#Roman francophone

Abécédaire pour les intimes - Tome 2

Laguerre Philippe

Mal du pays, regrets du passé. Ou regrets dans le passé. Sur l'axe temporel, Elle ne se définit qu'une fois. Un indice ? Nous parlons et enterrons le présent dans l'instant qui lui appartient. Sarcophage que nous laissons divaguer dans l'espoir de retrouver sa trace sur les bords d'un cours d'eau. La nostalgie ! Vous avez deviné ! Tout ne serait que pure coïncidence sans elle. Même les gestes les plus rudimentaires. L'homme divaguerait au gré de ses humeurs. Sans constance, sans joie, sans projection vers l'avenir. Cette variable nécessaire priverait pêle-mêle, les enfants de l'amour des parents. Le monde professionnel de ses règles et de ses impondérables. Les banquiers et leurs clients d'une camaraderie au-dessus du " zéro euro ". Les politiciens de leurs appartenances idéologiques etc... . On se rappelle, et c'est tant mieux. Non sans y mettre à chaque fois une masse d'affect bien pesée. Mais c'est à l'école que nous devenons citoyen... Alors ! Que dire après cela ? Peut-être ai-je tort de choisir entre le roman et l'autobiographie ? Mais peut-être pas, en fin de compte. Car, ne parle-t'on pas de dimension romanesque, lorsque nous évoquons nos souvenirs d'antan ? Il n'y a qu'à écouter cette splendide chanson de Gilbert Bécaud, " La vente aux enchères " : " Moi qui ai des souvenirs à ne plus savoir qu'en faire. Venez assister messieurs, mesdames, à ma vente aux enchères ".

Par Laguerre Philippe
Chez Les Editions du Net

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Genre

Littérature française

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Avant-Propos

 

En guise d’ouverture du second tome, je m’autoriserai un bref laïus sur une notion littéraire : Le Gabionnage. Sorte de pratique qui passe par l’utilisation de grands paniers que l’on emplissait de terre, afin de mettre à couvert les soldats lors d’un siège. L’image est suffisamment forte pour servir la cause d’une transition entre deux époques d’écriture. Mais en aval, cet emprunt que vous me permettrez sans doute, s’orientera de lui-même sur l’absence de Gabionnage au sein de ce récit. Non que je puisse couvrir certaines pratiques des acteurs à ce stade. Rassemblés, ils apparaissent disparates et presque hétérogènes dans ce qu’ils ont à apporter à cette œuvre.

Comme il est fondamental d’appartenir initialement à ses parents, à sa langue, à sa religion, à son groupe culturel, il serait abusif de croire que ces mêmes augures, ces contextes d’appartenances, puissent nous offrir l’asile loin de nos défauts originels.

L’avantage des mères est qu’on leur appartient quand on est enfant, ce qui nous permet plus tard de devenir autonome et de les quitter. Fort heureusement, il préexiste toujours en amont un gabionnage d’êtres, susceptibles de voler à notre secours en cas de besoin. Ces mains tendues dans notre parcours semé d’embûches nous permettent d’y voir plus clair lorsque notre sens du dialogue, notre diplomatie s’égarent sur le terrain de la fierté et de la rancœur.

Il ne faut jamais oublier que la fonction maternelle qui nous a donné le jour, nous a conforté déjà et depuis notre naissance, à l’apprentissage du souvenir. Nous avons aimé ou détesté, recueilli des enseignements de nos erreurs commises, mais nous en avons gardé le ressenti. Nous en avons oublié les mots durs, les échanges houleux.

L’aigreur nous a parfois gagné, mais nous nous sommes souvent penché sur nos ennemis, comme le fit jadis la plus tendre des mères au regard des vicissitudes de sa progéniture et nous avons pardonné. Nous possédons dès à présent le pouvoir de tendre la main. Regardons-nous : Le sentiment est tout, les noms ne sont que du bruit.

 

 

G.

Geneviève

Elle entrouvre ses grands bras pour me faire une place dans son lit. Je me blottis contre sa poitrine et nous dormons du sommeil du juste. Ma sœur de cœur et de sang porte en son âme, la douceur et la vigilance d’une mère depuis sa plus tendre enfance. Nombreuses furent les fois où, emporté par les spasmes de mon asthme chronique, je n’arrivais à trouver le sommeil. Elle restait assise près de moi. Par des gestes simples et attendrissants, elle me montrait les rudiments de la respiration assistée.

S’il est des rêves que l’on ne peut expliquer que par l’intervention d’un ouvrage approprié, ou d’un ami qui voudrait bien se faire passer pour ce qu’il n’est pas, La nature a très souvent conviée à sa table des êtres simples qui ne demandent qu’à être aimés pour ce qu’ils sont.

Très jeune, aussi loin que je puisse l’affirmer, ma sœur a toujours été pour moi la franchise, la modestie incarnée. Devrais-je ajouter la simplicité qui, depuis sa plus tendre enfance, lui fit demander à sa mère, après le repas, d’avoir la possibilité d’aller au Dodo aussi sec ?

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21/09/2015 240 pages 16,00 €
Scannez le code barre 9782312037929
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