Préface
L’Épopée de Gilgamesh est une œuvre littéraire, la plus ancienne qui soit arrivée jusqu’à nous. Il s’agit d’un poème épique dont la version intégrale devait comprendre trois mille vers. Nous n’en connaissons que les deux tiers, retrouvés sur des tablettes d’argile au cours des diverses fouilles archéologiques menées depuis un siècle et demi. La version la plus complète provient de la bibliothèque d’Assurbanipal (669-630 av. J.-C.) : mille six cents vers rédigés en akkadien, sur douze tablettes. D’autres fragments dispersés dans tout le Moyen-Orient furent découverts, témoignant des multiples traductions et interprétations auxquelles donna lieu cette légende durant deux millénaires, jusqu’à l’ère chrétienne.
La Babylonie s’étendait sur la partie méridionale de ce qu’on appelle la Mésopotamie, vers le golfe Persique, correspondant à l’Irak actuel. C’est là qu’est apparue la première des grandes civilisations, dont le mythe de Gilgamesh est l’expression littéraire la plus ancienne et la plus durable. Divers groupes ethniques, dont le souvenir s’est aujourd’hui effacé, ont contribué à former cette culture, mais deux peuples en particulier ont marqué son histoire : l’un, sémite, venu du Nord-Ouest (l’actuelle Syrie), appelé akkadien, et l’autre, sans doute venu du Sud-Est (l’Iran actuel), appelé sumérien.
Ces deux peuples ont créé, ensemble, la civilisation mésopotamienne. Les Sumériens dominent culturellement le IIIe millénaire. Ils inventent l’écriture et leur langue s’impose dans l’administration, la religion et la littérature. Au cours du IIe millénaire, c’est l’akkadien qui devient la langue officielle et dominante. Si les deux peuples sont parvenus à bâtir ensemble cette civilisation, ils ne lui ont pas trouvé de traduction politique. Ils sont restés éclatés en de multiples cités-États dirigées par des princes féodaux. Depuis leurs capitales, ils exploitaient des régions agricoles rendues fertiles par le Tigre et l’Euphrate, se consacrant principalement à la culture des céréales et à l’élevage du bétail, au milieu de la steppe et du désert. Le développement économique entraînant la croissance de leurs besoins en matières premières, les cités-États menèrent des opérations militaires pour aller chercher bois, pierres et minerais à l’étranger, tout en se faisant la guerre entre elles. Ainsi, à partir de la fin du IIIe millénaire, d’épais remparts vinrent les ceinturer.
L’Épopée de Gilgamesh est l’histoire du roi d’Uruk, une de ces cités-États, dont il aurait construit les remparts. La Liste sumérienne des Rois rédigée au début du IIe millénaire distingue une période préhistorique qui précède le Déluge et une autre, historique, qui succède au cataclysme. Dans ce catalogue des souverains, Gilgamesh occupe la cinquième place de la première dynastie après le Déluge, et règne sur Uruk vers 2600 av. J.-C. Il serait donc un roi « historique », ayant vraiment existé, mais la légende en fait un être à la fois humain et divin.
Extraits
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