C'est le dernier phénomène en provenance des États-Unis, et des YouTubeurs en ont fait le sujet principal de leur chaîne. L'ASMR, pour Autonomous Sensory Meridian Response ou réponse automatique des méridiens sensoriels, est une technique de relaxation basée sur des sons, à un volume peu élevé, produits avec le corps, seul ou avec l'aide d'objets. Et la lecture fait partie des techniques utilisées.
Le 13/09/2017 à 12:44 par Antoine Oury
Publié le :
13/09/2017 à 12:44
On y découvre des centaines de vidéos, assez déroutantes, où des individus, souvent des femmes, chuchotent des mots dans leur micro, pour raconter une histoire ou non, ou encore tapotent sur des surfaces plastiques, caressent un tapis, balaie le micro avec un pinceau à maquillage... Certains YouTubeurs spécialisés se lancent même dans des jeux de rôle aux vertus relaxantes, simulant une visite médicale ou une séance de massage.
Ou à provoquer des « orgasmes cérébraux », expression qui désigne une sensation de bien-être, frissons de bonheur compris.
La lecture n'a pas échappé au phénomène : plusieurs chaînes américaines, et des chaînes françaises, se sont spécialisées dans la lecture à voix très basse ou lecture chuchotée, comme ASMR Serena, Sandra Relaxation ASMR, Jessy Relaxation ASMR ou Lucile ASMR. Ici encore, on retrouve principalement des jeunes filles de la génération Millenial, derrière le micro : les lectures vont des Contes de Grimm à Harry Potter, en passant par des mangas, des comics et ces feel good books ou livres pour aller mieux, comme Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une, de Raphaëlle Giordano, un des succès du genre...
De manière assez amusante, YouTube devient donc le portail où trouver des lectures à voix haute conçues spécialement pour s'endormir. Le succès est au rendez-vous, avec des vidéos qui dépassent régulièrement les 5000 vues, et en atteignent parfois plus de 100.000.
Quant à la technique de la relaxation ASMR, elle agirait sur les zones du cerveau liées à l'imaginaire, au plaisir et à l'imagination, mais les études sur le sujet sont encore rares. La première du genre, en 2015, validée par des pairs, avait été signée par Emma L. Barratt et Nick J. Davis, qui observaient que la relaxation ASMR avait des effets positifs sur les personnes sujettes à la dépression, avec un effet physique ressenti à la base du crâne et dans la nuque.
L'influence des sons est toutefois discutée : la proximité avec la personne filmée (même à travers le filtre d'Internet), le fait d'être considérée par cette personne (malgré l'aspect impersonnel et standard de la vidéo) et l'habitude prise par le visionnage de plusieurs vidéos pourraient également être à l'origine de la sensation de bien-être, ou participer à sa construction.
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