#Essais

Autodictionnaire Voltaire

André Versaille

Nous voici conviés à une promenade en compagnie d'un des esprits les plus vifs et percutants que la France ait connus. Véritable intellectuel au sens moderne du terme, Voltaire a abordé tous les domaines du savoir, de la société, de la religion, de la politique, de la langue. Ce touche-à-tout de génie a jugé et commenté son époque avec un souci de clarté et de pédagogie. Par ailleurs, sa lutte (contre le fanatisme religieux qui va jusqu'à infecter la justice, et pour l'instauration de la tolérance) reste d'actualité : elle est au coeur des combats actuels. André Versaille, à qui l'on doit un Dictionnaire de la pensée de Voltaire par lui-même qui fit date, était le mieux placé pour organiser la pensée de ce géant des Lumières selon le principe de l'Autodictionnaire : s'il a créé les entrées conceptuelles (Despotisme, Fanatisme, Intolérance, Religion...); objets de débats (Arabes, Esclavage, Homosexualité, juifs, Mahomet, Race) ; ou inattendues (Anthropophages, Castration, Cul, Droit de cuissage, Impuissance, Merde...) -, toutes les définitions sont de Voltaire, puisées dans son oeuvre colossale et sa correspondance. Une longue préface-essai d'André Versaille éclaire cet autoportrait intellectuel, qui est aussi celui de son époque.

Par André Versaille
Chez Presses de la Cité

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Genre

Critique littéraire

Préface inutile

 

 

 

Chère lectrice,

Cher lecteur,

 

À un quidam qui lui demandait quel livre il pourrait lire pour connaître Voltaire, Sacha Guitry répondit : « Lisez-donc Voltaire ! » Au XIXe siècle, Barbey d’Aurevilly, rendant compte de la publication par les éditions Garnier des Œuvresde Diderot précédées d’une « Notice » de Jules Assézat, écrivit : « Je ne connais pas

M. Assézat. Il y a comme cela de par le monde de la librairie des messieurs dont la fonction est de faire des notices sur les livres et qui sautent ainsi sur les épaules des auteurs connus pour qu’on les voie. Je ne demande pas mieux que de les regarder et même je n’ai rien à dire à ces grimpeurs, s’ils ont quelque chose à me montrer… qui ne soit pas ce que les singes montrent ordinairement quand ils grimpent… »

 

Après avoir lu ces lignes, vous aurez compris, chère lectrice, et vous aussi cher lecteur, pourquoi, ayant composé le corps de cet Autodictionnaire, je renâcle à m’atteler à une quelconque présentation. Je ne suis pas hostile aux préfaces, j’en reconnais l’intérêt dans le cas de l’édition de certaines œuvres qui nécessitent des éclaircissements pour être vraiment saisies, mais dans cet Autodictionnaire, elle est parfaitement inutile. (Sans compter que je ne me sens pas trop d’écrire à côté de Voltaire : c’est un peu comme si on me priait de chanter en duo avec la Callas…)

Pourquoi inutile ? Tout simplement parce que les fragments ici rassemblés, organisés alphabétiquement, sont par définition décontextualisés. Mais ce qui pourrait être une infirmité s’avère ici très heureux.

Je vous explique : lorsqu’on lit un classique, on le lit comme un « classique », c’est-à-dire comme une œuvre du passé. Non pas une œuvre dépassée, mais enfin, une œuvre qui ne s’apprécie totalement que remise dans le contexte de son époque. Or, en lisant le volume que vous avez entre les mains, vous vous rendrez compte à quel point Voltaire est de plain-pied avec nous dans sa manière d’aborder les sujets qu’il traite. Oui, du  fait de la décontextualisation, nous perdons de vue l’âge de ces écrits qui du coup acquièrent une actualité inattendue.

Je vous donne un exemple. Vous trouverez plusieurs entrées concernant la justice infectée par le fanatisme religieux. C’est le grand combat de Voltaire : l’humanisation de la justice par sa laïcisation. Que nous dit le philosophe ? Premièrement, qu’il faut radicalement séparer le péché du crime : vous avez commis un acte délictueux, vous avez des comptes à rendre à la justice et vous êtes passible d’une peine ; vous avez commis un péché, vous irez certainement en enfer, mais cela ne regarde que vous et votre Créateur, non la société et encore moins la justice (Dieu jugera lui-même le pécheur, et il y aurait bien de l’orgueil à vouloir se substituer à Lui). Deuxièmement, qu’il faut que les peines soient proportionnelles aux délits : Voltaire donne l’exemple d’une jeune servante pendue pour avoir volé dix-huit mouchoirs à sa maîtresse qui ne lui payait pas ses gages…

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17/10/2013 630 pages 28,00 €
Scannez le code barre 9782258100619
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