Qui veut faire taire les poètes ? Le Conseil municipal de la commune de Bazouges vient de refuser les demandes formulées par l’association Sur la voix d’Angèle Vannier. À l’occasion de la dernière réunion du Conseil, la demande de subvention a été rejetée : sont-ce les poètes que l’on muselle ?
Le 10/04/2017 à 09:14 par Cécile Mazin
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10/04/2017 à 09:14
L’association portant la mémoire de la poétesse Angèle Vannier, l’association fait appel au public. L’auteure est probablement peu connue du grand public : étudiante en pharmacie, Angèle Vannier deviendra aveugle en 1938, et depuis cet instant tâchera de reconstruire sa vie, privée de lumière, par les mots. « Je pris la nuit comme un bateau la mer », assure-t-elle. Mais tout cela n’est qu’une approche littéraire qui lui permettra de fuir sa cécité.
Depuis 2015, une association nommée Sur la voix d’Angèle Vannier, tâche de faire revivre l’œuvre de cette auteure, mais se heurte à des consignes municipales strictes. « Lors de la dernière réunion du Conseil municipal, la commune de Bazouges a rejeté la demande de subvention que nous leur avons adressée. Des raisons contingentes ont été invoquées (relevé de compte non conforme), ainsi que d’autres, plus consistantes : pas de projets sur Bazouges pour l’année à venir, pas d’indications sur le nombre d’adhérents de la commune », apprend-on dans le procès verbal de l’association.
L’association s’est fondée et a vécu avec l’idée qu’un local, promis par la mairie, lui permettrait de mieux faire vivre la mémoire de la poétesse. Cet « ancrage local » devait être le cœur de toute l’activité : centre de ressources sur la poésie d’Angèle Vannier, ateliers d’écriture, de mise en voix. Mais depuis fin 2015, jamais la mairie ne semble avoir honoré son engagement.
« De même, nous avons longtemps cherché autour de Bazouges depuis l’été 2016 un site de plein air pour nos prochaines manifestations, en vain », déplore le président de l’association Bruno Giffard. De la sorte, comment s’étonner, poursuit-il, que le nombre d’adhérents de la commune soit très faible – alors même que l’organisation est « dans l’incapacité de programmer un grand évènement sur la commune ».
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir pris différents engagements, et mis en place différentes manifestations liées au souvenir de l’auteure. Que ce soit durant le Printemps des poètes 2016 avec une exposition et un atelier, ou encore des restitutions publiques, et même une rencontre littéraire en mars dernier.
D’autant qu’en attendant l’arrivée dudit local, un fonds de livres de poésie a été mis à la disposition de l’association. Et « du mobilier, des objets ayant appartenu à Angèle Vannier, du matériel d’exposition, des œuvres d’artistes l’ayant connue », sont encore en attente.
« De nos projets pour 2017, tout un pan disparaît faute de local : ateliers, centre de ressources, expositions, TAP… Il n’y a que les évènements et animations en extérieur (lectures publiques, Nuit ardente) qui puissent encore être envisagés, mais avec quels moyens ? »
Comme le soutien de la municipalité, qui permettait à l’association d’exercer son activité, a disparu, pourrait-on la maintenir ? « Seule l’Assemblée générale peut décider de poursuivre l’aventure. Depuis des semaines, je prospecte hors de Bazouges pour constituer une équipe prête à reprendre le flambeau, si les membres de l’Assemblée générale lui accordent leur soutien », indique le président.
Angèle Vannier naquit à Saint-Servan, le 12 août 1917. Elle devint aveugle en 1938 : « Je pris la nuit comme un bateau la mer », écrit-elle dans le recueil Le Sang des nuits (1966, chez Seghers). Elle s’installa à Bazouges-la-Pérousse en 1973.
Une assemblée générale est prévue ce 24 avril, pour définir l’avenir de l’association.
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