Le livre de Rachel Cusk, Arlington Park, publié en 2007 chez L'Olivier, avait retenu notre attention... Un livre tant et si bien réaliste dans la retranscription de la morosité d'une routine qu'il en devenait un peu déprimant.
Le 29/08/2011 à 14:44 par Clément Solym
Publié le :
29/08/2011 à 14:44
D’aucun pourra y voir une grande vérité, la cruauté de la vie, des portraits sans complaisance. Mais on peut aussi remarquer que le thème commence à être éculé, et a été traité de manière plus fine, moins prévisible, moins déprimante surtout. Reste un bel exercice littéraire, une plume joliment maniée. Ceux et celles à qui le pathos ne fait pas peur peuvent foncer ! (voir notre chronique)
Mais le livre a manifestement su plaire à l'auteur du moment, qui vient d'ajouter un nouvel écrivain à son exerce innutrition si bien décrit. Ticket d'entrée, l'ouvrage publié chez Grasset a déjà subi quelques foudres.
Taxé d'avoir emprunté à Bill Bryson, ce qui a fait bouillir les médias, puis par la suite à Jay McInerney, nos confrères de BibliObs semblent avoir déniché un nouveau participant involontaire au roman de Joseph Macé-Scaron. (voir notre actualitté)
Même joueur, joue encore
En effet, c'est dans le livre de Rachel Cusk que le romancier aurait puisé un passa, décrit par nos confrères, dont nous reprenons les extraits cités :
« Mathew n’arrêtait pas de parler. Il parlait de politique, d’impôts et des gens qui se mettaient en travers de son chemin. Il parlait des paresseux et des malhonnêtes. Il parlait des femmes. Chaque fois qu’il embauchait une femme, disait-il, il passait un an à la former, à l’envoyer en stage et à la mettre au parfum, après quoi elle tombait illico enceinte et partait en congé maternité. Eh bien, il n’embaucherait plus jamais de femmes. Il refusait carrément. Rien à foutre que ce ne soit pas politiquement correct. Il ne le ferait tout simplement pas. »
Contre, dans le roman de JMS :
« Gus n’arrêtait pas de parler. Il parlait de politique, d’impôts et des gens qui se mettaient en travers de son chemin. Il parlait des paresseux. Il parlait des femmes, avec de grands mouvements de tête, sa peau formait des plis roses sur sa nuque.
- Chaque fois que j’embauche une femme, disait-il, je passe un an à la former, à l’envoyer en stage, à la mettre au parfum, après quoi elle tombe illico enceinte et me balance dans les dents un congé maternité. Eh bien, je vais arrêter d’en embaucher. Plus jamais de femmes. Je refuse carrément. Rien à foutre que ce ne soit pas politiquement correct. Je ne le ferai tout simplement pas. »
De quoi singulièrement interroger les méthodes de rédaction de l'intéressé, qui avait combattu vivement les accusations de plagiat : « Il n’y a pas de malhonnêteté intellectuelle de ma part, ni de dissimulation. »
Déplorant même un état général de suspicion : « Avant, en littérature, quand il y avait un clin d’oeil, on applaudissait, aujourd'hui on tombe à bras raccourcis sur l’auteur (...) et les emprunts, cela devient un crime, un blasphème. »
L'Express, un brin tatillon, avait même remonté le fil d'un précédent roman de JMS, et retrouvé quelques morceaux choisis repris à un livre d'Ernest Jünger. (voir notre actualitté)
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