À mes parents, à ma sœur.
À toutes les victimes de l’ignorance et de l’homophobie.
Avant-propos
En 2017, au moment où j’écris ces lignes, vingt-deux États dans le monde autorisent le mariage entre personnes de même sexe. La reconnaissance de cette égalité de droits entre personnes gays, lesbiennes, bisexuelles, transgenres, transsexuelles et hétérosexuelles peut sembler une évidence pour beaucoup. Pourtant, elle reste une exception. Les personnes non hétérosexuelles font encore face à des discriminations, à du harcèlement scolaire et à des agressions verbales et physiques dans de nombreux pays. Certains États ne considèrent pas seulement l’homosexualité comme un tabou ou un sujet de raillerie, mais ils la criminalisent également lourdement.
J’ai moi-même fait face à la question de la légalité de mes propos sur le sujet de l’homosexualité en exerçant mon métier d’écrivaine. J’écris, en effet, principalement à destination de la jeunesse, des albums documentaires et des scénarios de bande dessinée qui racontent et expliquent la vie des animaux, des plantes et de la nature en général. L’un de mes livres s’intitule La vie amoureuse des animaux[1]. J’y explique notamment à quoi sert la sexualité dans la nature, comment les animaux se séduisent, se reproduisent et s’occupent de leurs petits. L’un des objectifs de cet ouvrage est de permettre aux jeunes lecteurs de dépasser le stéréotype courant sur les animaux selon lequel les mâles seraient des séducteurs, tandis que les femelles s’occuperaient patiemment de leurs petits. Car la nature est bien plus complexe, variée et inventive que cela, et l’on trouve aussi des femelles séductrices et des papas poules.
Je suis souvent invitée en France et à l’étranger pour animer des rencontres auprès d’enfants autour de mes livres, lors de festivals et de salons. Après la sortie de La vie amoureuse des animaux, j’ai été accueillie au Maroc, pays dans lequel l’homosexualité est considérée comme un crime passible de prison. Après avoir réfléchi et discuté avec les personnes en charge de la manifestation, nous avons décidé de passer cette question sous silence, car le sujet était trop sensible pour être présenté dans ce pays. De plus, nous nous exposions peut-être à des sanctions judiciaires en affirmant que l’homosexualité existe dans la nature quand le code pénal du pays punit de prison et d’amende « les actes licencieux ou contre nature avec un individu du même sexe ». Dans certains pays comme l’Arabie Saoudite, la Mauritanie, le Soudan, l’Iran et d’autres encore, l’homosexualité est même passible de la peine de mort. À l’heure même où j’écris, des homosexuels sont arrêtés, torturés, emprisonnés et assassinés par l’État en Tchétchénie. La raison première et régulièrement invoquée pour qualifier l’homosexualité de criminelle est qu’elle serait contre nature. Cette affirmation se retrouve souvent dans la bouche de l’homme de la rue. Pire, elle inonde les discours des religieux fondamentalistes de toute obédience et sert de socle idéologique aux mouvements tels que la Manif pour tous et tant d’autres organisations homophobes de par le monde. Comme nous venons de le voir, la qualification contre nature de l’homosexualité est même inscrite dans les codes pénaux de certains pays.
Extraits
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