Pendant 30 ans, le comédien Peter Gordon a rédigé un poème, chaque jour, pour son épouse Alison Gordon, poursuivant cet exercice passionné après la mort de cette dernière. Ce geste, « juste pour rire », est devenu une habitude, et Alison trouvait ainsi un petit texte sous son oreiller, chaque matin. Un site, « A Love in Verse », permet de découvrir quelques-uns des 8500 poèmes dédiés à Alison par Peter.
Le 28/05/2020 à 11:09 par Antoine Oury
Publié le :
28/05/2020 à 11:09
C'est sur une scène de théâtre que Peter croise pour la première fois Alison, en 1971. Trois ans plus tard, ils se marient, et fondent ensemble une famille. Leurs carrières respectives dans le milieu dramaturgique se poursuivent, Alison Gordon dirigeant des acteurs à partir des années 1990. Peter Gordon, lui, se met à la poésie au cours de la décennie 80, accordant de plus en plus de temps et d'attention à cet art.
Un jour, il griffonne un petit texte à l'attention d'Alison, et le glisse sous son oreiller : nous sommes quelque part au début des années 1990, et ce petit geste anodin va devenir une habitude qui ne quittera plus le couple. « Cela l'a amusée, elle était à la fois flattée et ravie, comme je l'espérais, alors j'ai commencé à écrire des vers, puis ces derniers sont devenus de plus en plus étoffés et cela a fini par devenir quotidien », explique Peter Gordon.
Une habitude que le décès de celle à qui il dédiait ces poèmes n'aura pas fait disparaitre, au contraire : Anna Jordan, une des filles du couple, relève que les poèmes de son père, qu'il a continué d'écrire après la mort d'Alison, sont porteurs d'espoir. « Même ceux écrits après la mort de ma mère — et certains d’entre eux sont vraiment bouleversants — sont portés par le même message : l’amour sauve, même après la mort. »
Anna Jordan et l'autre fille du couple, Cassie Davis, ont aidé leur père à réunir les poèmes, pour en sélectionner une partie, mise en ligne sur le site « A Love in Verse ». « Je me suis rendu compte que j'avais des milliers de pages entreposées dans une grande boite en bois, au fond d'un hangar, au bout du jardin, et que je devrais les trier, pour voir si certains étaient bons », se rappelle simplement Peter Gordon.
I know now it cannot end
Eternity would have to bend
Before our love’s large strength...Je sais qu'il n'y aura pas de fin
L'éternité devrait se plier
Devant la force de notre amourPeter Gordon, Unending, 19 octobre 1990
À la relecture, Peter Gordon n'est pas déçu, et trouve « que certains s'en sortent très bien. C'est ce qui m'a donné envie de continuer. » Sur les quelque 8500 poèmes que Peter Gordon a déjà écrits pour son épouse, environ 300 ont été retranscrits sur le site, qui permet de trier les textes selon leur décennie d'écriture. Certains textes sont accompagnés par une lecture à voix haute, en vidéo, assurée notamment par des comédiens.
Le site « A Love in Verse » peut être consulté à cette adresse.
via The Guardian
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