Salzbourg, 3 janvier 1920
Cher Julius Bab,
Merci beaucoup pour votre aimable et longue lettre, et, je vous prie, nhésitez pas à traduire quelques poèmes, car lédition de Verlaine2 qui avant‑guerre nétait quun projet purement littéraire est désormais devenue un manifeste. Les écrivains allemands pourront montrer par leur unitéque pour eux, la guerre de lesprit nexiste pas, et je ne voudrais pas voir notre nom absent là où les meilleurs Rilke, Werfel3, Dehmel4, Hasenclever5, Eulenberg6 e tutti quanti seront représentés. Vous trouverez certainement quelque chose qui fera avancer lentreprise et me réjouira du même coup.
Cest avec la plus grande joie que je salue votre désir de prendre part à la Bibliotheca mundi7, même si votre proposition de contribution sur Goethe ne peut malheureusement pas entrer en ligne de compte. On a dores et déjà arrêté sur ce point une forme si singulière et définitive que vous en serez vous‑même étonné, mais il reste bien dautres possibilités, et je me permettrai bientôt de vous adresser une proposition. Je sais parfaitement la valeur et la fiabilité de votre sensibilité lyrique, et vous êtes depuis longtemps sur la liste des collaborateurs principaux.
Oui, cela me désole de ne pas vous avoir vu à Berlin, et je vous ai particulièrement regretté lors de ma conférence1. A mon tour, je vous ferai bientôt parvenir un livre, cette longue étude différée depuis des années, Balzac, Dickens, Dostoïevski, dans laquelle jessaie de considérer la psychologie du romancier sous un angle tout à fait novateur et ambitieux2. Vous aurez bientôt de plus amples nouvelles, pour aujourdhui, recevez les sincères salutations de votre cordialement dévoué,
Stefan Zweig
Extraits
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