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Eloge du mariage pour tous

Noël Mamère

La possibilité pour les homosexuels, en tant que citoyens français, d’être unis par le mariage, est un enjeu de société qui dépasse la seule question de l’union, celle de l’adoption ou de la Procréation Médicalement Assistée, parce qu'elle interroge les fondements de notre société et la reconnaissance d’une totale égalité des droits.

Par Noël Mamère
Chez L' Esprit du temps

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Actualité et médias

La possibilité pour les homosexuels, en tant que citoyens français, d’être unis par le mariage, est un enjeu de société qui dépasse la seule question de l’union, celle de l’adoption ou de la Procréation Médicalement Assistée, parce qu’elle interroge les fondements de notre société et la reconnaissance d’une totale égalité des droits. Egalité des droits pour tout homme ou toute femme, « sans distinction de race, de religion ou de croyance », selon les termes du Préambule de la Constitution de 1946 1 ; mais également d’orientation sexuelle, ce qui n’était pas acceptable à l’époque mais devient aujourd’hui une nécessité. Nul ne peut ignorer la réalité de l’homosexualité, ni l’absence de jugement moral qui doit aujourd’hui lui être attaché. L’homo- sexualité est une variante de l’orientation sexuelle qui se retrouve dans toutes les popula- tions humaines ; elle n’a rien d’« anormal » ni de « pathologique » et doit être reconnue en tant que telle. Il est malheureux que nous ayons encore nécessité de faire ce rappel tant l’igno- rance et la peur sont encore présentes dans les trop fréquentes manifestations d’homophobie que réveille ce débat. La question du mariage homosexuel, autrement nommé « mariage pour tous », doit être l’occasion, aujourd’hui pour notre société, de franchir un grand pas vers sa maturité, c’est-à-dire la reconnaissance de tous, vraiment égaux devant la loi.

 

Le mariage de Bègles

 

Le mariage de Bègles n’a pas été une décision unilatérale de ma part, il est parti de ce que l’on appelle un fait divers. En janvier 2004, un jeune homme, Sébastien Nouchet, a été grièvement brûlé par des individus parce qu’il était homosexuel. En réaction à cet acte horrible et homophobe, Daniel Borrillo et Didier Éribon, soutenus par un certain nombre de militants de la cause gay et lesbienne, en particulier Emmanuel Pierrat et Caroline Mécary, ont rédigé un texte-événement, le Manifeste pour l’égalité des droits, dans lequel figurait, entre autres dispositions, l’ouverture du mariage à des personnes de même sexe. Ce n’était pas une revendication nouvelle puisqu’elle avait déjà été formulée en 1994 par Claudia Roth2 qui, dans son rapport, adopté par le Parlement européen, proposait l’ouverture du mariage aux couples homosexuels.

 

Ce manifeste, paru dans le journal Le Monde daté du 17 mars 2004, a été signé par un certain nombre de personnalités comme Geneviève Fraisse, Jacques Derrida, Pierre Bergé, d’autres encore et moi-même. Au lendemain de cette publication, Jacques Bouteau, maire vert du 2e arrondissement, nous a accueillis dans sa mairie par une conférence de presse avec Clémentine Autain et Christophe Girard, adjoints au maire de Paris. Ne pouvant y assister, je me suis fait représenter. Et tous les présents ont clairement affirmé leur position : « Oui, nous marierons les personnes de même sexe qui nous en feront la demande. » Mais là, première opposition de Bertrand Delanoë : « Pas question de vous donner une délégation pour ce type de mariage ! » C’est, en effet, le maire qui donne ou retire les délégations 3.

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02/03/2013 58 pages 6,00 €
Scannez le code barre 9782847952636
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