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Littérature française
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Avant-Propos
En guise d’ouverture du second tome, je m’autoriserai un bref laïus sur une notion littéraire : Le Gabionnage. Sorte de pratique qui passe par l’utilisation de grands paniers que l’on emplissait de terre, afin de mettre à couvert les soldats lors d’un siège. L’image est suffisamment forte pour servir la cause d’une transition entre deux époques d’écriture. Mais en aval, cet emprunt que vous me permettrez sans doute, s’orientera de lui-même sur l’absence de Gabionnage au sein de ce récit. Non que je puisse couvrir certaines pratiques des acteurs à ce stade. Rassemblés, ils apparaissent disparates et presque hétérogènes dans ce qu’ils ont à apporter à cette œuvre.
Comme il est fondamental d’appartenir initialement à ses parents, à sa langue, à sa religion, à son groupe culturel, il serait abusif de croire que ces mêmes augures, ces contextes d’appartenances, puissent nous offrir l’asile loin de nos défauts originels.
L’avantage des mères est qu’on leur appartient quand on est enfant, ce qui nous permet plus tard de devenir autonome et de les quitter. Fort heureusement, il préexiste toujours en amont un gabionnage d’êtres, susceptibles de voler à notre secours en cas de besoin. Ces mains tendues dans notre parcours semé d’embûches nous permettent d’y voir plus clair lorsque notre sens du dialogue, notre diplomatie s’égarent sur le terrain de la fierté et de la rancœur.
Il ne faut jamais oublier que la fonction maternelle qui nous a donné le jour, nous a conforté déjà et depuis notre naissance, à l’apprentissage du souvenir. Nous avons aimé ou détesté, recueilli des enseignements de nos erreurs commises, mais nous en avons gardé le ressenti. Nous en avons oublié les mots durs, les échanges houleux.
L’aigreur nous a parfois gagné, mais nous nous sommes souvent penché sur nos ennemis, comme le fit jadis la plus tendre des mères au regard des vicissitudes de sa progéniture et nous avons pardonné. Nous possédons dès à présent le pouvoir de tendre la main. Regardons-nous : Le sentiment est tout, les noms ne sont que du bruit.
G.
Geneviève
Elle entrouvre ses grands bras pour me faire une place dans son lit. Je me blottis contre sa poitrine et nous dormons du sommeil du juste. Ma sœur de cœur et de sang porte en son âme, la douceur et la vigilance d’une mère depuis sa plus tendre enfance. Nombreuses furent les fois où, emporté par les spasmes de mon asthme chronique, je n’arrivais à trouver le sommeil. Elle restait assise près de moi. Par des gestes simples et attendrissants, elle me montrait les rudiments de la respiration assistée.
S’il est des rêves que l’on ne peut expliquer que par l’intervention d’un ouvrage approprié, ou d’un ami qui voudrait bien se faire passer pour ce qu’il n’est pas, La nature a très souvent conviée à sa table des êtres simples qui ne demandent qu’à être aimés pour ce qu’ils sont.
Très jeune, aussi loin que je puisse l’affirmer, ma sœur a toujours été pour moi la franchise, la modestie incarnée. Devrais-je ajouter la simplicité qui, depuis sa plus tendre enfance, lui fit demander à sa mère, après le repas, d’avoir la possibilité d’aller au Dodo aussi sec ?
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