#Essais

Correspondance 1920-1931

Stefan Zweig

Ces lettres sont échangées alors que Stefan Zweig est consacré dans le monde entier comme un grand écrivain. C'est aussi l'époque de la maturité personnelle. On y trouve exprimées les satisfactions de l'homme à qui tout réussit, et la lassitude de celui à qui la vie semble échapper, qui accepte douloureusement ce qu'il considère comme le passage d'une jeunesse non vécue à une vieillesse subie... Parmi les interlocuteurs de Zweig, on trouve les plus grands esprits de son temps - Romain Rolland, à qui le lie une amitié fidèle, Gorki, Freud, ainsi que des éditeurs, des peintres, des musiciens, jeunes gens voulant entrer en littérature ou hommes de lettres européens... Stefan Zweig, doué d'une pensée politique d'une clairvoyance et d'une hauteur de vue rares, s'entretient avec ses correspondants de la construction européenne, des risques et des conflits liés à l'engagement des intellectuels, de son rapport au judaïsme, de sa position complexe sur les Etats-Unis et la Russie soviétique - qui le fascine et le choque à la fois -, de sa peur de l'antisémitisme, de pacifisme, mais aussi de problèmes monétaires ou économiques... On voit ici un homme de convictions aux prises avec son temps. Un témoignage exceptionnel dans cette période si riche de l'histoire mondiale.

Par Stefan Zweig
Chez Grasset & Fasquelle

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Genre

Critique littéraire

 

Salzbourg, 3 janvier 1920
 
Cher Julius Bab,
Merci beaucoup pour votre aimable et longue lettre, et, je vous prie, n’hésitez pas à traduire quelques poèmes, car l’édition de Verlaine2 qui avant‑guerre n’était qu’un projet purement littéraire est désormais devenue un manifeste. Les écrivains allemands pourront montrer par leur unitéque pour eux, la guerre de l’esprit n’existe pas, et je ne voudrais pas voir notre nom absent là où les meilleurs — Rilke, Werfel3, Dehmel4, Hasenclever5, Eulenberg6 e tutti quanti — seront représentés. Vous trouverez certainement quelque chose qui fera avancer l’entreprise et me réjouira du même coup.
C’est avec la plus grande joie que je salue votre désir de prendre part à la Bibliotheca mundi7, même si votre proposition de contribution sur Goethe ne peut malheureusement pas entrer en ligne de compte. On a d’ores et déjà arrêté sur ce point une forme si singulière et définitive que vous en serez vous‑même étonné, mais il reste bien d’autres possibilités, et je me permettrai bientôt de vous adresser une proposition. Je sais parfaitement la valeur et la fiabilité de votre sensibilité lyrique, et vous êtes depuis longtemps sur la liste des collaborateurs principaux.
Oui, cela me désole de ne pas vous avoir vu à Berlin, et je vous ai particulièrement regretté lors de ma conférence1. A mon tour, je vous ferai bientôt parvenir un livre, cette longue étude différée depuis des années, Balzac, Dickens, Dostoïevski, dans laquelle j’essaie de considérer la psychologie du romancier sous un angle tout à fait novateur et ambitieux2. Vous aurez bientôt de plus amples nouvelles, pour aujourd’hui, recevez les sincères salutations de votre cordialement dévoué,

Stefan Zweig

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11/02/2003 394 pages 21,90 €
Scannez le code barre 9782246624714
9782246624714
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