En son temps, Nicolas Sarkozy avait estimé, peu après avoir augmenté le taux de TVA sur les livres, que « dans les produits de première nécessité, il y a l'eau, la nourriture, mais aussi la culture ». Glorieuse saillie présidentielle, qu'Aurélie Filipetti avait gentiment épinglée à son tableau de chasse. Appelant ses fidèles à se retrouver le 30 mai pour le lancement des Républicains, le nouveau nom de l'ex-UMP, Nicolas Sarkozy s'essuie de nouveau les pieds sur la littérature. Laquelle commence à s'agacer de servir de paillasson.
Le 11/05/2015 à 22:38 par Nicolas Gary
Publié le :
11/05/2015 à 22:38
"Je relisais ce magnifique livre de Victor Hugo, 1793. L'école fut la 1ere décision dans la République." #NSpavillons#LesRépublicains
— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) 11 Mai 2015
Et voici donc qu'une nouvelle fois, Victor Hugo sert de levain à l'ancien président, pour une déclaration empressée. Hélas, trois fois hélas, aucun livre avec le titre 1793 n'a été signé de Victor Hugo. Il s'en trouve bien un Quatrevingt-treize (graphie souhaitée par l'auteur), dont l'action se déroule, justement en 1793. Et là, zou, on se dit que la confusion est venue bien aisément.
Ce n'est pas faute, pourtant d'avoir entendu Gustave Flaubert, Guy de Maupassant, ou encore Marcel Proust, et même Victor Hugo clamer qu'il en avait assez d'être repris sans cesse, par Nicolas Sarkozy, pour un oui ou un non. S'emparant de l'esprit du maître du XIXe siècle, Nico affirmait encore en novembre 2014 : « Nous sommes les héritiers de Victor Hugo. Nous avons vocation à l'ouverture, mais ceux que nous accueillons doivent nous respecter. » Eh bien voilà.
Mais cette fois-ci, la twittosphère s'est enthousiasmée et continue de s'en donner à coeur joie. Tout le monde avait encore frais en mémoire le cuisant souvenir du Zadig et Voltaire, ouvrage favori de Frédéric Lefebvre, qu'il avait érigé en livre de chevet. L'erreur sarkozienne est plus subtile, mais pas moins raillée par les uns et les autres.
Petit florilège :
Je relisais ce magnifique livre d'Alexandre Dumas "Les trois moustiquaires" #TweeteCommeSarko
— Tatite ✏️ (@Tatitedu13) 11 Mai 2015
Je relisais ce magnifique livre d'Homère : "Liliane (Betrancourt) et l'Audi C" #TweetecommeSarko
— ciboulette (@Bref_je_tweet) 11 Mai 2015
Je relisais ce magnifique livre de Voltaire "Candide Crush" #TweeteCommeSarko
— chrisAPteam (@chAPteam) 11 Mai 2015
Je relisais ce magnifique livre de la dame des Galeries Lafayette, "La princesse de crève" #TweeteCommeSarko
— Michel Blossier (@Blossier) 11 Mai 2015
Je relisais ce magnifique livre de Jules Verne, Vingt milieux sous les mers. #TweeteCommeSarko
— Yann (@yannhoury) 11 Mai 2015
Je relisais ce magnifique livre de Proust, "La Recherche du pain perdu" #TweeteCommeSarko
— Docte ✏️ (@DocteMaison) 11 Mai 2015
Et il s'en trouve encore pléthore, des dizaines et de dizaines pour moquer ces petites imprécisions qui nous font nous draper dans la dignité d'une éducation républicaine et laïque.
"Je relisais ce magnifique livre de Victor Hugo, en sa compagnie" #TweeteCommeSarkopic.twitter.com/0xyUgrw2Lk
— Dark Babor (@SihameHaddioui) 11 Mai 2015
Bon, il est vrai que pour trouver le titre originel de l'oeuvre, il n'y avait pas bien loin à chercher :
.@NicolasSarkozy Le vrai titre est "Quatre-Vingt-Treize". C'est écrit sur la couverture.
— Maitre Eolas ✏️ (@Maitre_Eolas) 11 Mai 2015
Le tout est à retrouver avec le hashtag #TweeteCommeSarko, qui devrait renvoyer chacun à ces petites choses qui font parfois défaut, et donnent toujours envie de citer Desproges : « Je le répète une fois de plus à l'intention des étudiants en lettres qui commencent à savoir lire dès l'âge du permis de conduire, on peut très bien vivre sans la moindre espèce culture. Moi-même, je n'ai pas mon permis de conduire, eh bien ça ne m'a jamais empêché de prendre l'autobus. D'ailleurs, si vous n'êtes pas capable de vous priver d'un seul épisode de Dallas pour lire un chapitre des chroniques de Vialatte, dites-vous bien que ça ne vous empêchera pas de mourir d'un cancer un jour ou l'autre. Et puis quoi, qu'importe la culture ? Quand il a écrit Hamlet, Molière avait-il lu Ronsard ? Non.». (source)
Ah Pierre...
Nous reproduisons ici le tweet, en capture d'écran, pour immortaliser l'instant. Et de crainte qu'il ne disparaisse...
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