Une saison à Hakkari

Ferit Edgü

Naufrage, naufragé. Mot clés qui reviennent sans cesse dans ce récit. C'est en effet dans un village perdu dans des montagnes neigeuses, inaccessibles, qu'a échoué le narrateur, parmi des hommes dont il ne comprend ni la langue, ni les moeurs, ni la raison d'être. Pour ces paysans, ces enfants qui ne parlent que leur langue - le kurde -, le fait que cet étranger soit venu vivre avec eux est certes inexplicable. Mais l'étranger lui-même s'interroge sur sa présence dans un lieu qui ne l'attendait pas : «Je suis un pauvre voyageur qui a perdu son chemin. Je suis victime d'un accident. Ici, je joue à l'instituteur. Un enseignant qui n'a rien à enseigner. Quelqu'un qui essaie de connaître les autres et de se connaître lui-même. Quelqu'un qui essaie de se rappeler sa langue, son nom, les endroits où il a vécu et la langue des gens au milieu desquels il a vécu. Mais surtout, de se rappeler son moi...» Une saison à Hakkâri est une saison en enfer, glaciale, dans un isolement quasi métaphysique, malgré les raison concrètes qui ont amené un jeune intellectuel, venu des grandes villes, à se transformer en instituteur d'un village sans école. Au-delà d'un combat contre l'analphabétisme, la misère, les épidémies, l'indifférence, la routine, l'étranger cherche à communiquer avec les autres, mais surtout avec lui-même, dans le naufrage intérieur qu'il traverse : «J'ai passé la main sur mon visage, comme si je voulais me reconnaître...»

Par Ferit Edgü
Chez Editions Gallimard

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Genre

Littérature étrangère

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01/11/1989 228 pages 15,20 €
Scannez le code barre 9782070717781
9782070717781
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