La lignée des héros : Georges Harrison épisode 1

Jankowski Romain

Sans emploi, en conflits avec sa famille et ses démons intérieurs, Georges Harrison va voir sa vie basculer grâce à une anodine petite pierre. Ce n'est que le commencement..

Par Jankowski Romain
Chez Les Editions du Net

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Genre

Littérature française

Chapitre 1

Regarder le paysage qui défile devant nos yeux tel un trait uniformisé aux différentes couleurs et pastels a quelque chose d’apaisant. Peut-être parce que l’on ne pense plus. Notre esprit vagabonde hors de notre corps pour suivre, ne serait-ce qu’un instant, sa propre voie. Mais il revient vite à lui-même et lorsque votre être ne fait, de nouveau, plus qu’un avec votre corps, alors vos peines, vos malheurs, votre vie vous reviennent en pleine face. C’est ce qu’il se passe en ce moment pour moi. J’ai vingt-quatre ans et j’ai peur. Ouais, la frousse totale. Je vais me retrouver, d’ici dix minutes, devant mes parents, mon frère, mes amis, mon ancienne maison, mon ancienne ville bref revenir à mon ancienne vie. J’ai peur des réactions à cause de cet abandon que j’ai opéré il y a quatre ans déjà. Je les ai laissé. Je les ai laissé parce que mes blessures étaient trop profondes. Sont-elles totalement cicatrisées aujourd’hui ? Rien n’est moins sûr. Je n’ai pas trouvé mes réponses et je me demande même si je ne suis pas condamné à errer ma vie entière devant cette existence qui ne m’intéresse pas. Je suis parti, je suis revenu mais pourquoi ? A quoi cela a t-il servi ? Je suis différent, bien sûr, j’ai mûri mais mes questions demeures. Et elles sont nombreuses. Pourquoi n’ai-je déjà plus goût à la vie ? Pourquoi suis-je aussi seul ? 

C’est d’ailleurs le principal problème, je n’ai jamais l’impression d’être compris. Par personne. J’ai pensé qu’ailleurs serait mieux mais je me trompais. Que me faudra t-il pour avoir ne serait-ce qu’une réaction ? Je ne le sais pas. La seule chose dont je suis certain, c’est que je pense trop. 

Soudain, le train s’arrête. C’est là que je descends, gare d’Arras. C’est ici que j’ai grandi et plus précisément dans le village de Monchy-le-Preux. J’avais eu ma mère il y a deux jours au téléphone pour lui dire l’heure à laquelle j’allais arriver. Sa réponse avait été froide. Je ne l’avais plus appelé depuis plus d’un an et la discussion s’était terminée dans un déluge de reproches. Alors je n’avais plus rappelé avant l’avant-veille. J’espère tout de même que tout se passera bien. Mais peut-on réellement effacer quatre années avec le simple retour d’un fils prodigue ? Assurément non. Il y a trop de rancœur de leur côté et du mien. Je connais mon père, il n’y arrivera pas. Cessant d’y penser, je m’approche de la gare pour espérer trouver ma mère, d’un moment à l’autre. Je tourne la tête dans tous les coins puis l’aperçois, au loin, me cherchant à travers la foule de voyageurs qui étaient descendus en même temps que moi. Je ne pensais pas que cela se passerait ainsi mais j’ai les larmes aux yeux. Je profite de cet instant, de revoir ma mère qui n’a pris une ride, de revoir son si beau visage, de revoir son regard anxieux qui lui fait plisser légèrement le front et lui fait mordre ses lèvres, de revoir cette façon de se tenir, droite et forte, à l’image de l’éducation de mon grand-père. Ce moment se suspend, encore et encore, elle ne me trouve pas et je n’ai même pas envie qu’elle me voit. Parce que l’observer me permet de me rendre compte de ce que j’ai cassé : notre relation, nos confidences, nos rires qui ont laissé place à l’incompréhension, la colère, la douleur. L’amour, la haine, deux notions trop semblables pour se différencier. 

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20/12/2013 50 pages 12,00 €
Scannez le code barre 9782312019499
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