#Essais

Le sentiment de soi. Histoire de la perception du corps XVIe-XXe siècle

Georges Vigarello

Le moi est aujourd'hui solidement ancré dans un corps auquel est portée la plus grande attention. Cette perception " physique " intérieure n'a pas toujours existé. Elle est née de lentes transformations engageant la manière même dont le sujet se perçoit. Les discours médicaux, la littérature comme les expériences concrètes, pratiques sportives ou de loisir, les révèlent. Jusqu'au XVIIIe siècle, la sensibilité traditionnelle privilégiait les cinq sens - la vue, l'odorat, le goût, l'ouïe, le toucher -, tenus pour de simples messagers de l'âme, des vigies tournées vers l'extérieur. Le moi était circonscrit à la pensée et à l'esprit : " je pense, donc je suis ". C'est dans la seconde moitié du XVIIIe siècle qu'apparaît, dans les textes de Diderot ou de l'Encyclopédie, l'idée d'un sixième sens pour désigner les perceptions internes du corps. Cette conscience inédite du corps s'exprime dans des notions nouvelles comme celle du sentiment de l'existence. Le corps coïncide avec le moi : véritable révolution de la perception de soi, qui s'exprimera bientôt abondamment dans les journaux intimes. Le XIXe siècle approfondit ces réflexions en s'interrogeant sur le rêve, la folie, l'effet des drogues, le somnambulisme. Le début du XXe siècle introduit plus qu'on ne le croit à la culture d'aujourd'hui : de la relaxation aux exercices de prise de conscience, de la détente au vertige, la conscience corporelle devient un lieu de vertige autant que d'approfondissement de l'intime. Un parcours fascinant à travers l'histoire des représentations de l'intime.

Par Georges Vigarello
Chez Seuil

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Editeur

Seuil

Genre

Sciences historiques

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04/09/2014 311 pages 21,00 €
Scannez le code barre 9782020898942
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