Organisé par le journal londonien The Litteray Review depuis 1993, le Bad Sex in Fiction Award « récompense » l’auteur ou l’autrice de la plus mauvaise scène de sexe de l’année. Pour cette édition 2020, le jury a pris la difficile décision d’annuler la remise du prix, estimant que le public avait été exposé à suffisamment d’éléments traumatisants ces 12 derniers mois....
Le 09/12/2020 à 14:06 par Gariépy Raphaël
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Publié le :
09/12/2020 à 14:06
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Si le sexe intéresse un nombre raisonnable de lecteurs et inspire toujours autant les écrivains, l’érotisme en littérature n’est pas toujours traité avec la même subtilité. Des Liaisons dangereuses à 50 nuances de Grey, les tensions sexuelles n’ont pas le droit à la même prose et le sujet entraine même parfois des auteurs reconnus sur le terrain de la facilité.
C’est sans doute en faisant ce constat, qu’Auberon Waugh, cofondateur de The Litteray Review décida au début des années 90 d’organiser un prix dédié à ces écrivains négligents, ou bien trop imaginatifs, lors de l’écriture des scènes sur la bête à deux dos. Le journaliste avait ainsi l’intention de « dissuader gentiment les auteurs et les éditeurs d’inclure des passages peu convaincants, superficiels, embarrassants ou redondants à caractère sexuel dans des romans aux qualités littéraires autrement intéressantes ».
Cette année le trophée représentant une femme nue dans un livre ouvert ne reviendra à personne, l’édition 2020 n’aura tout simplement pas lieu. Les jurés du prix ont déclaré avoir pris cette décision parce qu’ils estimaient que « le public avait été soumis à trop de mauvaises choses cette année pour en rajouter et l’exposer à des scènes de mauvais sexe ».
Comme le souligne pragmatiquement The Guardian, l’annulation de la récompense est sans doute également liée au nombre restreint d’ouvrages publiés cette année.
Les organisateurs du Bad Sex in Fiction Award ont cependant tenu à avertir les auteurs ne pas considérer cette annulation comme une raison pour se laisser aller : « Le confinement donnant lieu à toutes sortes de nouvelles pratiques sexuelles, les juges prévoient une vague d’entrées l’année prochaine », a ainsi déclaré un porte-parole.
« Il est rappelé aux auteurs que le cybersexe et les autres formes de divertissement à domicile sont traités par ce prix. »
L’année dernière, Didier Decoin avait eu l’honneur d’être désigné lauréat pour Le bureau des jardins et des étangs paru en 2017 chez Stock. Récompensé par le prix Goncourt en 1977, l’auteur s’était laissé aller à une métaphore animale que le jury avait trouvée particulièrement abominable :
Katsuro se mit à gémir tandis qu’une bosse se formait sous l’étoffe de son kimono à hauteur du sexe, bosse que Miyuki empoigna, pétrit, malaxa, écrasa, broya. Sous l’attouchement, les testicules et la verge de Katsuro ne formèrent plus qu’une seule masse qui roulait sous l’étreinte de la main. Miyuki avait l’impression de palper un petit singe qui recroquevillait ses pattes.
Rendez-vous l’année prochaine...
Crédit photo : Venus avec le joueur d'orgue - Titien
1 Commentaire
Dommage
10/12/2020 à 08:07
Le choix de l'année dernière est dommage, car il existe des scènes bien plus maladroites, notamment en young adult. C'est un prix idiot, mais parmi les prix idiots, cela aurait pu être truculent.
Personnellement, je pense que 99,9Þs scènes de sexe n'apportent rien et ne sont là que pour faire du remplissage, masquant le manque d'imagination et de talent de l'auteur.
Pour une fois que le cul pourrait faire marrer...