Les bureaux des éditions Dupuis sont à Marcinelle, en Belgique, dans le monde réel comme dans les albums de Gaston, de Spirou et Fantasio et de bien d'autres. Mais c'est en Provence, à dix minutes d'Avignon, que vient de s'ouvrir le premier parc d'attractions entièrement consacré aux héros historiques de l'hebdomadaire de BD du groupe Media Participations. Et nous y avons fait un tour, quelques jours à peine après l'ouverture, pour aller à la rencontre de Rantanplan, du Marsupilami et de bien d'autres héros de papier.
Le 12/07/2018 à 08:34 par Nicolas Ancion
Publié le :
12/07/2018 à 08:34
Si Spirou ne vieillit pas d'aventure en aventure, il a tout de même 80 ans au compteur. D'abord simple personnage au sein du magazine qui porte son nom, il a été décliné en albums (en version longue et en gags du Petit Spirou), a été adapté en dessin animé et, tout récemment, en un long-métrage que les spectateurs ont boudé.
Moins connu sans doute que Tintin son aîné, Spirou a pourtant donné naissance à des personnages aussi mémorables que le Marsupilami, Spip et Fantasio, Zorglub, le Comte de Champignac et son chemin a croisé celui de... Gaston, le plus célèbre des employés de la rédaction. Si Spirou a été tour à tour aux mains de dessinateurs et scénariste différents (on ne reviendra pas ici sur les multiples déclinaisons que la série a connu au cours des dix dernières années), la personnalité et l'univers de Spirou et Fantasio ont été durablement marqués par l'ingéniosité et le talent d'André Franquin, dont le parc respecte tout particulièrement l'héritage.
Situé en rase campagne, à quelques kilomètres d'Avignon, le Parc Spirou est installé à Monteux sur d'anciennes terres agricoles, juste à côté du parc aquatique Wave Island. Si le vaste parking est prêt à accueillir les véhicules par centaines, en ce jour de fin juin, la place ne manque pas. La saison touristique n'a pas encore démarré, le parc n'est ouvert que depuis quelques jours et il accueille ce matin quelques autocars scolaires. Au bout d'une longue allée que les arbres fraîchement plantés ombrageront sans doute dès l'année prochaine, on voit se profiler le portique blanc de l'entrée et les lettres rouges qui le surmontent.
La typographie de l'enseigne géante ne laisse pas le moindre doute : les concepteurs du parc ont gardé à l'esprit le principe même de la bande dessinée, ils ne se contentent pas d'agrandir des dessins, ils veillent également à conserver le lettrage, qui est pour les lecteurs aussi important que les traits des héros. Deux longues fresques évoquent Lucky Luke, la forêt de Palombie dont le Marsupilami est originaire et les décors de plusieurs épisodes mémorables de Spirou et Fantasio.
On se faufile par l'une des petites portes surmontées de Fantasio, de Seccotine ou de Gaston et l'on entre dans le parc proprement dit. On quitte rapidement la rue principale bordée de fausses façades et l'on découvre les attractions proprement dites : roller coasters, cinémas en 4 ou 5D, carrousels et bien d'autres, accessibles à volonté, et, en ce mois de juin, sans avoir à attendre son tour.
Il faut saluer le soin que les concepteurs ont pris pour adapter chaque attraction aux différents héros. Ainsi, la plus petite des trois montagnes russes, qui accueille les enfants à partir d'un mètre, est tirée par le scooter de Seccotine et permet aux plus jeunes de ressentir le frisson de la vitesse modérée, alors que la deuxième, plus secouée, est aux couleurs de Lucky Luke et des Dalton.
Dans celle-là, après avoir fait la queue dans le pénitencier aux murs grisâtres, on prend place à bord d'un petit train qui dévale à toute allure à travers les paysages du Far West. On en sort plus remué, mais ravi comme Averell à la fin d'un bon repas. Enfin, pour ceux dont le cœur est bien accroché, le Spirou Racing propose de monter à bord de wagonnets figurant un bolide de course qui s'élève à plus de vingt mètres avant de dévaler à toute allure en virant sur la gauche et la droite, pour bien remuer l'estomac.
Hurlements assurés et vue imprenable sur toute la région avant la grande descente.
Côté attractions numériques, il faut en revanche beaucoup se creuser pour trouver le rapport entre le parcours virtuel à bord d'une jeep poursuivie des dinosaures hyperréalistes qui évoquent bien plus les créatures de Jurassic Park que le gentil monstre des Voyageurs du Mésozoïque, mini-récit de Spirou. Un séquence d'introduction devrait venir corriger cela sous peu. Mais peu importe, car le meilleur est à venir : le simulateur qui vous plonge dans l'univers de Gaston Lagaffe.
Assis dans la célèbre voiture noire jaune et blanche de l'inventeur, vous allez être secoués dans tous les sens en suivant Gaston, assis sur son siège monorail suspendu, qui tente de rattraper sa mouette rieuse. Au programme, rencontre avec Prunelle et de Mesmaeker, course effrénée dans les bureaux des éditions Dupuis, chute dans le labyrinthe des archives, passage dans la serre personnelle de Gaston, destruction de contrats et bien d'autres surprises délirantes qui raviront aussi bien les fans que les néophytes.
Au vu de cette réussite, on ne peut que présager le meilleur pour le dernier simulateur qui devrait être accessible dans quelques jours et propose une visite infernale dans l'univers hanté de Zombillenium, la BD à succès d'Arthur de Pins, dont le décor n'est autre qu'un... parc d'attractions hanté, dans le Nord de la France.
Comme il faut bien reprendre son souffle entre deux sensations fortes, la parc héberge également des manèges plus reposants. Par exemple un carrousel à l'ancienne en forme de champignon géant du Comte de Champignac, dont les chaises suspendues au bout de longues chaînes semblent flotter. Un autre où l'on s'installe gentiment dans des fleurs géantes qui tournoient autour du Marsupilami.
Ou encore un parcours où l'on chevauche avec Spip à dos de cheval. Et si l'on veut encore un peu de chatouillis dans le ventre, on se laisse emporter par la force centrifuge à bord de la turbotraction, à bord du Fantasio Rodéo ou l'on grimpe dans sur les arbres palombiens de HoubiHouba pour une petit chute libre avec la famille Marsupilami.
Dans les allées, on est frappé par la gentillesse et la générosité des mascottes. Malgré le soleil de plomb, la Marsupilamie rebondit sans fatiguer, pose pour les photos et distribue les câlins, tout comme le Spirou géant qui doit pourtant suer sous son costume rouge imperméable.
Sans un mot, bien entendu, mais avec les gestes nécessaires pour se faire comprendre de tous, les mascottes semblent se donner sans compter en ce début de saison. De manière générale, on ne peut que féliciter le recrutement et la formation des équipes d'accueil qui affichent un sourire sincère et ont à chaque instant la bonne formule aux lèvres pour que les visiteurs se sentent les bienvenus sur les attractions.
Un autre point fort de ce parc à taille humaine reste la fidélité des décors aux couleurs un peu vintage et aux enseignes peintes à la main.
L'environnement est parsemé de référence aux héros et à leurs aventures. Ainsi, le restaurant self-service est hébergé dans une fausse station essence Vroup, tandis que le fast-food a pris place dans le bureau de la rédaction du Moustic où travaillent Fantasio et Seccotine.
Derrière les façades de petits magasins, les boutiques déclinent à l'envi les personnages des différentes séries : Marsupilami en peluches et en caoutchouc, Gaston en tissu, polo et t-shirt aux couleurs des différentes séries. Et la majorité de ces produits dérivés sont disponible en exclusivité au parc, alors on oublie pas son serre-tête Marsupilamie.
Et le plus important, surtout, une librairie est installée non loin de la sortie. On peut y retrouver tous les albums des héros évoqués dans le parc ainsi que des éditions plus rares comme celles en flamand. De quoi emporter de la lecture pour le chemin du retour et pour le reste des vacances, en espérant que cette journée plongée dans l'univers de la BD franco-belge donnera envie aux plus jeunes de découvrir les héros représentés sur les attractions et aux plus grands de retrouver dans les cases les héros de leur enfance.
La parc est encore tout jeune, justement, il s'étendra peu à peu, saison après saison : il a de la place pour grandir. Le président du parc, Daniel Bulliard annonce vouloir doubler la superficie ainsi que le nombre d'attraction à raison d'une à deux nouveauté par an. Il évoque aussi la possible arrivée de nouvelles licences ainsi que l'hypothèse d'apporter un peu plus d'eau et de fraicheur dans les attractions.
Les allées encore un peu vide du parc ne demandent qu'à être étoffées et on ne parle pas que de la floraison des magnolia, mais bien de nouveaux éléments de décors et surtout d'indispensables coins d'ombre pour se mettre à l'abris de l'été et du soleil implacable de Provence. En attendant, il faut profiter de cette première saison pour le découvrir avant la foule et foncer d'une attraction à l'autre sans perdre des heures dans les files d'attente.
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