On peut être l'un des plus anciens libraires en ligne proposant des ouvrages de papier, et pour autant ne toujours pas savoir comment gérer le piratage. Parce qu'il n'y a peut-être pas de solution. En Ukraine, Oleg Vitenko, propriétaire de Bookshop.ua est cependant un précurseur dans le commerce du livre, à plus d'un titre.
Le 21/07/2011 à 15:55 par Clément Solym
Publié le :
21/07/2011 à 15:55
Sa boutique en ligne présente plus de 300.000 titres en ukrainien, russe, anglais et d'autres langues. « Les éditeurs cherchent constamment de nouvelles opportunités pour développer les ventes », constate-t-il, fier de ce que sa boutique porte désormais les couleurs de l'avant-garde.
Depuis avril 1999, sa boutique propose donc la vente de livres, en ayant débuté avec les ouvrages informatiques, avec une équipe aujourd'hui construite autour de la vente en ligne. Surtout que plusieurs tentatives ont fleuri dans le début des années 2000, la fameuse bulle internet, avec des investissements mal organisés, et surtout des personnes qui ne savaient pas comment dépenser intelligemment pour développer leur activité. Les faillites se sont alors multipliées dans le commerce en ligne.
« Nous avons réussi [NdR : à cette époque], à ne pas céder à l'hystérie générale et correctement répartir nos investissements. Notre politique a été équilibrée dans les différents domaines, publicitaires, logistiques et techniques », assure Oleg. (Voir Protsobiz)
Anticiper la question du piratage ?
Pour autant, la question du piratage vient de saisir les professionnels du livre, qui, à leur tour, s'emparent du sujet en s'adressant directement au procureur général ukrainien. C'est que la situation dans le pays n'est pas des plus évidentes.
Les éditeurs ukrainiens ont les mêmes réflexes que nous. Pas plus optimistes ou pessimistes, et toujours les mêmes thèmes : la mort du papier (même si l’éditeur croit à une « coexistence pacifique » des deux supports), la crainte du piratage. Avec une différence de taille, qui donne un éclairage inédit sur cette situation : il n’y a pas de lois en Ukraine pour fixer le marché du livre et faire-valoir les droits des auteurs…Alors quand un internaute fait sauter les protections d’un fichier, tout le monde trouve ça plutôt « chic et moderne » (sic). Rien d’inquiétant pour autant : l’édition numérique est embryonnaire en Ukraine et les lecteurs très peu nombreux. Ivan Malkovich estime ainsi que la vente des versions de deux livres qu’il s’apprête à enrichir d’animations, de vidéos et de photos ne dépasserait pas les 50-100 ventes annuelles s’il ne s’exportait pas dans les pays de l’Ouest… (voir SoBookOnkline)
Néanmoins, pour complexe que soit la législation, ou son absence, le téléchargement de livres numériques, contrefaits ou non, nécessite bien l'intervention des autorités. Sur le marché d'Ukraine, les lecteurs ebook représenteraient ainsi 1,5 % du parc national de produits numériques, dont les utilisateurs sont âgés de 25 à 45 ans.
Si, comme le dit Oleg, le marché du livre numérique est encore loin d'avoir percé dans le pays, il n'en demeure pas moins que les professionnels souhaitent endiguer d'ores et déjà toute possible contrariété dans ce nouveau commerce. (voir telekritica)
La tendance est que les sites proposant des ouvrages numériques en téléchargement se positionnent comme des bibliothèques, offrant à qui veut de pouvoir se procurer les livres en question. Problème : ils fonctionnent avec de la publicité et gagnent de l'argent de cette manière, pour entretenir leur activité...
Celle-ci étant d'autre par semi-légale, explique Oleg, comment se battre contre elles ? Il faut donc se tourne vers le législateur et lui demander de trancher.
Pas grand-chose à se mettre sous la dent
Oleg ajoute volontiers que les consommateurs d'Ukraine ne manifestent pas un désintérêt pour les livres numériques, simplement le catalogue est encore assez faible avec 18.000 titres disponibles sur litres.ru, et encore, il s'agit d'un revendeur russe, en position de monopole absolu. Dans le pays, les éditeurs restent cependant méfiants, considérant que la violation du droit d'auteur, et donc le piratage, pourrait leur coûter beaucoup d'argent.
Un auteur, Sergei Lukyanenko a tenté de mettre ses livres en libre service, en version numérique [PDF, probablement, mais non précisé, NdR]. La réaction a été de stimuler les ventes de papier, mais Oleg se garderait bien de généraliser la pratique.
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