Présentation
Étant entendu que tout le corpus freudien devient libre de droits à partir de janvier 2010, j’avais au moins deux raisons de proposer aux éditions Épel une traduction nouvelle du texte de Freud, dit « prépsychanalytique », Zur Auffassung der Aphasien.
1) Aux mêmes éditions, j’avais publié en mars 2008 un petit livre intitulé De quoi est fait l’inconscient1 qui visait pour l’essentiel, même si son titre l’oblitère en partie, à traiter de la question de la « représentation » chez Freud. Et le plus long de ses chapitres, le huitième, était expressément consacré au commentaire d’un certain nombre de passages de cet essai de Freud, ne serait-ce que parce que celui-ci constitue le document principal pour quiconque essaie de comprendre quelque chose à l’usage abondant et jamais démenti que fait Freud ultérieurement de la notion de « représentation ». Freud, en effet, semble considérer en général que ce mot et ce qu’il connote vont de soi ; et c’est seulement dans son travail sur les aphasies qu’il le problématise et, du même geste, le met, pour la première fois, en place, provisoirement hors hypothèse de l’inconscient.
En même temps, j’avais fait remarquer dans mon livre, en un temps liminaire, que le lexique allemand de la « représentation » est, à la différence de ce qui se passe en français, très éclaté, et j’avais déployé et analysé ledit lexique, notamment les substantifs Vorstellung, Repräsentation et Vertretung ainsi que les verbes afférents, la spécification du mot Darstellung étant d’une moindre portée. Or, page 69, j’écrivais, à propos de la traduction des Aphasies jusqu’ici disponible2, ceci : « […] ce qui est pertinent pour nous, à savoir le lexique de la représentation, s’y trouve complètement effacé, c’est-à-dire uniformément traduit par “représenter” et “représentation”, sans aucun mot allemand entre parenthèses ». Je pense que le lecteur sera suffisamment persuadé par la traduction qui suit que confondre, surtout en certains passages, ce qui s’appelle chez Freud Vorstellung et Repräsentation conduirait à ne pas comprendre grand-chose au vif de ce qui est alors en jeu.
Cela dit, la question reste épineuse, puisque je ne vois pour ma part aucun moyen de distinguer en français les deux mots allemands à l’instant cités. J’ai donc opté, par nécessité, pour une solution qui a consisté à faire systématiquement suivre dans le texte les occurrences des mots « représentation » et « représenter », « présentation » et « présenter » aussi, du lexème présent dans l’original.
2) J’en viens à la seconde motivation de mon entreprise. Le premier traducteur, Claude Van Reeth, ne pouvait pas disposer d’une édition allemande récente du texte de Freud (1992), qui repose sur un travail proche d’une démarche historico-critique. (Le lecteur qui souhaiterait s’y reporter la trouvera facilement en livre de poche pour un prix modique.) Chacun mesurera sans doute tout le bénéfice nouveau qu’il peut tirer de la restitution de ce travail éditorial. Je décrirai précisément cet ouvrage dans la suite de cette présentation, donnant en même temps une sorte de mode d’emploi du présent livre.
Extraits
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