À PORTRAIT – Enfant, Sophie Lebot créait des mises en scène avec le mobilier de sa chambre. Adolescente, elle rêvait de devenir styliste. C’est aujourd’hui par l’illustration qu’elle exprime son goût pour les décors et les matières. Niché au premier étage de sa maison de village près de Compiègne, son atelier est un véritable cabinet de curiosités, celui d’une artiste qui aime s’entourer d’objets familiers et de souvenirs pour créer.
La princesse de l’aube, texte de Sophie Bénastre (La Martinière jeunesse, mai 2017)
Dans cette petite pièce mansardée, chaque élément est choisi avec soin. Le fauteuil en velours jaune côtoie une ancienne table de jeu tapissée de feutre vert où sont exposés fleurs séchées, bijoux et œuvres d’art qui composent un univers très féminin au charme suranné. Depuis qu’elle a décroché son premier contrat, Sophie Lebot a réalisé presque une centaine de livres. Il n’y a pourtant que deux ou trois ans qu’elle se sent vraiment « légitime » dans la profession.
Le début de sa carrière, elle le doit à son amie illustratrice Vanessa Hié, qui l’a encouragée par son exemple. Et puis aux éditions Lito qui lui ont fait confiance après sept années de petits boulots et de démarches inabouties. C’est sur la base d’un faire-part de naissance en noir et blanc qu’est né Le ventre de maman, une histoire simple et poétique pour préparer les enfants à l’arrivée d’un nouveau venu dans la famille. Publié en 2005, ce livre est toujours disponible et considéré par les libraires comme un livre de fond.
Viennent ensuite cinq années de travail avec Milan pour la collection de documentaires J’explore la nature. L’ambiance ligne claire d’alors tranche radicalement avec le style précieux et l’atmosphère raffinée qui font son identité désormais. Le tournant a lieu en 2012 avec la publication de Blanche-Neige. Commandées à l’origine pour un livre souple en petit format, les illustrations plaisent tant à l’éditeur que celui-ci choisit d’en faire un grand album de trente-deux pages afin de leur donner davantage de place.
Depuis lors, les images de Sophie Lebot accompagnent des contes classiques (Poucette, Raiponce au Père Castor) mais aussi des histoires originales (La Princesse à la plume blanche, La Princesse de l’aube aux éditions de La Martinière). Dans la douceur feutrée de ses grandes doubles-pages évoluent des princesses délicates et mystérieuses qui font son succès auprès du public.
L'école buissonnière
Alors que son style paraît très maîtrisé, elle explique au contraire qu’il n’en est rien. Dessinés à la main, ses croquis sont mis en couleur à l’ordinateur suivant un procédé très personnel et presque aléatoire fait de longs « bricolages » sur Photoshop. Capable de passer une journée à peaufiner le motif d’une robe, elle s’avoue parfois découragée par un système qui lui impose de toujours produire plus pour pouvoir vivre de son art.
Sophie Lebot refuse dorénavant les princesses pour se consacrer à des projets plus personnels. Dernièrement, l’un de ses éditeurs lui a dit : « Arrêtez de vouloir nous faire plaisir. Faites ce qui vous plaît. » Un conseil avisé, qui pourrait être celui d’une bonne fée et qui, comme dans toute belle histoire, arrive à point nommé.
par Clotilde Deparday
Retrouver l'art de Sophie Leboten partenariat avec le CRLL Nord Pas de Calais
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