La Fondation Boon pour les Arts Graphiques Narratifs, lors de la vente aux enchères organisée par Heritage Auctions à Dallas, a acquis les 8 planches originales de la bande dessinée Master Race, d'Al Feldstein et Bernie Krigstein. Ces pages, signées en 1955, sont considérées comme une des premières représentations majeures de la Shoah en bande dessinée.

Pour 600.000 $, la Fondation Boon, fondée par Philippe Boon en juin 2018, a fait l'acquisition de l'original de Master Race, un comic publié par la maison d'édition EC Comics et considéré comme l'une des premières évocations de la Shoah en bande dessinée.
« La mémoire hantée par le souvenir des camps de concentration, Carl Reissman entre dans le métro et reconnaît le personnage cadavérique qui vient s’asseoir face à lui. Un long flashback s’ensuit, décrivant toutes les horreurs perpétrées par le Troisième Reich, qui révèle au final que Carl Reissman est un bourreau : le commandant d’un camp de la mort », expliquait Art Spiegelman, l'auteur de Maus, bande dessinée consacrée à l'histoire de son père rescapé des camps de la mort, en 2002.
Spiegelman poursuivait, dans un article publié dans le New York Times : « Par ses qualités formelles — je parle ici de la seule narration et non de la thématique de l’histoire — Krigstein opère avec Master Race un véritable tour de force. Il résume brillamment les dix ans de terreur du régime nazi, mais avec une retenue qui le distingue du gore grand-guignolesque coutumier de l’éditeur EC Comics. En particulier, les quatre cases sans paroles dont le staccato cadencé constitue le climax de l’histoire sont restées célèbres dans le cénacle des commentateurs de la bande dessinée. Elles ont été très souvent décrites comme “cinématiques”. »
La Fondation Boon devrait rendre cette acquisition accessible au public, à terme, dans le cadre d’un vaste projet culturel dédié aux arts graphiques narratifs : un lieu permanent à Bruxelles sera prochainement ouvert au public, promet la Fondation, où se trouveront aussi des jeux vidéo et des films.
« Nous voulons explorer la richesse et la variété de la narration, non seulement dans la bande dessinée, mais aussi au sein des autres arts graphiques » a déclaré Daniel Spindler, vice-président de la Fondation Boon, au New York Times.
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