Première partie
Enfance
1. Prélude
Histoire, raconte
Il était une fois
Une petite fille pauvre
Une fille sans père
Mais non abandonnée
Une fille choyée
Aimée, admirée
Une fille qui marchait
Les cheveux au vent
L’allure fière
Allant à l’aventure
Sans peur
Cherchant l’élan
Qui la propulserait aux confins du monde connu.
Il était une fois… une petite fille pauvre
Une paysanne sans chapeau
Les brodequins salis par la boue et même la bouse
Qui pédalait à vive allure sur les chemins de terre
Allant de ci, de là, sur les rives de la vie
Cherchant l’aventure, sans frein et sans retenue
Confiance et jeunesse la conduisant
Sur le petit pont du Loin
Qui mène à la petite église de saint Jouin.
Il était une fois une écolière
Foulant la neige pendant plus d’un kilomètre
Pour arriver à temps à l’école des Sœurs
Lire, écrire, compter, apprendre
Tout lui était facile, une fée avait tracé
Son chemin vers les sommets.
Collège, lycée, université
Rien ne semblait l’arrêter.
Avide de connaître, d’apprendre,
La petite écolière en tablier,
Inculte et mal habillée
Montait, montait vers la liberté
Histoire, raconte… egli ne va… (Que le conte commence !)
2. C’est l’histoire d’une petite fille…
Quand Jean voulait raconter une histoire à sa fille Sylvie, c’est toujours comme ça qu’il commençait : « C’est l’histoire d’une petite fille… » Et il inventait, il brodait, à partir des contes qu’il m’avait entendu lire à sa sœur. Il inventait ses histoires. La plus impressionnante de ces histoires d’un soir était celle de « la petite fille aux champignons », notre fille a tellement été marquée par cette histoire, qu’elle n’a pas voulu manger de champignons pendant des années…… eh oui, il existe des champignons vénéneux !
Quand Idièssè est devenu adulte, qu’il a fondé une famille, il m’a demandé un jour « maman, ton histoire est vraiment extraordinaire, comment toi, d’origine paysanne, tu es devenue une intellectuelle, une prof ? Et comment tu as pu fonder une famille avec un Africain et vivre au Togo si longtemps ? »
C’est ce jour-là que j’ai décidé d’écrire mon histoire, d’expliquer ce « fabuleux destin ».
Je voudrais moi aussi vous raconter mon histoire, à vous lecteur, lectrice, amie,… mais surtout à Patou, Sylvie, à Kodzo, à Jija, à Afi, à Kossi, Sandra, Edwin, Jean-Michel, Léo, Aude, Tom, Eva, Ylan, Mia, Sacha…
À mes enfants et petits-enfants, tous ceux qui m’appellent « maman » à mes amis et amies de tous pays : France, Togo, Guinée, Bénin, Sénégal, Etats-Unis, Canada…
À mes amies polonaises, tchèques, yougoslaves, martiniquaises, guyanaises, ruandaises, libanaises…
Mon histoire n’est pas exemplaire, loin de là, la forme, elle aussi, ne sera pas du goût de tout le monde… mais je tricote ces souvenirs au gré du vent, des événements de la vie, de mes humeurs, de mes voyages de retraitée…
C’est l’histoire d’une petite fille pauvre, enfant naturelle de surcroit, une fille sans père, un enfant « bâtard » comme on dit.
C’est l’histoire d’une petite fille, née dans une ferme, un jour de décembre, baptisée le même jour, à la dérobée, les cloches de Saint-Jouin n’ont pas sonné, pensez donc, sa mère n’était pas mariée. On ne connaissait pas son père Sa tante Marie était la marraine, son tonton Pierre, le parrain.
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