En un siècle et demi, l'isolement millénaire des terroirs a fait
place à une société de la mobilité avec l'invention de la
bicyclette et de l'automobile. En 1900, le chemin parcouru par
chaque individu autrement qu'à pied est déjà 2,5 fois plus
important que celui de 1860, le chemin de fer et la voiture
attelée y ayant contribué pour moitié chacun. En 2010, il sera
de 25 fois celui de 1900. L'accident mortel dans les transports
dans la civilisation du cheval à son apogée en 1914 était aussi
fréquent qu'aujourd'hui. Pourtant le risque culmina à 5 fois son
niveau actuel à la fin des années 1970, le fatalisme de la
civilisation du cheval ayant longtemps résisté à une sécurité
construite. Dans les trois quarts des cas, alors comme
aujourd'hui, la mort attendait au tournant de la route et non au
coin de la rue. De cette histoire technique, économique,
sociale, administrative et politique, qui n'a jamais été faite,
Jean Orselli a réuni les fragments et les a confrontés à
d'abondantes archives. L'attention portée aux statistiques, à la
répression des infractions et aux organisations policières qui
menèrent leur politique propre dès 1930, éclaire mieux que
tout l'histoire des accidents. La théorisation de l'évolution de la
sécurité depuis 1950, le succès et les limites de la politique de
répression depuis 2002 et l'exemple de la Suède permettent
d'entrevoir les étapes prochaines de l'amélioration de la
sécurité dans une France qui n'a cessé d'être un des pays les
plus sûrs.
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