Distinguer les machines des être humains est devenu un enjeu majeur. Dans le cycle - exceptionnel - de Frank Herbert, Dune, cette distinction est même l'héritage d'une dérive profonde de la société. Une guerre pour différencier les humains et les Machines Pensantes a fait l'objet d'un précepte, véritable tabou inculqué dans l'esprit de tous : « Tu ne feras point de machine à l'esprit de l'Homme semblable. » Les machines qui pensent, cela nous ferait sourire…
Le 04/03/2014 à 13:16 par Nicolas Gary
Publié le :
04/03/2014 à 13:16
Sur Internet, les outils pour séparer le bon grain de carbone de l'ivraie en silice s'opère de plusieurs manières : le code Captcha fait partie des solutions privilégiées. Quelques mots, et des chiffres, que seul, logiquement, un humain, est en mesure de repérer. Benjamin Laird et Oscar Schwartz ont pourtant lancé un projet insolite, qui se place sous le subtil patronat de l'automate joueur d'échec, dit aussi Turc mécanique. (voir en fin d'article)
Mais surtout, en se référant au test de Turing, un outil conçu en 1954, et qui devait être le moyen suprême pour éprouver une intelligence artificielle, dans sa capacité à imiter une conversation d'humains. Le test fonctionne simplement ; un humain parle tout à la fois à un humain et une machine, sans savoir s'il s'adresse à l'un ni l'autre. Par le biais de questions, il doit déterminer qui est qui, et surtout, qui lui répond, machine ou humain.
Or, les deux compères développeurs ont repris l'idée d'une machine à l'esprit de l'homme semblable, en considérant que la poésie était la plus haute expression de l'esprit humain, et que l'on devrait pouvoir être en mesure de différencier un texte poétique écrit et conçu par un être sensible, et celui craché par un robot. D'où le nom de leur site BotPoet. « Ce site est un test de Turing pour la poésie. A vous, juge, de deviner si le poème que vous lisez est écrit par un homme ou un ordinateur. »
Ce dernier propose une série de tests amusants, pour vérifier si l'internaute est réellement en mesure d'opérer la distinction entre les deux écritures. Le principe est alors très simple : un texte soumis à la vigilance du surfeur, qui va déterminer s'il s'agit de l'expression d'une sensibilité, ou la juxtaposition de termes.
Les poèmes ainsi présentés sont d'ailleurs rédigés réellement par un ordinateur. « En règle générale, la poésie informatique utilise des algorithmes pour générer du texte. Cela peut être interprété de manière très large », expliquent-ils. Parce qu'il est évidemment possible de leur soumettre du contenu généré par ordinateur, pour assurer un renouvellement des poésies présentées. On peut, selon que l'on utilise un générateur automatique, ses propres solutions, et ainsi de suite, alimenter le Bot Or Not, qui va distraire l'internaute quelques instants.
Limite cruelle : l'outil n'est disponible qu'en anglais.
La machine avait été conçue dans le cadre du Digital Writers Festival, qui se déroulait sur internet entre les 13 et 24 février dernier. Pour l'expérimenter sans peine, il suffit de se rendre sur cette page. Et de faire preuve d'un peu de perspicacité…On peut même se frotter au Quizz pour se faire plus de mal encore.
Le Turc mécanique :
Un prétendu automate doté de la faculté de jouer aux échecs. Construit et dévoilé pour la première fois en 1770 par Johann Wolfgang von Kempelen, le mécanisme semble être en mesure de jouer contre un adversaire humain, ainsi que de résoudre le problème du cavalier, un puzzle qui exige de déplacer un cavalier afin d'occuper une fois seulement chaque case de l'échiquier. De 1770 jusqu'à sa destruction en 1854, il a été exposé par différents propriétaires en tant qu'automate, bien que le canular ait été expliqué, après bien des soupçons, au début des années 1820. Extérieurement, il avait l'apparence d'un mannequin habillé d'une cape et d'un turban assis derrière un meuble d'érable. Le meuble possédait des portes pouvant s'ouvrir pour révéler une mécanique et des engrenages internes qui s'animaient lors de l'activation de l'automate.
En réalité, le mécanisme n'était qu'une illusion permettant de masquer la profondeur réelle du meuble. Celui-ci possédait un autre compartiment secret dans lequel un vrai joueur pouvait se glisser, et manipuler le mannequin sans être vu de quiconque. L'automate était alors capable de jouer une vraie partie d'échecs contre un adversaire humain. Grâce au talent de ses joueurs cachés, le Turc mécanique remporta la plupart des parties d'échecs auxquelles il participa en Europe et en Amérique durant près de 84 ans, y compris contre certains hommes d'état tels que Napoléon Bonaparte, Catherine II de Russie et Benjamin Franklin. (via Wikipedia)
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