Depuis le lancement début mai, l’opération Appel à Manifestation d’Intérêt de la SNCF Immobilier se fait largement chahuter. En cause, les conditions dans lesquelles les artistes seraient amenés à intervenir sur les différents espaces mis à disposition. Parce que SNCF Immobilier ne réclame pas de loyer aux créateurs, leur travail devrait donc être gracieux, totalement...
« Je serais ravie qu’un de ces sites inspire un artiste en résidence, par exemple un plasticien, un sculpteur qui voudraient créer pour une œuvre hors normes. Je verrais aussi une performance de plein air, avec un côté très événementiel et participatif. Ou des choses pour enfants, du théâtre ou un roman policier mis en scène », expliquait Sophie Boissard, directrice générale de SNCF Immobilier.
Mais dans les faits, plusieurs syndicats et comités d’auteurs ont avant tout retenu le cahier des charges – qui en dépit des protestations n’a toujours pas été modifié. Certes, SNCF se défendait de tout projet commercial, ou de business-plan. Mais ce serait oublier que la vocation de cette filiale créée l’an passé a pour vocation d’abonder amplement aux caisses de la SNCF même. Le patrimoine immobilier rapporte en effet 450 millions € annuellement, et la perspective est de doubler les revenus. L’intervention artistique serait donc un plan de communication bienvenue – et surtout, gratuit.
Pour synthétiser les conditions d’accès aux espaces d’expression – ils sont 16, répartis à travers la France, et accessible sur dossier uniquement –, il faut retenir : la prise en charge des frais afférents à l’occupation des lieux, ainsi qu’une cession de droit sur la totalité des droits patrimoniaux. De quoi intriguer, et faire grogner : que les artistes vivent pour la gloire n’empêche pas qu’ils aient des factures.
La SNCF a senti que le vent tournait, et que son tour de comm » se changeait en panier à crabes. Pour sauver SNCF Immobilier du bad buzz, voici qu’un page a fleuri le 22 mai, tentant d’expliquer le projet Appel à manifestation d’intérêt, par un modèle Vrai/Faux. Désopilant.
- Il ne s’agit pas d’une commande à des artistes
- Il ne s’agit pas d’une opération de sponsoring, ni de mécénat
- Il ne s’agit pas d’une opération marketing ou de communication sur le dos des artistes
Sur la propriété artistique des œuvres : elle revient bien sûr aux artistes et non à la SNCF ; nous sommes conscients des difficultés qui peuvent se poser pour les œuvres non transportables ou non démontables, qui resteraient physiquement dans les lieux, et nous sommes prêts à discuter.
Mais la rémunération des créateurs, elle, n’est toujours pas au rendez-vous. Et de souligner cependant : « À la suite de plusieurs interrogations sur le cahier des charges de l’A.M.I., SNCF Immobilier tenait à préciser auprès des candidats potentiels que la propriété des œuvres réalisées, restait bien évidemment celle des artistes à la condition que celles-ci puissent être détachables du bien immobilier lui-même mis à disposition. » Plusieurs artistes nous ont ouvertement proposé d’apporter un marteau-piqueur pour garantir que les œuvres seraient détachées du bien mobilier...
Pour mémoire, le ministère de la Culture avait ouvertement apporté son soutien au projet, en présentant sur son site officiel un billet plutôt laudatif. Article qui, suite à un premier article de ActuaLitté, avait été mis hors ligne. Ce timide désaveu n’était pas spécialement bien vu. On peut donc défendre le droit d'auteur devant la terrifiante Julia Reda, mais simplement rétropédaler quand il s'agit d'acteurs français ?
@Gehenne1 @actualitte c’est pas admissible de faire un « 404 » plutôt que reconnaître erreur professionnelle – c’est des manches, merci à vs
— françois bon (@fbon) 1 Juin 2015
@Gehenne1 @actualitte contexte d’incompétence exercée par des arrogants minables qui croient que l’ENA ça remplace la lecture
— françois bon (@fbon) 1 Juin 2015
La pétition lancée contre ce concours, qui a maintenant dépassé les 5100 signatures, se dirige vers les 7500. C’est par ici pour apposer sa signature. Les sarcasmes, dans tous les cas, n’ont pas cessé pour autant :
@sncf J'ai l'intention de faire un voyage à titre culturel mais vos tickets sont payant. Merci de m'en envoyer un gratuit. #FaisCommeLaSNCF
— Emy (@EmyPaysDeLaLoir) 31 Mai 2015
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Pour approfondir
Editeur : La vie du rail
Genre : loisirs auto /...
Total pages : 160
Traducteur :
ISBN : 9782918758655
130 lettres caustiques et cocasses à la SNCF
de Patrick Le Rolland