#Polar

Le Corps noir

Dominique Manotti

Entre le débarquement des Alliés et la libération de Paris, deux mois et demi s'écoulent. La SS allemande - le "corps noir" - et la Gestapo française règnent encore. Dans leur sillage, industriels, banquiers et artistes s'enrichissent et mènent une vie de plaisir. Mais les plus perspicaces sentent le vent tourner... Ce roman peint ceux qui perdent, ceux qui s'en sortent, et ceux qui se retrouvent toujours, quoi qu'il arrive, dans le camp des vainqueurs. Dominique Manotti est l'une des voix majeures du roman noir français. Traduite dans dix langues, elle a écrit une quinzaine de romans, parmi lesquels Sombre sentier et Le Corps noir (Points), tous couronnés par de prestigieux prix.

Par Dominique Manotti
Chez Points

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Editeur

Points

Genre

Policiers historiques

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Au moment où commence ce roman, au printemps 44, la France, vaincue en juin 40, est occupée par l’armée allemande. Le chef de l’État français, le maréchal Pétain, a signé un armistice avec le IIIe Reich, et son gouvernement, dirigé par Pierre Laval, collabore avec les forces d’occupation. Les services de police français sont étroitement surveillés par les Allemands, dont ils doivent appliquer les directives, mais ils ont gardé leur autonomie, et c’est sous la responsabilité du gouvernement français qu’ils maintiennent l’ordre, exécutent les ordres de la puissance occupante, appliquent les lois françaises contre les communistes, les juifs et les francs-maçons, et pourchassent les terroristes.

La responsabilité de l’occupation de la France a été d’abord assumée par la Wehrmacht (armée de terre, uniforme « vert-de-gris ») et son service de sécurité, l’Abwehr. Mais, dès les premiers jours de l’été 40, la SS cherche à supplanter la Wehrmacht sur ce territoire.

A l’origine, dans les années 20, la SS (qu’on appelle « le corps noir » en raison de la couleur de son uniforme) est la milice privée du parti nazi. Chaque SS prête un serment personnel de fidélité à Hitler, jusqu’à la mort. A partir de la prise du pouvoir par Hitler, et surtout à partir de 1938, la SS absorbe et intègre tous les services de sécurité intérieure de l’État allemand, dont la fameuse Gestapo, mais aurait dû n’avoir aucune responsabilité dans la gestion des pays conquis, qui relève théoriquement de l’armée.

En fait, à partir d’avril 42, c’est la SS qui prend le contrôle de l’occupation en France, sous le commandement du général de police Oberg. En février 44, l’Abwehr est dissoute, et ses services intégrés dans la SS.

La rivalité entre les « vert-de-gris » et les « noirs » est aussi une rivalité sociale. Les cadres de la Wehrmacht sont restés profondément marqués par l’ancienne aristocratie prussienne. La SS rassemble et fanatise les couches moyennes et populaires autour d’un idéal nazi, raciste et égalitaire.

En France, le SD, service de sécurité de la SS, recrute de nombreux auxiliaires français qui ont droit au « carton », carte d’identité professionnelle de la Gestapo, et, pour certains de leurs chefs, à des grades et des uniformes SS.

En 1944, il y a en France 1 800 Allemands membres de la Gestapo et 30 000 auxiliaires gestapistes français.

L’album de photos est là, sur la table, recouvert d’un cuir rouge sombre, moelleux au toucher, un peu éraflé, les charnières fatiguées, les coins usés. Sur la couverture, trois noms gravés en lettres dorées : François, Jeanne, Isabelle. Il faut l’ouvrir précautionneusement, tant il a été feuilleté. Pages de papier épais, rigide, gris foncé, qu’on tourne une à une et sur lesquelles ont été collées de petites photos rectangulaires, brillantes, à bords blancs crantés. Certaines ont jauni plus que d’autres, et parfois le brillant s’écaille. Une belle écriture ferme, à la plume, mentionne ici ou là un nom, un lieu, une date. Encre noire, passée, sur fond gris, peu lisible avec le temps.

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11/03/2022 288 pages 7,50 €
Scannez le code barre 9782757892299
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