Depuis peu, James Dashner a rejoint Jay Asher au cœur des débats et pas pour le succès de l’adaptation du troisième volet de L'Épreuve sur grand écran. Les deux auteurs jeunesse sont accusés de harcèlement sexuel et leurs agents n’ont pas tardé à réagir à la nouvelle, mais qu’en est-il de la réaction dans les librairies américaines ?
13 Reasons Why de Jay Asher et le cycle L'Épreuve de James Dashner sont sans conteste des best-sellers de la littérature jeunesse aux États-Unis comme à l’étranger. Les adaptations, sur Netflix pour le premier et sur grand écran pour le second, ne cessent d’alimenter l’engouement des lecteurs pour les ouvrages qui les ont inspirées.
Mais ça, c’était avant. Avant que les langues ne se délient et que de nombreux auteurs ne soient accusés, notamment par le biais des réseaux sociaux, de harcèlement voir d'agression sexuelle. Notamment Jay Asher et James Dashner, donc.
Les réactions au sein de la chaîne du livre ont été très rapides. Malgré des tentatives de défenses plus ou moins convaincantes de la part des accusés, les agents des deux auteurs se sont montrés intransigeants, coupant court aux contrats qui les liaient à ces derniers. Penguin Random House, l’éditeur de Dashner a également choisi de couper les ponts.
On notera également que Asher et Dashner ne font plus partie de la Society of Children’s Book Writers and Illustrators, organisation à but non lucratif qui rassemble auteurs, illustrateurs, éditeurs, agents, libraires, bibliothécaires et bien plus pour créer un réseau d’acteurs impliqués dans la littérature jeunesse.
Cependant, malgré les mesures prises, du côté des libraires, la situation est plus compliquée. Comme le montre l’enquête menée par Publisher Weekly dans plusieurs librairies à travers les USA, il reste deux poids deux mesures.
Là où certains établissements comme à Chicago chez Women & Children First retirent les ouvrages de leurs rayonnages sans autre forme de procès, d’autres comme 4 Kids Books & Toys à Indianapolis laissent le choix aux clients d’accorder ou non du crédit aux accusations qui pèsent sur les auteurs.
Pour les équipes de la librairie Charis Book & More d’Atlanta, « l’art est distinct de son créateur ». En revanche, dans le Connecticut, chez Jack et Allie, on a retiré sans même prendre le temps d’y réfléchir tous les ouvrages. Mais on a également pris l’initiative de mettre en place d’une programmation d'éducation et de responsabilisation des jeunes clients « pour que quelque chose de bon ressorte de tous ces éléments négatifs ».
D’autres encore, comme Kenny Brechner, blogueur pour PW et propriétaire d’une librairie dans le Maine, pensent qu’il est temps de recentrer le débat et de voir plus grand. Le problème vient-il de deux auteurs isolés ou de notre société où le harcèlement sexuel semble de plus en plus banalisé ? Et qu’en est-il du pouvoir d’Internet et du crédit accordé aux réseaux sociaux ? En librairie comme ailleurs, la libération de la parole a aussi ouvert un débat trop souvent évité.
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