La trilogie divine de Philip K. Dick est probablement la saga la plus improbable du romancier. Autour des trois romans s’articulent par ailleurs un autre ouvrage, Radio libre Albemuth, ainsi qu’un journal personnel tenu durant les huit années avant la mort de l’auteur. Fresque tout à la fois mystique et ésotérique – du Dick, en somme – c’est toute la quintessence de ses éternelles problématiques qui s’en dégage...
Le 09/08/2016 à 16:28 par Clément Solym
Publié le :
09/08/2016 à 16:28
ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Visionnaire, certainement, drogué, incontestablement, Philip K. Dick est un génie d’un autre genre, d’un autre temps, d’un autre espace-temps. Probablement le premier homme à s’être demandé quels pouvaient être les rêves des robots, il était aussi passionné de musique classique.
Outre les grandes adaptations cinématographiques de ses livres, et la saga qu’Amazon diffuse, Le Maître du Haut Château, ses œuvres ont également conduit à des productions folles. Pas moins folles, en tout cas, que les révélations qu’a connues le romancier, la fameuse lumière rose, et sa rencontre avec Dieu, en 1974... dont découlera toute la trilogie...
C'est en 1974 qu'un faisceau de lumière rose communique à Horselover Fat des informations capitales concernant l'avenir de l'humanité. Cette force, qui a fait fondre la réalité de cet homme, c'est SIVA. Système Intelligent Vivant et Agissant. Mais qui se cache réellement derrière ces quatre lettres ? Dieu ? Un satellite ? Une race extraterrestre ?
Valis en anglais ou Siva, pour Système Intelligent Vivant et Agissant, met en scène le personnage de Horselover Fat : Philip Dick aimait jouer avec les noms. Philippe, en grec est celui qui aime les chevaux et Dick en allemand, signifie gros : Horselover Fat, CQFD.
Et dans ce premier tome, toutes les influences et réflexions quotidiennes de l’écrivain se retrouvent, depuis Platon en passant par Wagner, sans oublier les grandes thèses bouddhistes, gnostiques, taoïstes, et les mystiques chrétiennes... Avec aussi une pointe de Frank Zappa.
Tout cela a été repensé par Tod Machover, compositeur et directeur du Media Lab, au MIT, qui en 1987 réalisa un opéra à partir des textes de SIVA. « Nous vivons dans un monde qui devient de plus en plus fragmenté, et de plus en plus complexe », estimait le compositeur. Voici ce qu’a donné son interprétation du texte, difficilement plus proche, si l’on peut dire.
L’opéra fut d’ailleurs présenté au Centre George Pompidou avec différentes installations électriques, par l’artiste vidéo Catherine Ikam : Machover avait alors tenté de partager la dimension artistique de l’œuvre. Considérant les évolutions des années 80, le compositeur rêvait de pouvoir connecter les gens, à travers les médias et les outils de communication.
Les relier entre eux, autrement que par la passivité d’un écran de télévision – tout en puisant dans cet instrument une solution pour montrer ce que l’on vit à Tokyo, en Europe, simultanément. « Mais en réalité, je crois que nous voyons aujourd’hui exactement ce que Dick a prédit, ce qui n’est pas si facile... »
via Open Culture
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