Assia Djebar, le corps invisible. Voir sans être vue

Anna Rocca

Cette oeuvre se propose d'analyser le chemin qu'empruntent les narratrices de L'amour, la fantasia ; Vaste est la prison ; et Les nuits de Strasbourg. Ce parcours les amène à passer d'une invisibilité passive de leur corps, dictée par les règles patriarcales de leur société, vers une forme d'invisibilité active, instrument de résistance face au pouvoir du regard masculin. Nous mettrons en évidence les liens qui relient entre eux les trois romans, et particulièrement, la volonté affichée des narratrices de s'approprier leur corps et leurs désirs. Cette volonté dissimule la question existentielle à laquelle Assia Djebar tente de répondre : que peut valoir l'existence sans la possibilité d'exprimer ses désirs ? L'auteur fait du Cogito ergo sum cartésien un, " Je désire donc je suis ". Elle fait ainsi coïncider désir et existence. Nous montrerons que le désir constitue un espace mental et physique de découverte du monde. Il est aussi espace verbal, où s'expriment les sentiments, et espace psychologique, au sein duquel les émotions sont transmises à l'autre. Dans cette dernière acception, le désir se trouve étroitement lié à l'amour, remettant par là en question l'idée d'échange et de réciprocité entre les deux sexes. L'auteur réclame l'accès à cet espace désirant, en se fondant sur le manque d'expression du désir chez les femmes algériennes et, surtout, sur le manque de communication entre la femme et l'homme dans sa société.

Par Anna Rocca
Chez Editions L'Harmattan

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Critique littéraire

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01/05/2005 276 pages 24,00 €
Scannez le code barre 9782747576321
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