Dites, je ne vous connais pas mais... au sujet de BHL, je voulais vous dire...
Le 25/03/2009 à 12:39 par Clément Solym
Publié le :
25/03/2009 à 12:39
« L'émotion est le pire des mensonges quand il s'agit d'éclairer la vérité ! »
Faites attention quand même parce que... il a plutôt tendance à enfoncer des portes ouvertes votre BHL ; et de plus, il n'hésitera pas à vous faire croire qu'elles étaient fermées, voire... verrouillées à double tour, et que ç'a même été la croix et la bannière pour les ouvrir.
Non ?
Si ! Si !
Et puis, BHL n'est pas dupe : il sait qu'il n'y a que 24 heures dans une journée et qu'il existe de fortes chances pour que vous n'ayez pas trop le temps d'aller voir si, pour un même sujet, ce qui est dit ailleurs est plus intéressant, plus juste et plus pertinent...
Et comme un fait exprès - en majorité téléspectateurs puisque sans la télé, des « je ne sais pas comment les nommer » comme BHL ne peuvent pas exister -, le public et/ou les lecteurs de BHL n'ont que rarement le temps de le vérifier.
Et je vous rassure : si vous êtes souvent d'accord avec BHL, ne cherchez pas ! C'est parce que BHL pense comme vous ; c'est-à-dire qu'il y a là aussi, de fortes chances pour que... ce que BHL pense soit ce que le commun des mortels serait tenté de penser.
C'est ce qu'on appelle « le bon sens » ; et BHL n'en est pas dépourvu. Pourquoi le serait-il ?
Non mais... je dis ça comme ça ! Je ne voudrais pas non plus me mêler de ce qui me regarde, à savoir : si quelqu'un quelque part me prend ou pas pour un imbécile, et si on veut me voler sur la qualité du produit et/ou de la marchandise qu‘on cherche à me vendre.
Et je ne m'étendrai pas sur le fait suivant, car, je suis persuadé que cela ne vous a pas échappé : plus BHL s'intéresse à l'étranger (Yougoslavie, Darfour), plus on parle de lui en France.
Eh oui ! Même si, aujourd'hui encore, cet "étranger qui l'intéresse tant" n'a toujours pas entendu parler de lui.
Vous êtes sûr ?
Interrogez donc un réfugié du Darfour, ou un bosniaque...et vous verrez : « Qui ? Quoi ? BHL vous dites ? Connais pas ! Jamais entendu parlé ! »
Quant à saisir de tous ses voyages incessants et dans toute leur complexité, le comment et le pourquoi des peuples martyrs et des agissements des États bourreaux... ne comptez pas sur BHL : l'émotion est mauvaise conseillère et toujours le pire des mensonges quand il s'agit d'éclairer la vérité.
Aussi...
De grâce, arrêtons tous de faire de BHL un escroc, en le prenant pour ce qu'il n'est pas, car, je suis sûr qu'il n'en demande pas tant.
En revanche, ce que BHL demande, et c’est légitime, c'est que vous achetiez ses livres quand ils sortent et que vous alliez sur la même chaîne que lui quand il passe à la télé pour en faire la promo.
C'est tout ce qu'il demande.
Alors, lâchez la grappe à ce pauvre bougre ! Il ne vous a rien fait après tout ! Pitié pour lui !Acharnez-vous sur quelqu'un d'autre ! Je sais pas moi... sur un type qui s'appellerait... tenez ! Bernard-Henri Lévy... par exem...
Hein ? Quoi ?
C'est le même ?
Ah zut ! Autant pour moi !
____________________
Plus sérieusement...
BHL : comment s’attribuer, en toutes circonstances, le beau rôle ?!
La force de BHL, après toutes ces années, ça reste son culot qu’il met inlassablement au service de la recherche d’un beau rôle qui est toujours... le meilleur des rôles : celui qu’il faut occuper et tenir d‘une main de fer, une fois tous les prétendants évincés.
Une gueule, un look d‘enfer, une parole compasionnelle, et bien qu'il ait l'intelligence de se faire oublier, patient, dans l'attente de la prochaine opportunité qui lui permettra de briller seul, jamais BHL n'hésite à s’attribuer le beau rôle, et l'on pourra que difficilement le lui reprocher, car, enfin, qui d'entre nous, n'a pas rêvé de pouvoir en toutes circonstances, occuper ce rôle, le beau rôle, pour ne plus le quitter, offrant ainsi à notre entourage médusé et comme envoûté, le meilleur de nous-mêmes - magnificence, probité, admiration, rayonnement ...
Un avantage d'une valeur inestimable, ce beau rôle érigé au rang de véritable concept chez BHL (doit-on accueillir là une de ses rares contributions à la philosophie, sinon la seule ?) et qui le protège de toute remise en cause sur le fond - pour peu qu'il y en ait un... de fond, même abyssal ou bien petit bassin pour poissons rouges.
Piège suprême, ce beau rôle fera de tout détracteur un jaloux, un envieux ou bien, un individu sans coeur lorsque BHL se répand dans les médias pour sauver la planète, un pays, un peuple, le temps pour lui de se préparer à en sauver un autre, ailleurs, quelque part, et plus tard, à son heure qui est la sienne et celle de personne d’autre.
Autre piège : plus BHL se produit en public, plus la critique s'acharne sur lui. Contre productive, plus la critique s'acharne sur BHL, virulente, plus elle contribue à forger son image, à la sculpter et à la renforcer ; elle est aujourd'hui indissociable du personnage qui s'en nourrit, voire même, s'en délecte, car, sans cette critique, BHL peine à exister.
Intellectuel et philosophe pour une classe moyenne dont le flirt avec ce qu'elle croit être « le monde des idées » aussi famélique et timoré soit-il, trahit sans aucun doute un besoin de supplément d'âme, admirative aussi de ses coups de gueule qui ressemblent le plus souvent à un coup de force... et médiatique... et sur nos consciences...
À défaut d'un Tapie parti en congé ; BHL étant chez les Intellectuels ce que Tapie est à la politique : un intermittent amoureux de son propre spectacle, de sa propre image dans le gigantesque miroir médiatique auquel il a librement accès jusqu'à en abuser...
Nombreux sont ceux qui ressentent l’omniprésente de BHL dans les médias et son comportement - incantations, effets de manche, ton péremptoire -, comme une gêne, un malaise ; et parfois même, la colère : en nous, le sentiment qu’on nous vole notre intelligence, qu’on nous prend en otage ; et puis, surtout : la certitude que BHL parle des autres pour mieux parler de lui, en boucle, fermée à double tour.
Pour tout interlocuteur, pas d’échappatoire ni de contestation possible, il doit se soumettre ou bien, quitter les lieux au plus vite : avec BHL, il n'y a de place que pour BHL.
La couverture médiatique de BHL, qui est à ce point disproportionnée comparée à sa production intellectuelle, artistique, philosophique, littéraire et à sa contribution (ou absence totale de contribution) aux débats autour des graves questions économiques et sociales qui secouent régulièrement la société française (après trente ans de carrière, on cite à son sujet un ou deux livres, et seulement) fait que très vite on a le sentiment que l’on cherche à nous tromper ; et c’est alors que BHL en devient plus insupportable encore aux yeux de ceux qui connaissent d’authentiques acteurs sociaux, auteurs, artistes, intellectuels ou philosophes contemporains ; et nous les connaissons tous, ceux des quarante dernières années. Inutile donc de les citer.
Comme une injure ou bien, une blessure, lancinant en nous le sentiment que... plus BHL semble vouloir s’occuper des autres, plus il s’occupe de lui. Plus BHL donne le sentiment de rouler pour les autres, plus il roule pour lui.
Avec BHL on peut sans peine identifier le profil type de l’escroc... mais, on ajoutera : escroc honnête - escroc malgré lui, dirons-nous ; on lui épargnera donc l'attribut de Tartuffe, puisqu'on lui accordera, en dépit de tout, le bénéfice du doute : la main dans le sac, à la sortie du supermarché, entre deux vigiles, il niera tout en bloc car, jamais Bernard Henri Lévy ne se résoudra à avouer que BHL est seulement intéressé par BHL, incapable qu'il est - du moins, c'est à espérer -, de soupçonner en lui une telle duplicité, et ce malgré les nombreuses « alertes » qui lui sont adressées depuis vingt ans.
C’est à se demander de quoi BHL est conscient ? (Peut-on y trouver là une piste quant à la rareté, voire la pauvreté de sa production en tant qu’intellectuel ?)
Dans un Don Quichottisme qui, nul doute, en fera sourire plus d’un, peut-on et doit-on continuer de dénoncer la complaisance et la paresse de médias qui ne manquent jamais de nous servir tout au long de l’année des émissions aux débats non-contradictoires, par avance, verrouillés - émissions faire-valoir aux contenus promotionnels à peine cachés, aux invités plus indigents les uns que les autres, tout en nous promettant le Panthéon -, et alors que cette pratique s’est généralisée dans tous les médias quels qu’ils soient - télés, radios, journaux, revues, internet ?
Et la réponse ne se fera pas attendre...
Plutôt l’indignation, même au prix du ridicule, que l’indifférence et la résignation qui se répandent telles un poison dans le sang, dès qu’on cesse de dénoncer les abus de pouvoir, les mystifications, les connivences et les supercheries de toutes sortes, même et surtout, sous prétexte et sous le couvert de tenir le « beau rôle ».
Texte reproduit avec l'aimable autorisation de Serge Uleski.
Commenter cet article