Les portes du Harry's Bar n'avaient jamais été fermées depuis la Seconde Guerre mondiale. Il aura fallu une pandémie et des mesures sanitaires drastiques pour empêcher les Vénitiens de venir prendre un verre dans ce café, classé monument historique, situé à deux pas de la place San Marco. Hier Arrigo Cipriani, le patron, annonçait la réouverture, tout un symbole.
Le 28/05/2020 à 13:33 par Gariépy Raphaël
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28/05/2020 à 13:33
« Je ne rouvre pas lundi, avec ces directives, c’est impossible. Ce sont des conditions folles écrites par des gens sans idées et s’ils restent sur leurs positions, je ne rouvrirai pas lundi ou plus jamais », tempêtait il y a deux semaines Arrigo Cipriani, patron du Harry’s Bar à Venise.
Fondé il y a 89 ans par son père, le bar n’avait jamais fermé, sauf pour une courte parenthèse en 1943 où il fût réquisitionné par les troupes républicaines. « Maintenant il est sur le point d’être fermé par les esprits sublimes de l’Inail (NDLR : Institut national d’assurance contre les accidents sur le travail) » gronde le manager qui n’hésite pas à comparer le service public italien avec les milices fascistes. Le gérant s’insurgeait en effet contre les directives sanitaires inadaptées mises en place pour la réouverture des locaux à partir du 18 mai en Italie.
« Malheureusement, je crains que personne ne vienne, le monde s’est arrêté [...] Je n’ai pas compté exactement combien, mais je sais que j'allais devoir licencier au moins 50 employés (sur les 75 actuels) si je voulais ouvrir comme ça. J’ai 88 ans, je peux même prendre ma retraite à ce stade. »
Un redémarrage symbolique
Arrigo Cipriani a créé la surprise ce mardi 26 mai en annonçant que dès la semaine prochaine « mais peut-être même dès ce week-end », le Harry’s Bar de Venise rouvrira ses portes historiques. « Je compte repousser ma retraite encore un peu », plaisante le gérant, revenant sur sa colère passée.
Ce redémarrage ne peut être qu’une bonne nouvelle pour la ville de Venise et marque une volonté de relance économique. « Venise mérite un tourisme de qualité, des gens capables d’entrer en synergie avec elle et son histoire. Avec son savoir-faire », affirme Cipriani .« Vous savez, Venise n’est pas une ville, mais une sensation. »
En 89 ans d’histoire, les portes du bar ont tout vu passer, et le lieu est devenu une icône dans le monde entier pour ses prestigieux habitués comme Ernest Hemingway ou Fabrizio de André. Avec un bar et un restaurant classé monument national par le ministère, le Harry’s Bar compte 27 succursales dans le monde.
via Il Gazzettino
Crédit photo : Emily Jackson CC BY ND 2.0
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