#Polar

Avant d'aller dormir

S. J. Watson

À la suite d'un accident survenu une vingtaine d'années plus tôt, Christine est affectée d'un cas très rare d'amnésie : chaque matin, elle se réveille en croyant être une jeune étudiante célibataire ayant la vie devant elle, avant de découvrir à sa grande surprise qu'elle a en fait 47 ans et qu'elle est mariée depuis plus de vingt ans. Tous les traitements ayant jusque-là échoué, son dernier espoir réside dans son nouveau neuropsychologue, Ed Nash. Celui-ci lui a conseillé de tenir un journal intime pour l'aider à se remémorer son quotidien et ainsi rassembler peu à peu les fils de son existence. Quand Christine commence à constater de curieuses incohérences entre son journal, ce que lui dit son entourage et ses rares souvenirs, elle est loin de se douter dans quel engrenage elle va basculer. Très vite, elle va devoir remettre en question ses rares certitudes afin de faire la vérité sur son passé... et sur son présent. Ne le dis à personne, d'Harlan Coben, Shutter Island, de Dennis Lehane, Tokyo, de Mo Hayder... Il est des livres dont la publication marque irrémédiablement le genre et hisse leur auteur au rang des incontournables du polar. Gageons qu'Avant d'aller dormir, premier roman de S J Watson, va aller rejoindre ce cercle très fermé. Avec une héroïne à laquelle on s'attache instantanément, un récit à la construction aussi machiavélique qu'époustouflante et un suspense de tous les instants, une seule question hante l'esprit du lecteur une fois la dernière page refermée : à quand le prochain Watson ? Les éditeurs évoquent souvent " un livre qu'on ne peut pas lâcher ". Voici un livre qu'on ne peut véritablement pas lâcher !

Par S. J. Watson
Chez Sonatine

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Editeur

Sonatine

Genre

Policiers

La chambre à coucher est étrange. Inconnue. Je ne sais pas où je me trouve, ni comment je suis arrivée ici. Je ne sais pas comment je vais rentrer à la maison.

J'ai passé la nuit ici. J'ai été réveillée par une voix de femme - au début, j'ai cru qu'elle était dans le lit avec moi, puis j'ai compris qu'elle donnait des infor­mations, qu'elle sortait d'un radio-réveil - et, quand j'ai ouvert les yeux, je me suis découverte ici. Dans cette chambre que je ne connais pas.

Mes yeux s'habituent à la pénombre et je l'explore du regard. Une robe de chambre est suspendue à la porte d'une armoire - une robe de chambre de femme, mais d'une femme bien plus âgée que moi - et un pantalon bleu marine est soigneusement plié sur le dos d'une chaise devant la coiffeuse, mais je ne par­viens pas à distinguer d'autres choses. Le réveil a l'air sophistiqué, mais je trouve le bouton qui a des chances de l'éteindre. Effectivement.

C'est alors que j'entends la vibration d'une inspi­ration derrière moi, et je me rends compte que je ne suis pas seule. Je me retourne. Je vois un morceau de peau et des cheveux noirs, parsemés de gris. Un homme. Son bras gauche est posé sur la couverture et une alliance en or entoure l'annulaire de sa main gauche. Je réprime un grognement. Celui-ci est non seulement vieux et grisonnant, me dis-je, mais en plus il est marié. Non seulement j'ai couché avec un homme marié, mais en plus j'ai fait ça chez lui, on dirait, dans le lit qu'il doit partager d'habitude avec sa femme. Je m'allonge à nouveau pour reprendre mes esprits. Je devrais avoir honte.

Je me demande où se trouve la femme. Faut-il que je m'inquiète de la voir arriver d'un moment à l'autre ? Je l'imagine, plantée à l'autre bout de la pièce, en train de hurler, de me traiter de traînée. Horrible méduse coiffée de serpents venimeux. Je me demande comment je vais me défendre, si elle débarque, ou même si je le peux. Le type dans le lit ne paraît pas très inquiet, pourtant. Il s'est retourné et il continue à ronfler.

Je reste aussi immobile que possible. Généralement, je parviens à me rappeler comment je me mets dans des situations pareilles, mais pas aujourd'hui. Il y a dû y avoir une fête, ou une sortie dans un bar ou dans une boîte. J'ai dû pas mal picoler. Au point que je ne me souviens plus de rien. Au point d'être rentrée avec un homme qui a une alliance au doigt et des poils dans le dos.

Je replie les couvertures aussi doucement que je le peux et m'assois au bord du lit. D'abord, il faut que j'aille aux toilettes. J'ignore les pantoufles posées à mes pieds - après tout, se faire sauter par le mari est une chose, mais je ne pourrais jamais enfiler les chaus­sures d'une autre femme - et j'avance à pas de loup jusqu'au palier. Je me rends compte que je suis nue, et j'ai peur de choisir la mauvaise porte, de tomber par hasard sur un locataire, un fils adolescent. Soulagée, je vois que la porte de la salle de bains est entrouverte et j'entre, et puis je la verrouille derrière moi.

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trad. Sophie Aslanides
05/05/2011 400 pages 21,00 €
Scannez le code barre 9782355840654
9782355840654
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