#Roman francophone

Amour dans une vallée enchantée

Anyi Wang

Une jeune femme, lasse de son mariage, rencontre lors d'un colloque à Lushan un écrivain célèbre. Un homme mystérieux et taciturne vers lequel elle se sent d'emblée attirée. Là, dans ce paysage de montagnes et de pins noyés dans le brouillard, ils communieront dans un amour secret, presque dénué de mots et de contact physique. Le roman de Wang Anyi a la beauté de ces peintures chinoises où le trait à l'encre noire s'appuie sur le vide pour suggérer l'élan de la vie et des sentiments ; elle y dépeint ce moment suspendu où le coeur s'accorde parfaitement au paysage et y puise dans le silence la confirmation de son idéal. Dans cette montagne coupée de falaises et de gorges profondes, près de l'eau qui cascade en chutes, sous les nuages qui jouent avec la lune, la jeune femme se sent transformée, libérée, son coeur déborde de vitalité, tout lui paraît possible. Nul ne saura jamais la part d'imaginaire et de réel dans cette flambée de passion attisée par les enchantements de la vallée.

Par Anyi Wang
Chez Philippe Picquier

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Genre

Poches Littérature internation

Avant-propos

 

 

 

L’histoire d’une brève rencontre, à la faveur d’un congrès, dans une des montagnes les plus célèbres de Chine, chantée par les plus grands poètes et immortalisée par les plus grands peintres, ainsi pourrait se résumer ce roman.

Mais c’est bien plus que cela.

Wang Anyi nous l’apprend dans une préface donnée en 2001 à l’édition des Trois Amours, enfin réunis pour la première fois en Chine même, près de quinze ans après la première publication. Elle s’est fixé pour tâche le récit « d’une relation homme-femme fondée sur une seule personne, une relation abstraite qui se nourrit entièrement de son propre intellect et de ses propres émotions ».

On l’aura compris, le personnage central est celui de la femme, à la fois protagoniste, narratrice et interprète des émotions et des sentiments de l’homme. D’abord décrite dans sa vie quotidienne étriquée entre un travail monotone et une vie conjugale qui a sombré dans l’indifférence, cette femme, rédactrice dans une revue littéraire, est envoyée en mission à un colloque d’écrivains à Lushan. Cette mission doit être considérée comme une récompense pour un travail assidu et respectueux des normes politiques établies.

Dans la Chine des années 1980 où le tourisme est encore balbutiant, cette femme qui semble n’avoir jamais quitté Shanghai se voit offrir une échappée de dix jours en montagne. Le lecteur ne doit pas s’imaginer une montagne sauvage. Elle est depuis longtemps aménagée en lieu de villégiature où les riches Shanghaiens, puis les dignitaires du régime, peuvent fuir la fournaise de l’été dans le Sud. Dominant le Yangtsé et le lac Poyang de près de quinze cents mètres, elle dresse ses fameux Cinq Vieillards, ses sommets si souvent reproduits par les peintres, noyés dans les nuages et le brouillard. Les sites aux noms évocateurs, Grotte des Immortels, Rocher à Tête de Dragon, Étang du Dragon noir, sont ornés de calligraphies, de poèmes et d’inscriptions, œuvres de lettrés, de poètes et même d’empereurs, qui font de cette montagne un lieu de culture.

Pendant ce séjour hors du temps, hors du monde, favorisée par les excursions, les colloques et les bals, une intrigue va s’esquisser entre notre héroïne et un romancier célèbre. La montagne, avec ses paysages de rochers, de gorges profondes, d’impressionnantes chutes d’eau et ses nuées de brouillard, va servir d’entremetteuse pour rapprocher les deux personnages. Comme un peintre, Wang Anyi décrit les paysages en contrepoint à la progression des sentiments. L’amour restera cependant platonique, car « ils comprennent que l’espoir est plus beau que la réalité, que l’espoir réalisé perd toute saveur ».

Les deux autres romans de la trilogie, Amour dans une petite ville et Amour sur une colline dénudée, avaient été vivement critiqués pour avoir osé aborder les problèmes du sexe et de l’adultère, sujets jusqu’alors interdits. Ce troisième roman, le plus fin, mais aussi le plus pudique dans sa description d’un adultère rêvé, a lui aussi subi les foudres des censeurs pour avoir osé présenter une femme qui se libère, pendant une brève parenthèse, du carcan des convenances sans avoir à en souffrir. L’auteur, qui se défend d’être féministe, expose là une certaine conception de la liberté de la femme.

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trad. Yvonne André
25/01/2011 168 pages 6,60 €
Scannez le code barre 9782809702439
9782809702439
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