Fléau social, les drogues n'en sont pas moins un juteux commerce. La taxation sur les cigarettes et le tabac le démontre amplement de même que le cannabis pourrait faire gonfler les caisses de l'État. Une étude menée sur les liens entre Paradis artificiels et économie a été présentée par le groupe Terra Nova. Moralité : 1,8 milliard d'euros est en jeu.
Le 20/12/2014 à 09:51 par Nicolas Gary
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20/12/2014 à 09:51
Martjin, CC BY SA 2.0
Pour empocher le jackpot, il faudrait pratiquer une hausse des prix de 40 %, par rapport au marché noir, que l'État dispose d'un monopole – comme pour le tabac – et diminue les dépenses publiques liées à la répression. À ce jour, le pays dépense 568 millions € pour lutter contre le commerce de marie-jeanne. Or, note l'étude, « non seulement la prévalence du cannabis ne diminue pas significativement, mais elle reste l'une des plus élevées d'Europe ». Le cannabis est toujours sanctionné par un an de prison et 3750 € d'amende.
La France compterait 550.000 consommateurs de cannabis, et Terra Nova a imaginé pour eux trois scenarii, dépénalisation, légalisation avec monopole public et légalisation avec cadre concurrentiel, pour voir si tous ces rêves partiraient vraiment en fumée. L'option monopolistique a bien évidemment été la plus rentable, au terme de l'étude : elle autoriserait une fixation de tarif plus haute, et unique, tout en garantissant « une relative stabilité du nombre de consommateurs et du volume consommé ».
À terme, près de 13.000 emplois pourraient également être créés, pour la commercialisation des produits. Et après tout pourquoi pas, Lee Child, le romancier britannique, est un fan de la première heure du cannabis. « J'ai fumé de l'herbe durant 44 ans, cinq soirs par semaine. Je suis l'exemple typique qui démontre que cela ne peut pas vous faire beaucoup de mal », expliquait-il l'an passé.
Et ce que l'étude ne prend pas en compte, ce sont les centres de traitement des malades désireux d'arrêter, les professions médicales qui apparaîtront, les produits de substitution pour fumeurs repentis, tous les produits dérivés, type pipe à eau, etc.
Et puis, on peut espérer qu'une bonne littérature vienne accompagner l'heureux événement : de multiples publications sur l'art de rouler un pétard, ou des manifestes de protestation fuseront, jusqu'à épuisement de l'intérêt public. Une nouvelle vague de littérature jeunesse pour adulte verrait également le jour, et certainement, une multiplication d'essais de sociologue, médecins, historiens, pour vanter, ou décrier, les mérites du cannabis. Et que dire des livres de cuisines, qui révéleront les mille recettes pour réussir space cakes, brownies et autres joyeuses préparations à base de THC ?
« Ce que le haschisch te donne d'un côté, il te le retire de l'autre… Il te donne le pouvoir de l'imagination mais t'enlève la possibilité d'en profiter », écrivait Baudelaire, à qui l'on prête facilement de douces relations avec le cannabis. Encore que lui appréciait aussi la confiture, certainement plus douce.
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