La mode est plus ou moins intelligente : des comptes Twitter prétendument officiels annoncent la mort de personnalités, et zou, tout le monde se rue, retwitte, partage... et voilà comment se propage une rumeur. Aujourd’hui, mardi 8 août, un compte diffuse trois fois le même message : la mort de Milan Kundera. Et pourtant, c’est pas bien compliqué...
Le 08/08/2017 à 16:10 par Victor De Sepausy
Publié le :
08/08/2017 à 16:10
Milan Kundera - Elisa Cabot, CC BY SA 2.0
Première étape de la vérification anti-propagation de fakenews : d’abord, ne pas se ruer sur le bouton RT et Like. Ensuite, vérifier quelques points de détails comme la description du compte. Dans le cas présent, un premier détail pourrait mettre la puce à l’oreille de chacun : attention, la nuance est subtile, mais pour les journalistes, il importe d’en faire grand K.
En effet, la maison allemande se nomme Carl Hanser Verlag, avec un C, comme dans « attrape-Couillon », et non avec un K, comme dans « Retwitte pas n’importe Koi ». Mais une CoKille est si vite arrivée...
Le problème est que le compte est suivi par différents acteurs légitimes, et que, petit couac, Milan Kundera est bien publié chez Hanser. Et ce, même s'il ne compte que 4 messages diffusés depuis son inscription en... mai 2017. Certes les maisons peuvent accuser un certain retard dans la communication sociale, mais pour une maison telle que Hanser, difficile de croire que le compte n'a été ouvert que 4 mois plus tôt...
Deuxième étape de vérification : si le message est diffusé sur l’un des comptes des réseaux sociaux, il devrait l’être sur les autres. C’est un principe de communication simple : il faut alors se mettre en recherche des autres comptes.
Pour ce faire, autant se rendre sur le site internet officiel de l’entreprise. On y retrouve rapidement les différents réseaux utilisés, et, oh surprise, voici que le compte Twitter est @hanserliteratur et non @HanserVerlag. Un autre détail qui n’est pas mis au crédit de celui qui annonce la mort de l’écrivain tchèque, naturalisé français.
De plus, en balayant les différents autres comptes, on ne trouve aucune référence au décès de l’écrivain. Bon...
Troisième étape ? Si véritablement le doute venait à persister, il suffirait de quelques recherches : la mort d’un auteur tel que Milan Kundera ne passerait pas inaperçue. Or, rien sur les réseaux des éditions Gallimard. En dernier lieu, le journaliste contrairement au citoyen internaute a d'ailleurs la possibilité de solliciter directement les services de presse de la maison d’édition, si vraiment un ultime doute cartésien subsistait...
Bref, Milan Kundera n’est pas mort, et certainement le compte Twitter à l’origine de cette diffusion de fakenews a été usurpé. Plusieurs acteurs de l'édition ont dû suivre un compte qui fut possiblement ouvert uniquement pour préparer une pareille mauvaise blague...
NdR : moins d'une quarantaine de minutes après notre article, le compte annonçant la mort de l'auteur a tout bonnement été supprimé. Fake news un jour, fake news, pas pour toujours...
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