du monde dans lequel on vit. » En revanche, Bugsy Pinsky pose la question du récit et d'une société « tellement formatée au prémâchage qu'elle se perd dès lors qu'elle est en face d'un livre qui la laisse ouverte à toute interprétation possible », ajoute Abner Assoun.
L'édition décérébrée ?
« Ce n'est même pas la faute des éditeurs. Nous en avons rencontré un qui a refusé [NdR : 11 autres maisons ont refusé le livre] en se demandant si depuis trois ans qu'il occupait son poste, il n'avait pas le cerveau complet lobotomisé par de la littérature trop light. Ce n'est pas un problème de liberté d'expression, ça, c'est un gros mot. Mais ça s'en approche. C'est quelque chose qui y ressemble en tout cas », précise Y.B.
En aucune manière, les auteurs ne veulent se placer en position victimaire. Abner Assoun évoque au contraire la situation avec sérénité : « On ne vit pas de ce que l'on écrit. Et l'on n'attend pas que le livre nous fasse vivre. Mais être ainsi refusés, ne pas avoir de presse, alors que Y.B. avait eu la Une des Inrock avec Allah, ça interroge vraiment la diversité et le niveau des débats que l'on peut poser dans les livres. Les journalistes, les émissions se sont auto-censurés. C'est tout de même assez problématique... »
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