#Roman jeunesse

Comme un feu de brousse

Marie-Hélène de Cherisey

Une histoire vraie qui bouleversera les jeunes lecteurs ! L'histoire de Joseph Karanja au Kenya qui va mettre en place, pour la première fois dans son pays des élections libres. Un bel hommage à la démocratie. L'auteur, lors de son tour du monde avec ses 5 enfants, l'a rencontré et raconte son histoire. Le portrait d'une personne qui, à sa façon, change le mondeUn texte fort qui sensibilisera les enfants d'aujourd'hui aux problèmes du monde qui les entoure.

Par Marie-Hélène de Cherisey
Chez Fleurus

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Editeur

Fleurus

Genre

Lecture 9-12 ans

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 1

 

 

 

Kitale, 1977

 

− Cocorico ! Cocorico ! Cocorico ! COCORICO !

 

Le cri du coq traverse mon corps, comme une décharge électrique. Je me réveille en sursaut. Le soleil passe déjà à travers les trous du toit !

Pris de panique, je bondis. Je n’ai pas une seconde à perdre ! J’enjambe les corps de papa, maman, Dan et Rosy, qui dorment encore sur des nattes posées à même le sol, serrés les uns contre les autres. Je me rue dans la cour, en attrapant au passage les deux bidons posés près de la porte.

L’odeur saisissante des toilettes m’arrête net. Je bloque ma respiration et passe sous les cordes à linge. Je cours à toute allure dans la rue en terre, couverte de papiers et de plastiques oubliés. J’évite les flaques d’eau noire des égouts et les objets dangereux qui pourraient me couper les pieds. Je cours, je cours. Les deux jerricans vides, trop grands pour moi, tapent régulièrement mes jambes sales. Je tourne à droite, à bout de souffle. D’autres enfants arrivent de partout, par les allées de côté. Je puise dans mes dernières forces pour cette course sans pitié, essayant de gagner du terrain sur mes concurrents.

« Est-ce que je vais arriver à temps ? »

Au prochain croisement, je serai fixé. Mon cœur bat si fort que j’ai l’impression qu’il va exploser. Ma gorge est en feu ! Encore quelques secondes… Je n’ose pas regarder. Je m’arrête, coupé brutalement dans mon élan.

« Trop tard ! »

Je suis arrivé trop tard ! Je regarde, assommé : ils sont déjà des dizaines, des grands en plus, à faire la queue devant le robinet, comme des mouches collées à un pot de confiture. Un seul robinet rouillé, avec un morceau de tuyau bleu accroché, pour remplir les bidons de tout le monde. Et nous sommes plus de mille ! Il y en a pour des heures d’attente…

Jomo, une profonde cicatrice en travers de la joue et un bouc sur le menton, me bouscule et me passe devant, sûr de lui.

− Pousse-toi, p’tit, tu vois pas qu’tu gênes !

Cela ne sert à rien de protester. Personne n’est là pour faire respecter l’ordre. Les plus forts passent devant. Avec mes huit ans, je n’ai aucune chance. Je n’ai plus qu’à revenir sur mes pas.

Je repars, le cœur lourd.

« Bam, bam ! » résonnent tristement les bidons en accompagnant ma marche.

Je déteste ce bruit creux du plastique !

Je pleure, furieux d’être encore trop petit. Je ne peux supporter l’idée de rentrer sans rien et d’avoir à annoncer à maman : « Je n’ai pas d’eau ! »

Qu’allons-nous boire ? Comment allons-nous nous laver ? Nettoyer la maison et nos vêtements ? Toutes ces questions se bousculent dans ma tête. Sans eau, je ne le sais que trop bien, la vie s’arrête.

 

Fier d’être l’aîné, j’ai insisté hier soir pour faire cette corvée. C’est toujours maman qui s’en occupe et cela me faisait plaisir qu’elle se repose.

Maman a répondu gentiment :

− Tu es encore trop jeune, Tom !

Je me suis défendu.

− Vous dites toujours ça ! Il faut bien que je commence un jour. Ernest, ses parents l’ont laissé essayer. En se levant très tôt, il y est arrivé !

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10/11/2011 138 pages 8,90 €
Scannez le code barre 9782215098119
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