Lorsqu’elle était enfant, Marion Pédebernade avait inventé avec sa sœur un jeu qui s’appelait « La même histoire ». Tout en discutant, elles imaginaient un récit qu’elles illustraient chacune de son côté. Sans même se montrer le résultat ensuite. Juste pour le plaisir du dessin et de l’échange.
Le 23/02/2017 à 14:33 par La rédaction
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23/02/2017 à 14:33
illustrations pour le projet des malles à jeux du Musée de la piscine de Roubaix
Mais la jeune Marion ne pensait pas à devenir artiste. Elle se voyait plutôt astronaute, biologiste ou physicienne. Les livres sur l’espace et le corps humain constituaient l’essentiel de sa bibliothèque et alimentaient inlassablement ses rêveries. Elle se rappelle aussi cet « écorché » sur le manuel d’école d’infirmière de sa mère qui la fascinait particulièrement.
Ce n’est qu’à la sortie du lycée qu’elle opte pour des études artistiques et intègre l’Institut d’arts visuels d’Orléans. C’est là qu’elle prend le pseudo de Waii-waii, une marque de nouilles instantanées thaïlandaises régulièrement à son menu d’étudiante. Un nom plus facile à retenir que son patronyme du Sud-Ouest et dont la sonorité joyeuse lui ressemble. Chignon ébouriffé, grands yeux pétillants, accent chaleureux, cette petite brune à l’écharpe multicolore parle avec autant de facilité de son travail que de ses rencontres.
« J’adore transmettre », déclare l’artiste qui est intervenue durant huit ans au musée La Piscine de Roubaix et qui vient d’achever une résidence de quatre mois à Méricourt dans le Pas-de-Calais. Là, elle a créé avec les habitants une « bibliothèque des rêves », prolongement d’une installation réalisée il y a quelques années avec 101 boîtes d’allumettes contenant chacune un dessin original.
Au collège, dans un foyer de personnes âgées, à la médiathèque, elle a invité ceux qui le souhaitaient à venir déposer leurs rêves dans des boîtes mises à leur disposition.
Elle se réjouit de l’engouement suscité par ce projet au sein de la population. Elle évoque aussi avec enthousiasme la fresque de 26 mètres dessinée sur les vitres de la médiathèque dont les couleurs éclairent les alentours. Un travail à grande échelle, nouveau pour elle qui avait jusqu’alors privilégié l’intimité du petit format. Et une belle occasion de faire dialoguer ses images avec le paysage.
Là, le terril qui domine l’horizon danse et vous fait de l’œil. Ici, les enfants n’ont qu’un pas à faire pour grimper sur des haricots magiques et rejoindre le ciel. Plus loin, une planète rappelle la fascination de l’artiste pour le cosmos. « Ce qui m’intéresse, c’est le décalage entre ce que je vois et ce que je vais retenir » explique Waii-waii qui dessine toujours de mémoire.
Dans son atelier de La Madeleine baigné de lumière, elle prépare ses projets en écoutant des émissions scientifiques. Un mur l’attend à la Maison folie de Lomme, un autre à Rennes. Elle se promet aussi d’illustrer un texte que lui a confié un ami. Pour en faire un livre ? Elle l’espère. En attendant, il est soigneusement rangé dans sa bibliothèque de rêves.
Clotilde Deparday
en partenariat avec le CRLL Nord Pas de Calais
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