#Roman francophone

Yvette

Guy de Maupassant

Yvette est une courtisane, qui fréquente le grand monde des aventuriers. C'est une amoureuse de la vie, une âme romantique, rêveuse et passionnée. Mais elle est aussi bien naïve : n'a-t-elle pas compris que sa condition lui interdit le mariage avec un homme de la haute société, dans laquelle elle est pourtant à son aise ? Ne sait-elle pas que sa mère appartient, comme elle, à la "prostitution dorée" ? Comment dès lors échapper à son destin et devenir une "honnête femme" ? De Paris aux bords de Seine, Maupassant nous mène de la joie de vivre aux illusions perdues.

Par Guy de Maupassant
Chez Editions Gallimard

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Genre

Littérature française (poches)

On ne choisit pas ses parents. Assurément, si la nature, le hasard et la société avaient permis à Yvette de décider qui aurait dû être sa mère, elle n'eût pas opté pour la marquise Obardi. Dans l'aventure de cette jeune fille, il y a un malaise de la filiation qui est aussi une inquiétude sur sa propre identité. Encore peu maîtresse d'elle-même, Yvette veut au moins se rassurer en se construisant des généalogies illustres : le père qu'elle n'a jamais connu, elle l'imagine en prince, et — pourquoi pas ? — en roi : Victor-Emmanuel peut-être ; elle veut voir dans sa mère une authentique aristocrate. Lorsque éclatera la vérité — sa marginalisation inévitable à l'intérieur d'une société interlope -, le drame viendra de cette différence qui la sépare des autres et qui s'exprime en une question d'allure banale : «Pourquoi n'aurait-elle pas été une jeune fille comme toutes les jeunes filles ? » Alors, selon une formule créée par son époque, elle devra se soumettre ou se démettre. Non sans avoir tenté de s'opposer à cette mère qu'elle découvre soudain si différente de ce qu'elle avait cru.

Une telle situation revient assez souvent à travers l’œuvre de Maupassant : dans Pierre et Jean, Pierre a du mal à se considérer comme le fils d’un personnage aussi médiocre que M. Roland. À travers contes et romans, les enfants reprochent plus d’une fois aux parents, comme le fait Yvette, de les avoir rendus différents de ce qu’ils auraient pu ou dû être. Le héros d’« Un parricide » voit sa vie modifiée par l’abandon dont il a été victime alors qu’il était tout enfant : poussant la rancune à l’extrême, il assassine ses parents au moment où il les retrouve. De même, dans « Aux champs », le fils Tuvache, que ses parents n’ont pas voulu « vendre » à un couple riche qui souhaitait l’adopter lorsqu’il était petit, se révolte et clame : « Des parents comme vous ça fait l’ malheur des éfants. » Pour quelques adolescents, il arrive un moment de l’existence où ils s’avisent soudain qu’ils ont été trompés sur leur destinée. Double et pénible découverte : d’une part, ils doivent se reconstruire des repères et une personnalité, d’autre part, ils souffrent de toutes les injustices réservées par la vie aux enfants naturels et que Maupassant note de plus en plus fréquemment tandis que son œuvre s’élabore. Après tout, Yvette est fille illégitime, née de « père inconnu » comme il est dit dans un autre récit. Ainsi, la jeune fille présente des analogies de situation avec ces personnages sommés de se faire eux-mêmes, comme ce Duchoux, dans la nouvelle du même nom, qui proclame devant l’homme dont il ignore qu’il est son père :« Je suis enfant du hasard, moi, monsieur, et je ne m’en cache pas ; j’en suis fier. Je ne dois rien à personne, je suis le fils de mes œuvres. » Voilà une des questions que pose « Yvette ». Comment accepter de devenir non ce que l’hérédité, comme chez Zola, vous aurait destiné à être, mais ce que le milieu social vous contraint à ne pas esquiver ?

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10/04/2014 161 pages 3,00 €
Scannez le code barre 9782070458240
9782070458240
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