#Polar

Visa pour Cuba

Gérard de Villiers

Luis Miguel Bayamo fit face à Malko. Sa main écarta un pan de sa guayabera et reparut, tenant un gros automatique noir. Il braqua l’arme sur Malko et dit d’une voix blanche : - Hijo de puta, je vais te faire éclater les couilles ! Ses yeux fixaient l’endroit où il allait tirer et son doigt commença à peser sur la détente.

Par Gérard de Villiers
Chez Gérard de Villiers

0 Réactions |

Genre

Policiers

CHAPITRE PREMIER


Don Federico Sturm leva la tête sans lâcher l’encolure de sa vigogne. Une vieille Impala blanchâtre venait de quitter la piste rectiligne longeant le bord marécageux du lac Titicaca pour s’engager dans l’allée bordée d’arbres menant à son estancia. L’Allemand fronça ses sourcils noirs et fournis : il n’attendait aucune visite et n’aimait ni les importuns, ni les curieux. Depuis plus de vingt ans qu’il était installé en Bolivie, il n’avait certes pas eu à se plaindre de l’hospitalité de la douzaine de gouvernements qui s’étaient succédé à la tête du pays, mais, dans son cas, on n’était jamais tout à fait à l’abri d’une surprise désagréable...
L’Allemand se força à caresser le poil délicieusement doux de la vigogne sans prendre garde à la voiture, enfonçant avec volupté l’extrémité de ses doigts dans l’épaisse toison. L’animal frémit de contentement et tourna la tête vers son maître. Don Federico lui parla doucement à l’oreille en allemand et lui flatta le ventre, là où les poils ressemblaient à de la soie.
Il y avait longtemps qu’il avait reporté sur cette vigogne tout ce qui lui restait de sentiments humains. Des chasseurs « aimaras » la lui avaient apportée deux ans plus tôt, blessée, et il l’avait achetée pour cent pesos. En la soignant, il s’y était attaché. L’hiver, la vigogne couchait dans sa chambre et le réveillait à grands coups de langue.
Don Federico l’avait surnommée « Cantouta », du nom des fleurs très rouges qui poussent à quatre mille mètres sur l’Altiplano et portent bonheur.
On ne trouvait presque plus de vigognes en Bolivie car les touristes se ruaient sur les couvertures fabriquées avec leur délicat pelage. L’année précédente, Don Federico avait demandé au Président de la Bolivie de faire passer une loi protégeant les vigognes. Le Bolivien avait acquiescé avec enthousiasme. Hélas, son hélicoptère s’était malencontreusement écrasé quelques jours plus tard. Saboté avec tant de laisser-aller qu’il avait fallu ouvrir une enquête...
« Cantouta », durant l’été, de septembre à mai, vivait dans un petit enclos, tout près du bâtiment principal du domaine. Chaque matin, l’Allemand passait près d’une demi-heure avec elle à caresser son cou interminable et à lui parler. L’animal le contemplait de ses yeux marron et doux et frottait son mufle contre le dos de sa main. Ensuite, Don Federico partait s’occuper de ses centaines de milliers de poulets... Il s’était reconverti avec bonheur dans l’aviculture, et y gagnait des millions de pesos. Son nom était honorablement connu jusqu’à Lima. Pourtant il quittait peu son domaine. Une fois par semaine, il allait à La Paz, déjeunait au restaurant des Escudos ou au club allemand de la Calle Bravo d’un bon plat de saucisses bavaroises et ensuite prenait son café au bar de l’aéroport d’El Alto, sur le plateau dominant La Paz. Le temps de voir partir pour l’Europe le Boeing hebdomadaire de la Lufthansa. Puis avec un peu de vague à l’âme il reprenait sa Mercedes 280 – sa seule folie – la longue piste coupée de cassis serpentant dans l’Altiplano jusqu’au lac Titicaca. Sa propriété se trouvait à moins de deux kilomètres du lac avant le village de Huarina, à droite de la route, adossée a un contrefort des Andes. À part l’altitude de quatre mille deux cents mètres, elle n’avait que des agréments.
Don Federico Sturm avait fait planter des arbres tout autour de l’estancia, pour s’isoler de la piste. Mais de la fenêtre de sa chambre on voyait jusqu’au Pérou.
Le grincement des pneus sur le gravier de la cour le força à lever la tête. L’Impala venait de s’arrêter dans la cour de l’estancia. Il reconnut la voiture de Friedrich, un vieux juif allemand, le seul étranger à conduire un taxi à La Paz. Sur la banquette arrière se trouvait un inconnu barbu et à lunettes. Don Federico tapota la tête de sa vigogne, contrarié. Il allait être obligé d’écourter son « flirt ». Les mauvaises langues de La Paz disaient qu’il demandait à sa vigogne les mêmes services que les Incas réclamaient de leurs lamas... Soigneusement, il referma l’enclos. Sa hantise était que « Cantouta » s’échappe et soit tuée par un Aimara. À La Paz, une peau valait deux cents pesos. Une fortune pour les pauvres diables de pêcheurs du lac Titicaca avec leurs barques de paille.
Don Federico s’avança vers son visiteur inconnu de son étrange démarche chaloupée. Même lorsqu’il portait l’uniforme noir de la Division SS Sepp Dietrich, l’obersturmbahnführer Frederic Sturm n’avait pu se débarrasser de son balancement d’ours. On l’avait surnommé le Grizzli.
Autant à cause de sa taille que de sa force physique. Un quart de siècle plus tard, Don Federico n’avait pas perdu un pouce de ses 1 m 90. Souvent il nageait dans les eaux glacées du lac Titicaca. La vie au grand air avait tellement tanné et bronzé sa peau qu’on aurait pu le prendre pour un Aimara. Ses yeux bleu gris étaient toujours aussi clairs et durs et ses cheveux noirs, peignés en arrière, s’éclaircissaient à peine. Avec le temps, la cicatrice qui serpentait sur la paroi gauche de son nez avait au contraire pris du relief. Comme pour lui rappeler ses années de guerre. Mais tout cela était loin. Bien sûr, les Russes l’avaient condamné à mort, les Yougoslaves et les Hongrois et les Italiens aussi, mais quelle importance ? Ils ne viendraient pas le chercher au fond de la Bolivie. Il leur avait joué un bon tour en s’échappant d’Europe avec le passeport juif d’un Yougoslave offert par un cousin qui travaillait au bureau IV de la Sichereit Dienst. Jusqu’en 1951 il avait été Wenceslav Tuori, puis, le danger éloigné, avait repris sa véritable identité pour demander la nationalité bolivienne. Il n’avait jamais eu l’intention de revenir en Europe. Originaire de Leipzig, Frederic Sturm avait toute sa famille en Allemagne de l’Est. Autant dire dans un autre monde pour un ancien colonel SS.
La porte du taxi s’ouvrit sur un homme aussi grand que lui. Mais son apparence négligée contrastait avec la chemise et le pantalon impeccablement repassés de l’Allemand. Le visiteur portait de courtes bottes texanes sur un blue-jean élimé, un blouson de cuir au col de fourrure. Ses cheveux tombaient sur ses épaules et les poils de sa longue moustache retombaient de chaque côté de sa bouche. Seules ses lunettes à monture d’acier lui donnaient un air vaguement intellectuel. Il s’avança vers Don Frederico sans tendre la main. L’Allemand fronça les sourcils : il vomissait les hippies. Cela lui rappelait trop les tziganes qu’il raflait pour les envoyer à Auschwitz. Que venait faire celui-là chez lui ? Le voyage en taxi depuis La Paz coûtait bien vingt-cinq dollars, ce n’était donc pas un tapeur.
– Buenos dias, dit-il néanmoins d’une voix polie. Que querés, Señor ?
Il parlait parfaitement l’espagnol et même l’aimara, la langue des chulos de l’Altiplano.
L’inconnu le fixa sans aucune sympathie, les bras ballants.
– Vous êtes Frederic Sturm ?
Son espagnol était guttural.
Il n’avait pas dit « Don Federico » comme faisaient les Boliviens avec respect. L’ancien SS demeura immobile comme un menhir, retenant une furieuse envie de jeter dehors à coups de pied cet intrus. Mais le contact des Sud-Américains lui avait appris la diplomatie. Et de toute façon, avec son passeport bolivien, il ne craignait rien.
– Oui, répondit–il. Que voulez-vous ?
Le jeune homme – Sturm se dit qu’il n’avait pas trente ans en dépit des longues moustaches – le fixa avec un dégoût visible.
– C’est vous l’ancien colonel SS ?
L’Allemand respira profondément.
– Je vous donne une minute pour me dire ce que vous voulez, ensuite, je vous remets dans ce taxi à coups de pied...
Le visiteur découvrit de grandes dents jaunes dans un sourire ironique.
– Je m’appelle Jim Douglas, dit-il. Étudiant au Massachusetts Institute of Technology, actuellement professeur d’anglais à La Paz. Je travaille aussi à la revue Ramparts. Vous connaissez ?
– Vaguement.
Don Federico savait que Ramparts était une revue gauchiste américaine dont les révélations faisaient parfois trembler l’« Establishment » américain. Faite par des jeunes gens idéalistes et gauchistes comme celui qui se trouvait devant lui.
– Je prépare un article sur les criminels de guerre qui ont travaillé et travaillent encore pour la C.I.A, dit doucement Jim Douglas.
L’Allemand demeura impassible. Il jeta un coup d’œil en coin au vieux Friedrich qui somnolait sur son volant. Qu’est-ce que c’était que cette histoire ?
– Je n’ai jamais travaillé pour la C.I.A., dit-il.
Le jeune barbu ne se démonta pas. Solidement planté sur ses pieds, il admirait l’estancia et les champs alentour. Il parla sans même regarder Don Federico.
– Vous, je ne sais pas, mais Klaus Heinkel, oui.
L’Allemand haussa légèrement les épaules.
– Je ne connais pas Klaus Heinkel, aussi puis-je prier Votre Grâce de foutre le camp de mon domaine ?
Il avait ironiquement employé la terminologie ampoulée castillane.
Un éclair passa dans les yeux de Jim Douglas. Il se rapprocha de l’Allemand et répliqua avec hargne :
– Vous connaissez peut-être Klaus Muller, alors ? Puisque Klaus Heinkel se fait appeler ainsi...
Sans laisser à l’Allemand le temps de répondre, il enchaîna :
– Vous mentez, Herr Sturm. Non seulement vous connaissez Klaus Heinkel, mais il est ici. Je ne suis pas venu par hasard. Je veux lui parler. S’il me raconte tous les services qu’il a rendus à la C.I.A. entre 1945 et 1951, alors je ne révélerai pas où il se trouve. Sinon, je repars pour La Paz et j’ameute les correspondants étrangers et quelques ambassades.
– Je vous promets le plus beau scandale qui aura jamais secoué la Bolivie. Même vous, Don Federico, vous ne pourrez pas l’étouffer. Il y a des dizaines de millions de personnes dans tous les pays du monde qui attendent avec impatience que l’on retrouve Klaus Heinkel. En se demandant comment il existe encore des gens pour cacher une telle ordure...
Tout en parlant, il agitait sous le nez de son interlocuteur un index menaçant.
Les yeux gris-bleu de l’Allemand avaient foncé. Cette espèce d’idéaliste lui donnait la nausée. On ne pouvait pas discuter avec ces gens-là. Que savait-il réellement ? Les journaux du monde entier parlaient de Klaus Heinkel ou Muller. Deux semaines plus tôt, plusieurs journaux avaient révélé qu’un paisible citoyen bolivien nommé Klaus Muller était en réalité l’Obersturmführer SS Klaus Heinkel recherché comme criminel de guerre pour des actes particulièrement horribles, condamné à mort dans quatre pays, dont la France et la Hollande. À côté de ses activités dans la Gestapo, Adolf Eichmann paraissait un doux et inoffensif bureaucrate. Du coup, l’opinion publique de la plupart des pays du monde civilisé s’était enflammée, exigeant que la Bolivie livre Klaus Heinkel à son juste châtiment. En dépit de leur indifférence pour le monde extérieur, les Boliviens auraient du mal à ne pas l’extrader. Ce qui les ennuyait considérablement. Car Klaus Heinkel, devenu citoyen bolivien sous le nom de Klaus Muller, avait beaucoup d’amis à La Paz.
Dieu merci, au moment où les clameurs de l’opinion publique internationale atteignaient un niveau difficilement supportable pour les délicates oreilles boliviennes, Klaus Muller avait miraculeusement disparu. Ce qui avait ôté un grand poids de la conscience des Boliviens. Ceux-ci avaient eu le temps de découvrir qu’il n’existait aucune preuve irréfutable que le bourreau Klaus Heinkel et l’inoffensif Klaus Muller ne fassent qu’un.
Pleins de bonne volonté, ils avaient juré que, cette preuve faite, ils n’hésiteraient pas à remettre ce moins que rien à ceux qui le réclamaient pour le fusiller ou le pendre.
Dès qu’ils l’auraient retrouvé.
Ce qui, étant donné la pagaille régnant en Bolivie et la perméabilité des frontières, pouvait prendre un petit quart de siècle... D’ici là, on aurait oublié l’histoire. Sauf si Klaus Heinkel resurgissait inopportunément
Don Federico Sturm se retourna et rencontra le regard doux de sa vigogne. Comment allait-il se débarrasser sans scandale de cet imbécile qui paraissait si bien renseigné ? Il passa la main dans ses cheveux pour se calmer et dit d’une voix conciliante :
– Je ne sais pas qui vous a renseigné, mais on s’est trompé. Klaus Heinkel ne se trouve pas ici. Peut-être a-t-il quitté le pays.
Jim Douglas ne broncha pas.
– Vous mentez, Herr Sturm, répéta-t-il. Heinkel se trouve ici dans votre estancia. Je vais le révéler dans Ramparts et, avant, aux différents consulats et ambassades de La Paz. Vous savez aussi bien que moi qu’il ne peut pas quitter le pays. C’est une telle ordure que même les Péruviens n’en veulent pas.
Il se rapprocha, postillonnant, les lunettes embuées par l’émotion.
– Il est gênant, il est trop en vue, le monde entier est à ses trousses. Il paraît qu’un commando israélien est arrivé à La Paz. Ils viendront chez vous quand je les aurai renseignés. Ils le tueront, et vous avec, Herr Sturm...
L’Allemand regarda son interlocuteur, stupéfait de cette explosion de haine. En 1945, Jim Douglas devait avoir deux ou trois ans. Il parlait comme un procureur israélien.
– Pourquoi en voulez-vous tellement à Klaus Heinkel ? ne put-il s’empêcher de demander. Il ne vous a rien fait.
Le jeune Américain secoua la tête avec commisération.
– Je me fous de Klaus Heinkel. Mais nous voulons prouver que la C.I.A. emploie des assassins et des « pigs » comme ce vieux nazi, qu’elle veut faire régner le nazisme en Amérique.
– C’est votre affaire, fit Don Federico. Je n’ai rien à vous dire.
Jim Douglas haussa les épaules.
– O.K. Herr Sturm. Je retourne à La Paz. Vous aurez bientôt de mes nouvelles.
Il rejoignit le taxi et ouvrit la porte. Frederic Sturm le suivit des yeux, finalement soulagé. Ce que ce jeune imbécile pouvait raconter n’avait que peu d’importance. C’est lui, Don Federico, que l’on croirait, citoyen éminent de la Bolivie et soutien inconditionnel de son cent quatre-vingt-quatrième gouvernement en cent cinquante et un ans d’indépendance.
Au moment où Jim Douglas allait entrer dans l’Impala, la porte de l’estancia s’ouvrit. L’Allemand eut le pressentiment fulgurant d’une catastrophe. Il voulut crier mais n’en eut pas le temps. Une femme apparut sur le pas de la porte et regarda curieusement la voiture arrêtée dans la cour. Très brune, le corps serré dans une robe noire, décolletée en carré, elle ressemblait à Raquel Welsch.
Le jeune Américain ressortit de son taxi comme un diable d’une boîte et fonça vers elle, à grandes enjambées.
– Dona Izquierdo ?
La femme eut un haut-le-corps et disparut vivement en claquant la porte. Frederic Sturm jura entre ses dents. L’imbécile ! Déjà, Jim Douglas revenait dans sa direction, hennissant de joie ! Il s’arrêta en face de lui et demanda d’une voix pleine d’ironie triomphante :
– Vous êtes toujours persuadé qu’on ne me croira pas ? Alors que tout La Paz sait que Dona Monica Izquierdo est la maîtresse de Klaus Muller-Heinkel. Et qu’elle a disparu en même temps que lui...
– Attendez, fit brusquement Frederic Sturm.
L’Allemand dissimulait sa rage mais ses yeux avaient pâli et la cicatrice de son nez saillait encore plus. Jim Douglas pencha un peu la tête.
– Vous êtes décidé à me faire rencontrer Klaus Heinkel ? Dépêchez-vous, sinon je rentre à La Paz.
– Entrez un moment.

Les immenses yeux noirs de Dona Izquierdo fixaient Jim Douglas avec une intensité trouble. De près, la jeune femme était encore plus belle. Elle avait des traits très fins, un nez légèrement retroussé et une goutte de sang indien qui lui donnait une superbe peau mate. Ses longues mains effilées se terminaient par des ongles manucurés et longs, inattendus dans cette estancia du bout du monde. Mais surtout, Jim Douglas n’arrivait pas à détacher les yeux du haut de sa robe de tulle noire absolument transparent qui moulait deux seins parfaits.
– Je vous en prie, dit la Bolivienne, je ne veux pas qu’on fasse de mal à Klaus.
Elle soupira lourdement, ce qui fit encore gonfler sa poitrine. Le jeune Américain ne savait plus où se mettre. Venu à la recherche d’un monstre, il se trouvait nez à nez avec une femme ravissante au bord de la crise de nerfs. Comment un type comme l’Allemand – petit chauve au front ridé et au gros nez – insignifiant, pouvait-il avoir une aussi jolie maîtresse ?
Don Federico l’avait fait pénétrer dans cette bibliothèque, s’était esquivé et aussitôt, après, la jeune femme était entrée.
– C’est une ordure, dit-il, mais je ne lui ferai rien. Ce n’est pas mon affaire.
Elle fit un pas vers lui. En dépit de la coiffure sage couvrant les tempes, elle était terriblement appétissante avec ce tulle arachnéen et cette belle bouche entrouverte. Jim chercha son regard. De nouveau, mêlée à la frayeur, il vit une lueur trouble, mélange de langueur et de fixité. Doucement elle répéta :
– Je vous en prie, ne dites à personne où se trouve Klaus. Sinon, ils viendront le tuer. C’est une terrible erreur, il n’a jamais rien fait.

Commenter ce livre

 

18/02/2016 256 pages 7,95 €
Scannez le code barre 9782360535422
9782360535422
© Notice établie par ORB
plus d'informations