#Essais

Puissances moyennes dans le jeu international. Le Brésil et le Mexique aux Nations Unies

Mélanie Albaret

Etats membres de l'ONU dès sa création fin 1945, le Brésil et le Mexique vont, au fil de leur histoire politique et de leur insertion dans le jeu multilatéral, user de postures d'abord passives, puis sélectives pour protéger leurs régimes autoritaires, et enfin actives pour émerger sur la scène internationale en tant que puissances moyennes. Trois types de relations se démarquent ainsi à travers leur participation aux instances de l'ONU : l'amultilatéralisme, ou l'absence de formulation d'une politique multilatérale ; le multilatéralisme limité, ou positionnement aux marges du système ; la prise de parole multilatérale, marque d'une attitude plus coopérative, mais aussi d'une capacité de contestation et de proposition. En soulignant les liens entre les scènes politiques nationale et internationale, l'ouvrage met en évidence les effets circulaires de la participation au multilatéralisme. Il montre également comment le multilatéralisme permet aux pays du Sud de devenir des acteurs à part entière dans le jeu international.

Par Mélanie Albaret
Chez Les Presses de Sciences Po

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Genre

Sciences politiques

 

 

 

 

 

Introduction

 

 

 

« Le Mexique croit au multilatéralisme et réitère son engagement indéfectible envers cette organisation »

 

José Antonio Meade Kuribreña, secrétaire des Relations extérieures du Mexique, débat général de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU), 68e session, 26 septembre 2013

 

 

 

« Le Brésil croit au multilatéralisme comme seul moyen efficace et pérenne de produire des consensus stables sur la scène internationale, de construire de l’harmonie là où il n’y a que guerres et conflits »

 

Dilma Rousseff, présidente du Brésil, discours prononcé à l’occasion de la prise de fonction du ministre des Relations extérieures, Luiz Alberto Figueiredo Machado, 28 août 2013

 

 

 

Malgré ces actes de foi renouvelés, les rapports du Brésil et du Mexique au multilatéralisme n’ont pas toujours été aussi enthousiastes. Ils étaient bien plus réservés dans l’entre-deux-guerres. Le Brésil avait quitté la Société des Nations (SDN) en 1926, après avoir échoué à obtenir un siège permanent au Conseil de l’organisation. Le Mexique, du fait de son positionnement ambivalent pendant la première guerre mondiale et de l’hostilité du Royaume-Uni et des États-Unis, n’avait pas reçu d’invitation à faire partie de la SDN. En ce début de XXIe siècle, soit près d’un siècle plus tard, le Brésil et le Mexique, membres fondateurs des Nations unies, multiplient les signes de leur attachement au multilatéralisme.

C’est l’histoire de l’insertion multilatérale de ces deux États, de la création d’un nouvel ordre international après la seconde guerre mondiale jusqu’à nos jours, que cet ouvrage se propose de raconter et d’analyser à partir de l’étude de leur participation à l’Organisation des Nations unies (ONU).

Au préalable, un bref retour sur la notion même de multilatéralisme s’impose.

 

 

— Le multilatéralisme

 

La réflexion sur le multilatéralisme a été, et reste, largement éclipsée par un questionnement plus ancien sur les organisations internationales1, puis sur les régimes internationaux2, et plus récemment sur la gouvernance globale3.

Jusqu’à il y a peu, la majeure partie des activités multilatérales se déroulaient au sein d’organisations internationales, le développement exponentiel de ces dernières depuis la seconde moitié du XIXe siècle ayant permis la progression des premières. Parmi ces organisations, l’ONU, créée en 1945 au terme de la conférence de San Francisco (25 avril-26 juin), occupe une place particulière : elle constitue, depuis la dissolution de la SDN, la seule organisation internationale universelle et à compétence générale. Si ces deux notions, organisations internationales et multilatéralisme, sont étroitement liées, il est nécessaire, en toute rigueur, de bien les distinguer. Les organisations internationales ne possèdent pas le monopole de l’exercice multilatéral et ne sont pas non plus un préalable au multilatéralisme. Celui-ci peut également s’accomplir dans des cadres moins formels et moins institutionnalisés4, tels que les groupes ad hoc comme le G8, le G20, l’IBAS (Forum de dialogue Inde-Brésil-Afrique du Sud), etc. En outre, toutes les pratiques qui adviennent au sein d’une organisation internationale ne relèvent pas nécessairement du multilatéralisme, car d’autres types de relations sociales (de puissance, de conflit, etc.) s’y déploient aussi.

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06/11/2014 213 pages 15,00 €
Scannez le code barre 9782724612806
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