#Essais

Adolescences... Rencontre du féminin

Serge Lesourd

En partant de ce qui s'origine dans la petite enfance et de son expérience clinique de vingt ans avec des adolescents et des adultes, l'auteur définit les opérations psychiques qui permettent le passage chez ceux, garçons ou filles, qui accèdent pour la première fois à la sexualité adulte. Ce temps, plus logique que chronologique même s'il s'ancre dans la transformation pubertaire du corps, ouvre sur une rencontre nouvelle avec le plus radicalement différent : l'autre sexe. Affronter la bisexualité psychique inhérente à l'être humain est la caractéristique de ce temps de passage dans la découverte du féminin en soi, pour le garçon comme pour la fille. Se posent alors pour l'adolescent des questions sur l'amour, l'identité, la jouissance, qu'il est amené à résoudre à partir de sa place, symbolique et sociale, nouvelle, d'homme ou de femme, à la fois sujet et être social dans l'inconscient et les rôles sociaux.

Par Serge Lesourd
Chez Erès

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Editeur

Erès

Genre

Psychologie, psychanalyse

 

 

 

 

 

 

Avant-propos

 

 

 

Le texte de cette réédition est, à quelques corrections de français près, identique à celui paru initialement en 1994. Par contre j’y indique par des notes de bas de page les points où les avancées ultérieures de mes recherches, dans ma thèse de 3e cycle intitulée De l’Autre maternel à la construction du féminin : le dévoilement adolescent, puis dans divers articles publiés par ailleurs, ont modifié certains points de vue ou certaines imperfections.

La thèse centrale de l’ouvrage, la rencontre par l’adolescent de cette part de lui-même ignorée dans son enfance, le féminin, reste plus que jamais d’actualité, et je n’ai aujourd’hui rien à y ajouter. En revanche, la partie clinique de l’ouvrage ne prend pas complètement en compte les dernières évolutions de la clinique mouvante de l’adolescence, liée aux évolutions du monde moderne dans lesquels ils doivent trouver une place. L’adolescence, en effet, du fait de son lien intime avec l’évolution des signifiants et des discours qui organisent le lien social, change avec eux, au moins dans son expression psychopathologique. La partie clinique souffre ainsi de cette ancienneté d’écriture. Les comportements des jeunes, dans les dix dernières années, ont été marqués par les événements mondiaux qui ont affecté les rapports humains :

La « violence » de la jeunesse, dont les médias et aujourd’hui les politiques nous rebattent les oreilles, et les incivilités des jeunes qui créent le climat « d’insécurité » propice à tous les retours « d’ordre » que l’on voit fleurir dans les vieilles démocraties européennes, sont alors à comprendre comme une réponse à la frilosité des adultes pour tenir une place différenciée de celles des jeunes, une place marquée par la castration et donc par l’acceptation du féminin, cet étranger en nous qui devrait être le lot des adultes.

Malgré les manques liés à cette évolution de la clinique, il m’a semblé intéressant de proposer au lecteur cette nouvelle édition sans changements fondamentaux du texte original, car la thèse centrale de l’ouvrage : la rencontre du féminin à l’adolescence comme part nouvelle du psychisme pour le sujet, reste bien le cœur des problématiques de l’adolescent confronté à la réalisation sexuelle en acte, même si leurs formes sont devenues plus radicales ces dix dernières années.

À l’adolescence le sujet, quel que soit son sexe biologique, doit sortir de l’organisation infantile de la sexualité qui est régie par un seul principe : la libido d’essence mâle. L’acte sexuel oblige chacun à s’affronter à la réalité des deux sexes, et donc à rencontrer pour lui-même le continent noir de l’Autre sexe. Le féminin reste en effet mystérieux car il est inscrit hors de la construction inconsciente psychique, hors de la sexuation infantile. Le pubertaire, tel que le définit P. Gutton, est le temps de rencontre avec cette part ignorée de l’infantile dans laquelle se dévoilent les différentes figures du manque avec lequel devra faire l’adulte : le manque dans le symbolique de l’absence de vérité absolue, le manque imaginaire de l’impossible possession du Phallus en son nom propre, le manque réel de l’inexistence du rapport sexuel. La pathologie est alors celle de la défense contre ces découvertes du sujet. Le juvénile, deuxième temps de l’adolescence, est le lieu et le temps où se construit, dans le meilleur des cas, une rencontre avec cette part subjective de lui-même, située au-delà de la borne phallique et qui évoque pour chacun les traces archaïques de la chair d’avant la séparation entre le sujet et son objet, la chair de la jouissance.

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05/02/2009 238 pages 10,50 €
Scannez le code barre 9782749210278
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