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Destins de diamants

Nicolas Mietton

Taillés en coussins, en poires ou en marquises, blancs, jaunes, bleus ou roses, parfois même verts ou rouges, les diamants les plus célèbres sont apparus dans des circonstances inattendues : au fond de temples indiens, dans la jungle brésilienne ou les mines sud-africaines. Souvent, ils ont été acquis par la fraude ou le crime. Toujours convoités, ils sont passés de main en main au cours de rocambolesques aventures, puis ont disparu mystérieusement pendant de longues périodes, avant de réapparaître. Ils ont été portés au cours d'événements glorieux ou ont été associés à des moments dramatiques. Aujourd'hui, certains ont achevé leur course dans des musées, mais d'autres poursuivent leurs aventures. Fasciné par le destin de ces pierres fabuleuses, Nicolas Mietton nous raconte ici leur incroyable épopée.

Par Nicolas Mietton
Chez Pygmalion

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Editeur

Pygmalion

Genre

Décoration

Présentation

 

 

 

 

 LE DIAMANT*1 EST CONNU depuis l’Antiquité durant laquelle on le désigne sous le nom grec d’adamas qui signifie « pierre dure » et, par extension,

« indomptable ». Les lapidaires insistent sur cette qualité : il résiste aux chocs les plus violents, aux flammes et sert parfois de poinçon pour graver les autres gemmes. Jusqu’au XVIIIe siècle, comme on en trouve seulement dans l’Inde mystérieuse, il est plutôt rare. Le Moyen Âge mystique lui préfère les perles, « larmes de la Vierge », et les autres pierres de couleurs comme les rubis, symboles de vie et de courage, ou les émeraudes à qui l’opinion attribue des vertus magiques. Il faut attendre la fin de la Renaissance pour le voir accéder au rang suprême et cette promotion est favorisée par un changement dans la manière de le tailler*. Les Européens privilégient désormais la brillance* des facettes : les lourds cabochons et les grandes tables* cèdent la place aux admirables brillants*, briolettes*, poires*, coussins* et autres marquises*… toujours connus aujourd’hui et sans cesse perfectionnés.

Au XVIe siècle, les diamants qui apparaissent sur le marché européen, à Londres ou à Anvers*, sont entourés d’une mystérieuse aura. Il n’est pas facile de connaître leur origine et leur parcours exacts depuis la lointaine Golconde. Les marchands peuvent aussi difficilement reconnaître qu’ils les acquièrent parfois frauduleusement. Si l’on retient le seul exemple de l’Orlov, son chemin est semé d’obstacles. Après avoir soi-disant orné le front d’une idole dans les profondeurs d’un temple hindou, il aurait été dérobé par un déserteur français au cours d’une nuit d’orage. Tout y est : le folklore, le sacrilège, le tonnerre et les éclairs… En réalité, il provient probablement du trésor des Grands Moghols, pillé lors du sac de Delhi en 1739. Pendant trente ans, on ne sait presque rien de lui jusqu’à sa réapparition aux Pays-Bas et son achat par la Russie où il est toujours aujourd’hui.

Les énormes et légendaires diamants indiens (le Grand Moghol, la Grande Table de Shah Jahan…) sont retaillés à l’européenne et renommés en fonction de leur acquéreur (le Régent, le Hope, le Maximilien, l’Orlov…), de leur couleur (le Bleu de France, le Vert de Dresde, l’Autrichien Rose…) ou de leur localisation (le Florentin). Le changement de nom est signe d’appropriation : le Krupp devient ainsi l’Elizabeth Taylor après son acquisition par l’actrice. Rares sont ceux qui conservent leur nom originel, comme le Koh-I Nour (Montagne de lumière), ou leur taille primitive (l’Orlov, le Darya-I Nour). Les tragédies réelles ou imaginaires auxquelles ils échappent leur donnent parfois un caractère maléfique (le Hopel’Empereur Maximilien…) qui augmente paradoxalement leur valeur.

Dans l’Europe baroque, les diamants sont portés aussi bien par les hommes que les femmes, cousus sur leurs vêtements, chapeaux ou souliers… Apanage des souverains et de leurs courtisans, ils les accompagnent pendant les fêtes et les cérémonies, à commencer par la plus solennelle : le sacre. Le Beau Sancy orne la couronne de Marie de Médicis, le Florentin, celle de François de Lorraine, le Régent, celle de Louis XV, de Louis XVI et de Charles X. L’Orlov est enchâssé dans le sceptre des tsars à partir de Catherine II et le Cullinan dans celui des souverains britanniques depuis Édouard VII. Ayant une importance politique, loin d’être systématiquement dissimulés dans des serre-bijoux quand ils ne sont pas portés, ils sont exposés pour impressionner le public (à Paris, au garde-meuble ; à Dresde, dans la Voûte verte…). Les peintres les représentent mais souvent de manière imprécise voire fantaisiste (il est vrai que les photos en noir et blanc ne vaudront guère mieux pendant longtemps !).

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09/10/2013 225 pages 19,90 €
Scannez le code barre 9782756406879
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